22. où Jimin oscille

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Le printemps était arrivé.

Avec lui la couleur et le soleil. Avec lui l'espoir.

L'espoir d'une Libération de plus en plus réelle : on parlait d'un débarquement des pays alliés qui se préparait. RM et Suga étaient décidés à porter des coups de plus en plus lourds à l'ennemi, Hope se réjouissait d'une arrivée massive de recrues, galvanisées par la perspective d'un retournement de situation.

L'espoir de vivre un jour normalement, de nouveau, enfin.

Rire fort, courir sans se retourner, sortir à pas d'heure. S'endormir sans peur du lendemain, sans crainte de perdre quelqu'un. Vivre, dans toute la lumière du mot.

Mais au milieu de cet espoir, de ces regards brillants, Jimin se renfermait.

Pas d'espoir pour lui, qui s'était volontairement enfermé dans une situation dont il ne voyait pas l'issue. Qui sentait qu'il perdait pied, qu'il ne pourrait plus contrôler longtemps, ni lui, ni les autres.

Cela faisait trois semaines qu'il avait embrassé Jungkook, avec toute la passion, tout le désir de son corps libéré un instant.

Trois semaines qu'il s'en voulait, qu'il regrettait, malgré les mots de Yoongi, malgré les sourires inchangés, les gestes rassurants et les nuits étoilées.

Trois semaines que la vue de Jungkook lui faisait à la fois du bien et du mal, silencieusement, secrètement. Recommencer ou oublier. Sourire ou ignorer.

Alors Jimin soufflait le chaud et le froid, selon son cœur ou selon sa tête, déstabilisait complètement Jungkook, se déstabilisait lui-même encore plus.

Seul Yoongi restait paisible dans ces vagues houleuses, présent sans faille. Il les laissait faire, jouer leur propre rythme. Leur soutien à chacun.

Mais surtout, cela faisait trois semaines que Jimin voyait régulièrement ce colonel ennemi, aussi.

Trois semaines de cafés partagés, de déjeuners luxueux, de dîners intimes.

Trois semaines de discussions enjôleuses, de sourires séducteurs, de mains qui se perdaient.

Jimin savait jouer, il savait dans quoi il s'était embarqué lorsqu'il avait pris, seul, la décision de se rapprocher du colonel.

Une trop belle occasion d'infiltrer le commandement ennemi, d'écouter, de deviner, et surtout de transmettre, tout, au réseau.

Il y a trois jours, il avait commencé à comprendre que quelque chose d'important se préparait. Le colonel était à la fois impatient et stressé, attendant confirmation d'une grande nouvelle, lui avait-il finalement confié. Jimin avait pris un air candide, « quelle grande nouvelle ? », mais le colonel n'était pas idiot, il s'était contenté de sourire.

Mais finalement les bribes de conversation qu'il avait surprises en venant rendre visite au colonel dans son bureau, couplées aux écoutes effectuées grâce aux micros, avaient permis de comprendre que la visite d'un des plus hauts dignitaires de l'armée ennemie se préparait. Pas un simple officier affecté au territoire, non, beaucoup plus haut, un des généraux de l'armée.

Suga en était tout exalté, RM tout paniqué. Mais Jimin savait qu'ils n'allaient pas laisser cette information sans conséquences, quelque chose de grand se préparait de leur côté aussi.

On lui avait demandé de redoubler d'attention, de présence auprès du colonel, et l'étau commençait lentement à se refermer autour de Jimin.

En soi, discuter avec le colonel n'était pas désagréable. Les badinages, les conversations légères étaient même plutôt agréables, ainsi que leurs échanges sur l'art, le cinéma ou la musique. Le colonel se révélait être un esthète.

Résistances [yoonminkook]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant