Résistances [yoonminkook]

37. où Jungkook...

Jungkook se tenait là, devant eux, et Jimin sentait son cœur si lourd. Si lourd et effrayé, aussi.

Jungkook partait.

Jungkook partait et Jimin se demandait comment il allait survivre, sans lui. Sans sa silhouette sans cesse à le défier par sa simple présence. Sans cesse à le rassurer aussi. Sans ses sourires timides ou séducteurs, sans ses mains sur son corps, sans son souffle sur le sien. Sans ses yeux amoureux quand il regardait Yoongi, quand il le regardait, aussi.

Sans cette communion à trois.

Trois. Ce chiffre qu'il avait si longtemps repoussé, mais qui lui semblait le meilleur pour lui, pour eux, maintenant. Trois, c'était tellement plus que deux.

Mais pourtant Jungkook partait.

C'était mieux, Jimin le savait. Un départ nécessaire pour tous. Pour leur laisser le temps d'accepter, de comprendre ce qui s'était passé pendant ces longs mois. Pour faire le deuil du Jungkook qu'ils avaient cru connaître.

Yoongi en avait besoin, Jimin le savait. Il avait encore du mal à pardonner à Jungkook son double jeu, sa tentative de le tuer, lui, Jimin. Plus que Jimin lui-même, finalement. Jimin, lui, lorsqu'il avait compris ses sentiments pour Jungkook, lorsqu'il les avait acceptés, s'était entièrement donné. Être tué par celui qu'on aime, ça en jetait, quand même !

Il eut un sourire à sa propre bêtise. Mais il était comme ça, réagissait toujours intensément, c'était lui, Jimin.

Alors Jungkook partait, suivait Gaïa qui retournait à la capitale pour réorganiser le réseau et en prendre la tête. Il avait demandé à Jungkook de le suivre, de devenir son second.

Jungkook avait hésité, avait dit ne pas vouloir les quitter, eux. Jimin avait pensé pareil, au début. Mais Yoongi avait parlé, avait expliqué. Expliqué que l'éloignement, parfois, rendait plus proche. Que, lui, sentait qu'il avait besoin de temps. Qu'il l'aimait, oui, mais qu'il avait été si blessé qu'il avait besoin de temps.

Jimin avait compris, s'était rendu compte qu'une part de lui-même, aussi, était encore chamboulée de ce qui venait de se passer. Que parfois il avait peur, encore, quand Jungkook surgissait derrière lui.

Il l'avait dit.

Les yeux baissés, la peur de le blesser, mais il l'avait dit.

Jungkook avait hoché la tête, humble, si humble devant les conséquences de ses actes.

Jimin n'avait pu que s'approcher et le prendre dans ses bras, le rassurer. Oui, il l'aimait, mais Jungkook n'avait-il pas besoin, lui-même, d'un temps pour se retrouver ? Trois pouvaient étouffer le 1, parfois.

Jungkook avait avoué que, oui, il était perdu. Complètement. Qu'il ne savait plus qui il était vraiment. Alors que, oui, il allait suivre Gaïa.

Partir.

Le mot fit mal, à tous. Alors les mains se cherchèrent, les corps se rapprochèrent. Et tout s'embrasa, une dernière fois. Une dernière assurance que ce qu'ils avaient vécu, ensemble, avait bien existé.

Et maintenant ils étaient là, tous les trois, à se dire au revoir.

Gaïa attendait dans la voiture. RM s'était un peu éloigné après avoir dit au revoir à Jungkook, les yeux embués.

Jimin sentait Yoongi à ses côtés, qui le tenait par la taille, l'accrochait, le soutenait. Se tenait à lui, aussi. Il souffrait lui aussi, Jimin le savait.

Jungkook fit un pas vers eux, l'air perdu, presque apeuré.

— Ça va bien se passer. Tu vas être le meilleur second de toute l'histoire de la Résistance.

— Ah, je croyais que c'était moi ?

Yoongi avait blagué, pris un air vexé. Jimin avait assené :

— Non, ce sera Jungkook.

Ils avaient ri, tous les trois.

Une dernière fois.

Puis les mains s'étaient lâchées, à regret, les regards s'étaient accrochés une dernière fois.

Des je t'aime qui ne pouvaient se dire avec les mots.

Jungkook s'était retourné, avait fait quelques pas avant de rejoindre Gaïa. Un coup de klaxon amical alors que la voiture s'éloignait.

Et c'était fini. Il était parti.

La veille, les pays alliés avaient débarqué, enfin.