Gabriel se figeait. Ses yeux s'écarquillèrent alors que l'alcool qui embrouillait son esprit semblait quitter son corps comme par magie. Il se retirait doucement du jeune homme qui le regardait, perdu. Gabriel reculait jusqu'à ce que son dos rencontre la porte et tirait sur ses cheveux. Il se rhabillait avec hâte et fuyait du box en s'excusant auprès de Deelan, toujours allongé les jambes écartées et le pantalon aux chevilles. Il s'excusait plusieurs fois, continuant encore alors qu'il traversait la boîte de nuit, poussant sans se soucier ceux qui l'empêchait de sortir.
Une fois dehors, loin de la chaleur étouffante de l'établissement, il trébuchait jusqu'à un coin épargné par la lumière de l'éclairage public. Il s'appuyait contre le mur alors que sa respiration était chaotique. Il avait l'impression d'étouffer. Il portait sa main à sa gorge alors qu'il essayait d'inspirer profondément. Mais rien n'y faisait et la bile lui remontait. Il vomissait alors la totalité de l'alcool qu'il avait ingéré depuis qu'il avait laissé Artem sur la plage.
Quand il n'avait plus rien à vomir, son corps secoué par des spasmes qui le rendaient vide. Il se laissait glisser contre le mur le temps de retrouver une respiration décente. Il avait les genoux relevés contre son torse et les coudes posés dessus alors qu'il passait les mains dans ses cheveux qui s'étaient sauvés de l'élastique, ce dernier était porté disparu. Il tirait sur son cuir chevelu, des cheveux se coinçant dans les bagues qu'il avait aux mains. Il restait ainsi un moment avant de se redresser et de vaciller jusqu'au bord de la route et de héler un taxi. Il se laissait tomber dedans comme une otarie, donnait l'adresse d'Artem et fermait les yeux le temps du voyage.
C'est le chauffeur qui le réveillait de sa sieste pour lui annoncer qu'ils étaient arrivés. Gabriel payait la course et se trainait jusqu'à l'entrée de la maison. Il entrait, retirant ses chaussures qu'il abandonnait dans l'entrée. Il avançait en se tenant au mur jusqu'à la cuisine. Il se penchait au-dessus de l'évier et buvait directement au robinet. Il se redressait quand la lumière s'allumait. Artem, en short, se tenait de l'autre côté du plan de travail central de sa cuisine. Il était silencieux mais un mauvais pli barrait son front, entre ses sourcils. Gabriel s'appuyait contre le plan de travail, et sans crier gare, il explosait en larmes.
Il était pathétique.
Artem contournait l'îlot et attirait son meilleur ami dans ses bras. Gabriel s'accrochait à lui, laissant sa peine, la douleur qu'il gardait en lui depuis trois ans, sortir et inonder l'épaule nue d'Artem. Ce dernier attendait patiemment, offrant son soutien à son ami. Quand ce dernier se calmait enfin, il le forçait à se redresser et le regarder dans les yeux.
- Raconte-moi.
- J'ai merdé, 'Tem. J'ai encore blessé quelqu'un...
- Quoi ?
- Il y avait ce mec là... Ces yeux verts... Des putains d'yeux verts forêts.
- Comme Thomas ?
- Oui, comme Thomas putain ! Gabriel semblait fou : Il lui ressemblait et j'ai...
- Tu l'as baisé ?
- Oui ! Et je l'ai appelé Thomas !! Pourquoi je ne peux pas l'oublier ? Pourquoi ??
- Gab... Artem essayait de l'arrêter.
- Pourquoi, Artem ? C'était il y a trois ans !
- Gab...
- Pourquoi je ne peux pas l'oublier ???
- Parce que tu l'aimes, Gabriel.
Le brun se figeait. Il avait les yeux tellement écarquillés qu'il semblait fou. Sa respiration qui s'accélérait comme s'il venait de courir un marathon n'aidait pas. Artem avait un sourire contrit alors qu'il prenait à nouveau son ami dans les bras, parfaitement conscient que la bombe qu'il venait de lâcher allait faire des ravages. Il sentait Gabriel raide comme une planche dans ses bras.
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Unlcked (tome 2 LCKED)
RomanceTrois ans ont passé depuis la dernière fois que Gabriel a vu Thomas. Trois ans depuis la dernière fois où il a senti la chaleur de sa peau et de ses lèvres sur les siennes. Sa vie est maintenant dans la petite ville de Tromsø, au nord de la Norvège...