Unlcked (tome 2 LCKED)

Chapitre 13

Gabriel se réveillait en premier. Il était allongé sur le dos, son bras droit emprisonné sous la tête de Thomas. Il tournait la tête pour voir que celui-ci dormait encore, tourné face à lui, sa main droite reposant sur son biceps. Le brun retirait délicatement son bras afin de ne pas le réveiller. Il se tournait sur le côté pour observer le blond qui, dos à la lumière timide du soleil californien se levant, ressemblait aux anges des vitraux des cathédrales. Il repoussait une boucle blonde qui lui tombait devant les yeux, ses doigts s'attardant sur sa pommette.

Thomas était beau.

Thomas l'aimait.

Gabriel paniquait.

Le brun se levait du lit, essayant de faire ni bruit ni mouvement brusque qui réveillerait Thomas. Il récupérait son caleçon au milieu des vêtements qu'ils avaient passé la soirée à éparpiller dans l'appartement. Il était en train d'enfiler son t-shirt, le jean ouvert sur ses hanches quand la voix cassée au réveil de Thomas le faisait se figer dans son geste, les bras coincés dans son vêtement. Il ressemblait à une biche prise les phares d'une voiture en pleine nuit dans la forêt.

-        Tu prends encore la fuite ?

-        Thomas, je...

-        Je m'en doutais...

Gabriel finissait d'enfiler son t-shirt. Il attachait son pantalon et venait s'asseoir au bord du lit, dos à Thomas. Il se tordait les mains, réfléchissant à comment exprimer à voix haute le bordel à l'intérieur de sa tête, le bordel dans son cœur. Et trouver une explication à la volée de papillons énervés dans ses entrailles.  Il n'était qu'un lâche.

-        Je suis désolé, Thomas...

-        Je pensais qu'on avait passé un cap hier soir. Visiblement, je me trompais.

-        Non... C'est...

-        Est-ce que tu m'as menti, Gabriel ?

-        Non.

-        Alors pourquoi ?

-        ...

-        Je ne suis vraiment qu'un idiot pathétique. Craquait Thomas. Vas-y, pars. Rentre bien en Norvège, dans les bras d'Yvàr. Visiblement c'est plus simple avec lui.

-        Thomas ! S'écriait Gabriel en se retournant. Je suis désolé, okay ? C'est juste que...

-        Que quoi, Gabriel ?! Se redressait Thomas, les yeux brûlants de ses larmes contenues.

-        J'ai peur, Thomas... Soufflait-il, laissant couler les larmes qu'il n'avait pas pleurées depuis son enfance, pour personne. J'ai peur de tes sentiments. J'ai peur des miens. J'ai peur de ne pas être à la hauteur des sentiments que tu éprouves à mon égard. J'ai peur d'être ce connard que je peux être et que je hais tant avec toi... Parce que je ne veux pas te voir triste, jamais... J'ai peur Thomas...

Thomas restait silencieux. Il finissait par se rapprocher de Gabriel pour le prendre dans ses bras. Il sentait ce dernier trembler sous ses sanglots, la tension qui résidait dans ses épaules. Il glissait ses doigts dans les mèches brunes, caressant son cuir chevelu pour l'aider à se calmer. Il gardait cette position quand il reprenait, sur le ton de la confidence.

-        Je sais que tu as peur, Gabriel. Et je comprends ta peur maintenant. Moi aussi j'ai peur. Pas pour les mêmes raisons, mais j'ai également cette peur en moi d'être trop, ou pas assez pour toi. J'ai peur de ne pas réussir à être... bon pour t'aider à surmonter tes épreuves, à battre ce démon en toi qui cherche à saper ce qui est merveilleux chez toi. J'ai peur aussi. Mais on est ensemble. A deux, on va réussir. Je suis tout aussi cassé que toi, tu sais. Il se redressait pour embrasser le front de Gabriel. Il le regardait droit dans les yeux avant de reprendre : Je sais que ce ne sera pas facile, pour pleins de raisons, mais j'ai envie d'essayer. Et si ça ne marche pas, ça ne marche pas, point barre. Mais on aura essayé, on ne passera pas le reste de notre vie à se demander si nous n'avons pas loupé quelque chose. J'ai besoin de toi dans ma vie, Gabriel Castiel. Même si cela doit se terminer sur une amitié. Mais ne fuis plus jamais comme ça, en me laissant derrière comme un con. Jamais.