Unlcked (tome 2 LCKED)

Chapitre 9

Thomas avait enroulé son bras autour de la nuque de Gabriel, ses doigts se perdant dans les longueurs du brun. Ce dernier était celui qui mettait fin au baiser, à bout de souffle. Il se léchait les lèvres où il sentait encore la texture des lèvres de Thomas. Celui-ci attirait son attention en tirant légèrement sur ses cheveux à l'arrière de sa nuque. Gabriel plongeait son regard hagard dans le regard perdu de Thomas. Dans son regard, il voyait la crainte de celui-ci de le voir prendre la fuite. Encore. Gabriel expirait silencieusement, sa main glissant sur la nuque de Thomas pour l'attirer à nouveau à ses lèvres. Il l'embrassait succinctement avant de s'écarter et de tirer le blond à sa suite en direction de l'appartement de celui-ci.

                  Ils gravissaient les marches en silence, traversèrent le couloir et Thomas reprenait la tête pour ouvrir la porte. Ce n'est qu'une fois celle-ci fermée à double tour qu'il consentait à libérer la main de Gabriel. Les deux hommes retirèrent leurs chaussures et le brun suivait Thomas dans la chambre/salon. Rien n'avait changé ici.

                  Thomas déposait ses clés et son téléphone sur la table qui se trouvait au centre de la pièce tandis que Gabriel retirait son blouson en cuir qu'il pendait à une chaise. Il redressait son t-shirt noir sur ses épaules tandis que Thomas partait à la cuisine. Le brun en profitait pour observer les murs qui étaient recouverts de photos en tout genre. En s'approchant du tableau de liège, il observait Thomas en compagnie d'inconnu. Il ne reconnaissait que Xjemal sur certaines d'entre elles. En les étudiants, il devinait alors que la jeune femme rousse au visage constellé de tâches de rousseurs devait être sa sœur, dont il avait oublié le nom. Sur les autres photos, il y avait des gens qu'il ne connaissait pas du tout, qu'il devinait être les amis de Thomas. Il reconnaissait néanmoins un endroit sur une photo : le salon de barbier où il travaillait. Il s'agissait d'une photo de groupe, Thomas au centre, entouré par cinq personnes qui semblaient avoir une vingtaine d'années. Sûrement ses collègues.

                  Thomas revenait à l'instant où son regard se posait sur un post-it à la couleur défraîchie. Il tendait la main vers ce dernier et le décollait du panneau. C'était le mot qu'il lui avait laissé il y a trois ans. Son cœur s'affolait à ce constat. Rien que ce petit papier lui renvoyait à la gueule à quel point Thomas n'était pas passé à autre chose, à quel point Thomas n'avait pu s'épanouir depuis son départ.

-        Est-ce que tu es heureux ? Demandait-il d'une voix brisée en sentant Thomas à ses côtés.

-        J'aime mon travail. J'aime beaucoup travailler avec ma petite équipe. Ils ont des vies de merde mais ils s'accrochent pour réussir. Je suis content de déménager également, cet appartement commençait d'être un peu étroit. Et il y a un souvenir ici que je souhaite laisser derrière moi.

                  Gabriel tournait la tête vers Thomas qui le regardait, le regard fermé. Les mains du brun se mettaient à trembler. Il reposait le post-it là où il l'avait trouvé et il prenait la bière que lui avait emmenée Thomas. Ce dernier continuait de le regarder, sirotant sa bière également.

-        Tu m'as demandé si j'étais heureux. Je le suis. Mais en même temps je ne le suis pas. J'ai un travail comme je l'ai toujours souhaité. J'ai largement assez d'argent pour me faire plaisir et aider mes frangins, comme je l'ai toujours fait. Je fais ce que j'aime tout en le transmettant à des gamins en quête de repères. Alors oui, je suis heureux. Mais tu m'es arrivé, Gabriel. Sans toi à mes côtés je ne peux pas être complètement heureux. Je ne dis pas ça pour te faire culpabiliser. Enfin, si, peut-être un peu. Mais ce souvenir que je veux laisser dans cet appartement, ce n'est pas celui du jour où tu t'es carapaté, c'est le jour où j'ai appris le décès de mon père.

-        Toutes mes condoléances.

-        Merci. Viens... Continuait-il en chuchotant et en prenant la main de Gabriel. On doit parler.