Chapitre 7

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Après sa crise de panique, on pouvait appeler ça comme ça, Gabriel s'était effondré de fatigue dans son lit. Quand il se réveillait de son coma, la journée était entamée, déjà sur le déclin. Gabriel restait un long moment dans les draps, le regard porté sur le mur vide face à lui, le vent océanique pénétrant dans la pièce par la fenêtre entre ouverte. Gabriel était assis contre la tête de lit, ses doigts traçaient distraitement les lignes du pansement qui camouflait son tatouage incisé.

                  Il s'en voulait d'avoir comme ça hier. Il s'en voulait de s'être enfui dans ce bar, il s'en voulait d'avoir baisé avec Deelan, il s'en voulait d'avoir pensé à Thomas. Il s'en voulait d'avoir réagi de la sorte hier soir. Artem n'avait pas à pâtir de ses états d'âmes. Son regard se tournait vers la salle de bain. Le miroir brisé ne tenait que par la volonté du Saint-Esprit au mur, du sang séché avait tâché le carrelage. Son regard se portait alors sur sa main bandée qui lui faisait un mal de chien, maintenant que la crise était passée.

                  Gabriel s'extirpait des draps. Il enfilait un short et un t-shirt ainsi que des claquettes afin de ne pas marcher sur le verre brisé quand il se rendait dans la salle de bain. Armé de la petite poubelle de la pièce, il ramassait les éclats de miroir avec précaution. Quand il n'en restait plus rien, il nettoyait le sang qui tâchait le lavabo et le mur et entreprenait de détacher les morceaux restants du miroir du mur. Il jetait un coup d'œil sur son portable et voyait un message d'Artem l'informant qu'il était sur le chemin du retour avec de la pizza et de la bière. Le message sous-jacent était clair : soirée film et c'était à Gabriel de choisir le film.

                  Gabriel descendait dans le salon, il lançait en route le système high-tech d'écran et de son de son meilleur ami tout en fouillant dans le placard pour trouver leur perle rare dans la collection vintage d'Artem. Il avait fait son choix quand le propriétaire de la maison pénétrait dans la pièce, accompagné du délicieux fumet des pizzas qu'il tenait à bout de bras. Il déposait son barda sur la table et s'absentait rapidement. Quand il revenait, il portait lui aussi un simple short de sport avec un t-shirt. Il s'asseyait dans le canapé, aux côtés de Gabriel qui lançait alors le premier opus de Batman.

                  Ils parlèrent en mangeant leurs pizzas, se rappelant le jour où ils avaient menti à leurs parents pour aller le voir au cinéma. Ils se rappelèrent le sentiment de liberté et d'adrénaline d'avoir fait le mur et de s'être mêlé à la foule qui se pressait pour découvrir ce chef d'œuvre cinématographique. Ils se rappelèrent aussi de la gueulante dont ils avaient écopés en rentrant, leurs parents respectifs les faisant descendre très vite de leur petit nuage. Somme toute, c'était un très bon souvenir.

                  Gabriel était avachi dans le canapé, la peau du ventre bien tendu par les deux énormes pizzas qu'il s'était enfourné arrosée à la bière. Ses pieds reposaient sur la table basse, près de ceux d'Artem qui était plus ou moins dans la même position que son meilleur ami. Le film touchait à sa fin, et le brun sentait la tension dans le corps de son ami alors que celui-ci lui jetait régulièrement des regards en coin. Si au début cela l'amusait, cela finissait par l'exaspérer. Ainsi, quand le générique de fin entamait sa litanie, il soupirait fort.

-        Vas-y. Dit ce que tu as à me dire.

-        Comment tu vas ?

-        Bien.

-        Gabriel... Je ne pense pas que tu ailles bien.

-        Tu es psy maintenant ?

-        Tu veux vraiment qu'on joue à ça ? Très bien ! Tu te rends compte de la gravité de ta réaction hier soir ?

Unlcked (tome 2 LCKED)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant