Chapitre 15

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Gabriel restait caché chez sa mère une journée de plus. Il observait les va-et-vient dans la rue, courageusement caché derrière le rideau comme une vieille mégère. Il avait échangé de nombreux messages avec Thomas toute la journée. Il se sentait euphorique. Il n'avait pas été euphorique depuis le soir où il avait défoncé la gueule de ce violeur, ce soir-là même où sa vie avait changé, cette nuit-là qui l'avait amené à la prison, qui l'avait amené à faire la rencontrer de Thomas. Mais cette euphorie qu'il avait eu ce soir-là s'illustrait par le sang battant à ses oreilles, son cœur tabassant sa cage thoracique, un arrière-goût ferreux sur la langue. L'euphorie qu'il ressentait à cet instant était tout autre : son cœur était en liesse, son esprit brumeux et une méchante crampe lui cisaillait les zygomatiques.

Ouais, il tenait à Thomas. Beaucoup.

Il somnolait sur le canapé, les rideaux tirés pour avoir une obscurité parfaite pour regarder son film quand quelqu'un sonnait à la porte. Il mettait son film en pause, sautait par-dessus le canapé avant de se rendre dans l'entrée. Il ouvrait la porte et se figeait immédiatement. Sur le perron, Yvàr. La panique gagnait Gabriel, il ne s'y attendait pas. Il ne s'était pas préparé à cette confrontation. Il n'était pas prêt.

-        Gabriel. Prenait-il la parole, froid. Je me doutais bien que tu te cachais ici.

-        Comment tu sais que je suis rentrée ? Demandait-il.

-        Ma grand-mère habite en face je te rappelle. Elle t'a vu derrière ta fenêtre cet après-midi. D'après elle tu étais lumineux et souriant. Je lui ai dit qu'elle devait se tromper, vu que tu ne sais pas sourire.

-        T'es vache...

Yvàr croisait les bras sur la poitrine et haussait un sourcil. Gabriel détournait le regard. Il passait une main dans ses cheveux, cherchant comment se sortir de cette situation incongrue. Yvàr avait l'air d'avoir envie de l'empaler avec un ciseau Maped. Artem ne devait jamais le savoir. Il regardait autour de lui, comme si une idée de comment agir allait lui tomber sur la tête mais évidemment, cela n'arrivait pas. Dieu, si tu ne m'aides pas un peu ce n'est pas comme ça que je vais finir par prier ton cul.

-        Tu es un lâche, Gabriel Castiel.

-        Tu n'es pas le premier à me dire cette semaine. Soufflait-il distraitement.

-        Il faut qu'on parle.

-        Oui, il faut qu'on parle...

-        Maintenant.

-        C'est obligé ? Grimaçait-il.

Yvàr lui lançait un regard bien senti avant de le pousser pour entrer dans la demeure. Il prenait la direction de la cuisine qu'on voyait depuis l'entrée. Il s'asseyait autour de la petite table ronde, les bras croisés sur la poitrine, les jambes croisées. Gabriel restait comme un idiot devant la porte ouverte. Il soupirait en baissant les yeux momentanément sur ses pieds avant de se redresser, inspirer à pleins poumons l'air nordique. Il fermait la porte et rejoignait Yvàr dans la cuisine. Il lui servait un thé glacé, sa boisson préférée. Le norvégien ne le remerciait pas. Il s'asseyait à son tour, une bière pour lui donner un peu de courage liquide. C'est de felix felicis dont j'aurais besoin là...

-        Pourquoi, Gabriel ?

-        J'avais besoin de temps.

-        Pour quoi ?

-        Pour réfléchir.

-        A quoi ?

-        A nous.

Unlcked (tome 2 LCKED)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant