Chapitre 14

198 20 2
                                    

Avant même de savoir qu'il allait revoir Thomas, qu'il allait remettre en question tous ses choix de vie, il avait prévu de passer quelques jours seuls avec lui-même. C'est bien pour ça qu'il avait pris un vol le faisant arriver la nuit à Stockholm et qu'il avait donné la mauvaise date de retour à tout le monde, y compris sa mère. Il faillit se sentir mal de la réveiller ainsi quand il débarquait à autre heures du matin sur son perron. Mais il ne pouvait pas rester seul chez lui à cogiter le tournant à trois cent soixante degrés que venait de prendre sa vie. Et il n'y avait rien de mieux que sa maman pour l'aider à sortir du brouillard qui obscurcissait son esprit depuis le dernier baiser échangé avec Thomas devant le guichet de l'aéroport de Los Angeles.

-        Gabi ? Tu n'es pas à LA ? Mon poussin... Qu'est-ce qui a ? Lui demandait sa mère, l'inquiétude creusant ses traits fatigués.

-        Je suis désolé de te réveiller M'man...

-        Ce n'est pas grave. Entre et explique moi.

                  Sa mère l'emmena jusqu'au salon, ils s'assirent côte à côte sur le canapé, avec seulement la lampe qui se trouvait à côté d'eux d'allumé. Elle tenait ses mains, attendant patiemment que son fils se sente capable de parler. Sa langue finissait par se délier.

-        Je l'aime, maman.

-        Thomas ?

-        Hm...

-        Tu l'as vu ?

-        C'est le moins qu'on puisse dire. Riait-il. J'ai passé ma dernière soirée avec lui.

-        Tu l'as voulu ?

-        Non... Oui... Enfin, je me suis fait griller en train de camper devant son appartement...

-        Et tu as fini dans son lit.

-        M'man !!

-        Trente-cinq ans et toujours aussi prude. Vous ne nous avez jamais épargné avec Artem, ce n'est pas maintenant que tu vas préserver ta propre mère de tes déboires sexuels. Alors ?

-        Oui...

-        Comment tu te sentais ?

-        Bien...

-        Et c'est ce qui t'effraie.

                  Ce n'était pas une question. C'était une affirmation. Sa mère savait. Ils n'avaient jamais vraiment parlé du fait qu'il ne voulait pas s'engager, qu'il avait une peur inouïe des démons qui le rongeaient depuis son adolescence. Jamais, ils ne l'avaient évoqué. Et pourtant Gabriel savait que sa mère savait. Elle savait tout. Et elle savait sûrement mieux que lui d'où venait cette peur viscérale en lui.

-        Je ne veux pas le blesser... Mais je ne peux plus me mentir... Je l'aime maman, je veux être avec lui... Ça fait trois ans putain. Trois ans que j'essaye de l'oublier sans y parvenir ! Je ne sais pas quoi faire...

-        Parle-moi de lui. Parle-moi de Thomas.

-        Thomas... Commençait-il après un moment de réflexion où il s'allongeait sur les genoux de sa mère, celle-ci passant ses doigts dans ses cheveux, massant son cuir chevelu tout en l'écoutant religieusement. Thomas est ce que j'aimerais être : fier, heureux, enjoué. Il a sacrifié sa propre vie, son estime pour venir en aide à sa famille. Il a supporté la douleur seul tout en continuant de sourire pour ne pas les alerter. Thomas c'est aussi une forte tête. Quand il veut quelque chose, il finit toujours par l'obtenir. Il est obtus c'est catastrophique. Il est aussi charitable et aime venir en aide aux autres. Il a monté une équipe dans son salon de barbier composé de gosses des rues, il les a sauvé. Comme il m'a sauvé...

Unlcked (tome 2 LCKED)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant