.11. Mia Unterminiada

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Il est là, en face de moi.

La solution à tous mes problèmes.

La complication entrée dans ma vie.

La personne que je voulais rencontrer ; la personne que je ne devais pas rencontrer.

Il me détaille de haut en bas, inquiet, à l'affût des éventuelles blessures qui auraient pu m'envoyer à l'hôpital.

Mais il ne voit rien.

Je voudrais tant lui dire le pourquoi de la chose. Lui dire que le problème n'est pas dehors, mais dedans, tout au fond, inscrit dans mes gènes. Lui dire tout ce que j'ai caché au monde entier. Ce que j'ai même essayé de me cacher, à moi. Or c'est impossible. Je ne peux pas.

La balle de basket tombe par terre et roule à l'autre bout du terrain, puis s'immobilise dans une crevasse.

Ses yeux bleus, ses magnifiques yeux bleu-argenté me font frémir sous la veste de l'hôpital. Je vois le muscle de sa mâchoire qui tressaille, apparent. Un filet de sueur perle sur sa tempe, signe de l'effort qu'il a accompli.

Il est beau.

Voilà, c'est bon, c'est fait ; je l'ai dit. Ma conscience n'a plus qu'à se taire. Qu'est-ce que ça fait mal de l'admettre ! Le poids constamment posé sur ma poitrine écrase mes côtes et soudain, j'ai du mal à respirer. Je suffoque, enfouis mon visage dans mes mains et me pelotonne le plus fort possible contre le mur. Ça fait si mal !

Swimman accourt et me demande si je vais bien. Je change de masque, exhibe mon plus beau sourire et illumine mon visage pour lui répondre comme j'ai appris à le faire : en cachant mes larmes et ma douleur derrière une seconde facette.

- Super. Et toi ?

- Où étais-tu tout ce temps ? s'écrie-t-il. Tu crois vraiment que je vais te laisser filer ? Pas après ce qui s'est passé l'autre soir. Il y a quelque chose. Je ne sais pas me dire quoi, mais il y a quelque chose entre nous. Ne me fais pas perdre cet espoir.

Je ferme les yeux en soupirant. Je peine à les sortir, mais une fois lâchés dans l'espace entre nous, ces mots fendent l'air comme des poignards :

- On était bourrés, Swimman. Il n'y a rien eu, crois moi. Je m'en veux de t'avoir laissé penser qu'il aurait pu y avoir une telle chose entre nous. Je suis désolée, mais... - j'hésite, me mors violemment la lèvre avant de planter mes prunelles dans les siennes - mais je n'ai jamais ressenti de sentiments pour toi.

J'inspire, j'expire, je fais tout mon possible pour ne pas oublier de respirer. Mes paupières papillonnent sous l'effet du choc que je lis dans ses yeux, lorsque je vois ses pensées y défiler.

Toute cette inquiétude...

Tous ces appels...

Toute cette attente...

Tous ces messages...

Et cet espoir...

C'est ce dernier qui m'ébranle le plus ; l'espoir. Je ne le connais pas. Mon système nerveux n'a jamais su éprouver ne serait-ce qu'une once d'espoir. Et toute tentative d'en ressentir a été balayée lorsque mes parents ont reçu le résultat des analyses, deux années auparavant...

Je ferme les paupières, fuis son regard dévastateur. Je ne veux pas me souvenir, alors que mon cauchemard reprend vie. Je ne veux pas penser. J'ai peur...

Je ne suis pas étonnée que, lorsque je les rouvre, il n'y ait plus aucune trace de lui, de son ballon, ou de son sac. Je cherche péniblement de l'air en penchant la tête en arrière, titube dans l'avenue et m'écroule sur un banc.

Je n'ai pas besoin d'ouvrir les yeux en reprenant à demi-connaissance pour deviner les machines branchées autour de moi, ni d'écouter attentivement pour les entendre biper tout leur soul.

Celle qui ne l'était pas vraimentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant