IV. Découvrir l'inconnu

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J'oublie la raison pour laquelle je me trouve là, collée à cet homme, durant le trajet.

Une sensation de liberté inouïe m'a envahie. Est-ce respirer à l'air libre aussi longtemps qui provoque ça ?

Mes amies selkies parlaient souvent du monde terrestre avec un engouement que je trouvais exagéré.

Mais, à ce moment-là... je ne peux qu'approuver.

Les motos s'arrêtent en bord de mer. Je me dépêche de descendre de la nôtre et l'humain m'imite.

Je distingue, à plusieurs mètres de nous, un cottage éclairé qui surplombe l'océan. Une certaine effervescence émane de la grande maison.

— Elle est encore là, relève un des amis de mon voleur.

Les six hommes me font face.

— Peu importe ce que Sean a mis dans nos verres, l'effet aurait dû s'atténuer.

Une expression très inquiétante pour moi prend forme sur leurs visages : la peur.

Sauf ce satané Sean, qui a récupéré ma fourrure et me fixe avec intensité.

— Allez, Adam doit nous attendre, dit-il simplement avant de se détourner.

Il prend le sac à dos des mains du grand blond, enroule ma peau d'animal et la fourre dedans.

— On ne va pas l'emmener avec nous ! s'écrie justement ce dernier. Oh et puis merde, de toute façon elle n'est même pas réelle.

Sean hausse les sourcils et m'adresse un sourire malicieux.

J'en suis désormais sûre, il est lucide et sait que je suis bien faite de chair et d'os. Ils se dirigent tous vers le cottage animé. Dans une tentative que je devine déjà vaine, j'attrape son poignet et l'arrête :

— Rend-la moi.

— Je le ferai.

Mon coeur se gonfle d'espoir en entendant ses mots.

— Demain matin.

— Quoi ?!

— Je te la rendrai aux première lueurs du soleil, jolie selkie. Je te le promets.

— Pourquoi pas avant ?

— C'est l'occasion pour toi de découvrir la vie terrestre, annonce-t-il en souriant de plus bel. Ne me dis pas que tu n'as jamais voulu voir ça ?

— Non.

Il fronce les sourcils puis déclare :

— Moi, j'aimerais bien voir à quoi ressemble les fonds marins.

— Dommage pour toi, tu ne peux pas, craché-je.

— T'es pas très sympa.

— Toi non plus ! C'est toi le voleur ici, pas moi !

L'insupportable humain glousse, rajuste le sac sur son épaule et se met en marche vers la maison sur la dune. Je ne suis pas venue jusqu'ici pour qu'il me file entre les doigts, autant aller jusqu'au bout.

Il interrompt ses pas pour se tourner vers moi :

— Il faudrait qu'on te trouve des chaussures, au fait.

C'est franchement le cadet de mes soucis, ce détail. Et je trouve ces inventions très désagréables à porter.

— Je tiendrai ma promesse, ajoute-t-il avec une troublante sincérité. Demain matin, tu retournes dans l'océan.

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