𝟏𝟎 - 𝑙𝑒 𝑐𝑎𝑓𝑒́ 𝑔𝑙𝑎𝑐𝑒́

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La journée avait été dure, la température aussi.

Les rayons du Soleil de soirée matraquaient les yeux de Richiko, qui marchait maintenant un peu à l'aveugle dans les rues de Shibuya. Elle se sentait pâteuse, couverte d'une couche de sueur, suite à cette journée de cours épuisante en compagnie de Takemichi et ses amis.

Quelques jours s'étaient écoulés depuis que Mikey lui avait confié sa fameuse "première mission" et elle comptait les heures qui la séparait du moment où elle pourrait enfin intervenir. D'une part car elle enfin pouvoir le revoir, et d'autre part car elle pourrait enfin se rendre utile, ou du moins, montrer qu'elle pourrait se rendre utile.

Alors que Richiko attendait le signal vert à l'autre bout du passage piéton, elle sentit soudain une masse à la fois douce et piquante lui atterrir sur la nuque. Quand elle comprit que c'était une tête chevelue qui lui était tombée dessus, elle pensa d'abord qu'un homme complètement ivre se serait accordé un petit repos sur son dos. Elle fit donc volte-face, déterminée à lui faire la leçon, ou même à le battre s'il le fallait.

Richiko abandonna de suite cette idée, en voyant qu'il ne s'agissait visiblement pas d'un salaryman désagréable. Une femme au visage rouge surchauffé respirait rauquement, à grandes bouffées, au bord de l'évanouissement. Elle la reconnut directement, tandis qu'un éclair agréable la traversait de part en part. Ses sacs de courses dégringolèrent le long de ses jambes, lorsqu'elle manqua de tomber la tête en avant, seulement retenue par les mains de Richiko, affolée.

— Oh ! Mademoiselle Junko, vous allez bien ? paniqua-t-elle en agrippant la femme par les épaules.























Cette rue parallèle, à la lumière des lampadaires vacillante, était bien plus agréable que ce grand carrefour étouffant. La pauvre femme, complètement épuisée, s'était assise sur le trottoir, la tête contre un poteau, tandis que la plus jeune était partie acheter des canettes au distributeur du coin.

Encore un peu sonnée quand Richiko lui confia sa boisson, la jeune femme passa lentement son pouce sur la fine couche d'eau recouvrant le BOSS® de son café glacé. La jeune brune s'assit à ses côtés, ouvrant à son tour sa canette de Coca-Cola et étendant ses jambes sur la chaussée.

— Vous allez mieux ? demanda timidement la collégienne, intimidée par l'aura de la femme.

Cette dernière, remettant ses longs cheveux noirs ébènes en place, but une gorgée en souriant tendrement. Son tailleur exigu l'empêchait de correctement respirer. Elle déboutonna donc légèrement le haut sa chemise, dévoilant un décolleté débordant de sueur.

— Merci, ma grande, la remerciait-elle en enlevant ensuite ses talons noirs. Dire qu'une femme comme moi ne peut pas se débrouiller toute seule... Je suis désolée, c'est un spectacle assez navrant.

Son sourire s'était attristé à la fin de sa phrase, sous le regard émerveillé de Richiko, qui l'avait trouvée hypnotisante dans son monologue. Elle avait un charme d'une légèreté exquise, malgré son air fourbu et chagrineux. Sa façon naturelle de se comporter, de parler mettait aisément les gens à l'aise. Une belle femme fatale, qui vous touchait d'un sincère du bout des doigts, quand elle vous toisait de son regard charbonneux.

— N-non, tout va bien, vous vous êtes juste évanouie. Si vous étiez morte dans mes bras, ça aurait été plus problématique, je pense, répondit-elle en souriant sans arrière pensée. Et puis, il fait si chaud que j'aurais pu y passer moi aussi, sans ma bouteille d'eau.

La discussion se poursuivait bien, les deux interlocutrice s'étant liées d'une entente aisée lors du séjour de la jeune fille à l'hôpital. Mademoiselle Junko était effectivement la charmante infirmière qui s'était occupée d'elle avec la bienveillance d'une mère, lorsque les bandages la faisait ressembler à une momie rigide. C'était d'ailleurs étrange pour Richiko de s'entendre aussi bien avec des personnes plus âgées, si bien qu'on avait l'impression de voir une trentenaire coincée dans le corps d'une jeune fille.

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