𝟔 - 𝑙𝑒𝑠 𝑝𝑜𝑚𝑚𝑒𝑠

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Un employé de l'hôpital passait l'aspirateur, d'un air profondément ennuyé, devant la chambre de Richiko. Les adolescents étaient finalement parvenus à l'amener jusqu'ici sans grande difficulté et elle avait été prise en charge tranquillement, malgré son état presque cadavérique.

— Je pensais pas qu'on la retrouverait vivante, avoua Mikey, le regard inhabituellement concentré.

Draken, qui observait par la fenêtre Chifuyu discuter vivement avec la jeune patiente à peine réveillée, haussa tout simplement les épaules mais ne répondit rien.

— Takemichi, interpella-t-il tandis que le concerné sursauta. T'es bien sûr de ce que t'as vu ?

— Ah ! Ouais, c'était bien le même gars qui a planté Mitsuya. Même sac en papier sur la tête, même vêtements, même chaussures aussi.

Draken continuait à fixer l'intérieur de la chambre, comme un vieillard aurait fixé son dernier horizon. Quelque chose lui triturait le cerveau, à propos de cette histoire.

Oui, mais c'est bizarre...

— Qu'est-ce qui est bizarre ? demanda Takemichi au grand blond en pleine réflexion.

Mikey ouvrit la porte sans sommation et s'avança à grandes enjambées, comme si la chambre était la sienne. Il fut vite suivi par Draken puis par Takemichi, qui avait failli ne pas être assez réactif pour rattraper la porte.

Les trois adolescents étaient arrivés en pleine discussion entre Chifuyu et Richiko qui semblaient déjà se connaître, tandis que Baji qui restait debout, les bras contre la poitrine, jetait un regard presque hautain dans leur direction.

— Tu parlais comme une précieuse, c'était archi drôle mais je l'ai fermée par respect, rit jovialement Chifuyu les mains posées sur la chaise où il était assis. C'était une imitation d'un bourgeois, c'est ça ? T'es super forte.

— C'est ma façon de parler habituelle, répondit-elle.

— Ah d'accord.

Chifuyu fit mine que tout allait bien pour lui et que sa question n'avait pas bidé, en hochant avidement la tête. Distraitement, il se retourna vers ses compagnons pour essayer de trouver un quelconque réconfort, à défaut d'une aide.

La seule chose qu'il put voir fut Baji qui étouffait un fou rire en silence, tout comme Draken qui s'était tourné vers la fenêtre.

Dans le dos de Chifuyu, Richiko fulminait comme un buffle. Un gros buffle déshonoré devant sa femme et ses enfants. Alors, comme un buffle, Richiko souffla grossièrement du nez comme simple réponse, mouvant son visage en une sorte de grimace retroussée et plus expressive qu'elle ne l'aurait voulu.

— T'es vexée, la gamine ? se moqua Draken, en mettant à rire ouvertement.

— Non.

Elle s'était cachée sous les draps pour ne plus les voir. Elle parlait comme une précieuse, elle ? La jeune brune ne savait pas pourquoi mais dans la bouche du blond "parler comme un bourgeois" sonnait péjoratif. C'est la seule manière de bien parler, lui avait-on dit ! Richiko, vexée, se terra dans cette grotte de tissus durant quelques instants, jusqu'à ce qu'elle entende le bruit de la porte s'ouvrir dans un grand bâillement.

La jeune fille se releva soudainement, fit une embouchure dans le tissus pour passer ses yeux de fouineuse puis les aperçut sur le point de quitter sa chambre.

— Bah, pourquoi vous partez ? questionna-t-elle avec beaucoup de sérieux dans sa voix.

La réponse était évidente pour tous, sauf pour Richiko visiblement.

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