Chapitre 33

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Rosalie

Ça fait une demi-heure que papa discute avec Quentin dans le jardin. Faut dire qu'après la bombe qu'il vient de lâcher :

« Maman papa, voilà : j'ai loupé mon année et ça ne me plaît plus »

Maman n'a pas compris tout de suite. Papa lui, a serré mon frère dans ses bras. J'essaie de la réconforter en lui disant que personne n'aurait pu prévoir qu'après cinq ans d'étude finalement, il voudrait se réorienter. Maman ne comprend pas comment elle a fait pour ne pas voir que son fils n'aimait pas ce qu'il faisait.

« Maman, ce n'est en aucun cas ta faute ! Maintenant tu vas prendre ce mouchoir et t'en servir, d'accord ? »

« Quentin, mon enfant, il s'est forcé pendant cinq longues années »

« Maman calme toi, Quentin va trouver ce qui lui plaît »

Mon frère nous regarde de loin, attristé par la scène. Il n'ose pas s'avancer dans notre direction. Les pleurs de maman cessent petit à petit et elle relâche mon poignet. Je marche vers Quentin. Ses yeux sont presque aussi rouge que maman.

« Tu as bien fait grand frère »

« Je sais »

Il me serre dans ses bras et je l'entends sangloter près de mon oreille. Il faut que je lui fasse penser à autre chose.

« On va préparer à manger »

J'arrive à lui tirer un petit sourire.

« Je te suis »

Ouf ça marche.

Nous rentrons pour préparer le repas suivis de papa. Il s'appuie contre l'encadrement de la porte pour nous regarder cuisiner, nous, ses enfants. Je lance quelques petits clins d'oeils à mon père qu'il me rend. Il prépare la table de son côté mais maman ne vient toujours pas.

« Miam il est excellent ce ragoût »

« C'est une recette que Julie m'a appris »

« Julie ? »

Oula papa se met en mode commère.

« C'est ma copine »

« Et tu nous la présenteras j'espère ! »

« Bien sûr elle arrive dans deux jours »

« Merveilleux ! »

Papa est aux anges de savoir Quentin entre les mains d'une demoiselle.

« D'ailleurs, c'est même elle qui m'a conseillé d'aller voir un conseiller d'orientation »

Quentin préfère remettre le sujet sur la table.

« Mais je ne l'écoutais jamais, je trouvais qu'elle abusait »

Papa tend l'oreille sans linterrompre.

« Ça fait maintenant 10 mois que nous sommes ensemble, elle m'a connu pendant mes études et puis, le jour où j'ai compris ce que je voulais vraiment faire dans la vie »

Dix mois déjà que Julie supporte mon grand frère, elle a du courage.

« J'ai loupé mon examen de commerce et l'université n'a pas accepté mon dossier pour une nouvelle année dans leur établissement. Je croyais que ma vie était finie à partir de là. La thérapeute que je vois depuis un mois maintenant a su me montrer des portes que je ne connaissais même pas et j'ai découvert l'événementiel »

Il parle à coeur ouvert et ses yeux brillent d'une nouvelle lueur.

« Je veux étudier cette spécialité ! Ça m'intéresse énormément et je sens que je peux y arriver. Vraiment ! »

Papa a les larmes qui coulent le long de sa mâchoire mais le sourire bien en place.

« Papa, j'ai besoin de ton accord, j'ai besoin de ta bénédiction même si je suis majeur parce que je sais que je n'y arriverais pas si vous ne me soutenez pas »

« Bien sûr Quentin, bien sûr que nous sommes avec toi. Nous serons toujours fier de toi, quoique tu puisses faire ou choisir si c'est ce que TU as décidé »

« Merci papa »

Maman sniffe du nez dans la pièce à côté. Elle s'avance plus près de nous.

« Maman... ! Je comprendrais que tu ais besoin de plus de temps- »

Maman serre Quentin dans ses bras.

« Je t'aime mon petit garçon »

« Je t'aime aussi maman »

Et c'est reparti pour le festival des larmes. Maman se joint à nous pour le repas. Nous discutons tout les trois pour savoir ce qui se passera pour les études de Quentin. Les recherches durent jusqu'à très tard et se poursuivent les jours suivant.

La rencontre avec Julie s'est parfaitement déroulée même quand mon frère a annoncé leur futur mariage, maman a juste failli tomber dans les pommes mais tout va bien. Ils ont pu discuter de la rentrée qui se fait dans un mois. De mon côté, je suis restée loin de tout ça. Les grandes villes m'effraient.

Après une semaine, j'apprends qu'ils partent. Tous. Ils vont tous à Paris pour l'école de Quentin. Et donc, je me retrouve seule, à nouveau. Pourtant, c'est un nouveau vide qui se crée en moi. Une solitude encore plus oppressante que les mois précédents. Je me sens délaissé, inutile.

Je passe deux jours, isolée dans mon lit sans bouger, ni manger. Le noir me tient compagnie. Une sonnerie résonne depuis une heure au salon. Je me lève faiblement et traîne le pas jusqu'en bas, espérant que le téléphone s'arrête de lui-même.

Je regarde mon téléphone. Laura. Je décroche et écoute mon amie.

« Coucou miss, soirée ce soir, t'es ok ? »

Le Soleil du Soir - FINIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant