Chapitre 1

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Hugo


Je me réveillai en sursautant, le corps couvert de sueurs froides. Mes oreilles bourdonnaient encore de mon cauchemar alors que je tentais vainement d'étouffer mes sanglots de détresse en plaquant ma main sur ma bouche. Malgré la terreur pure qui coulait dans mes veines, il fallait que je me calme. Je ne pouvais pas prendre le risque que mes parents m'entendent.

A tâtons, j'allumai ma lampe de chevet. Une douce lueur orangée se diffusa dans ma chambre, m'aidant à reprendre pied dans la réalité. Ce n'était qu'un foutu cauchemar, tout va bien.

Mais cela ne suffit pas. Pas cette fois. L'odeur des sous-bois était comme encrée dans mes narines et la sensation des feuilles mortes qui craquent sous mes pas précipités me hantait encore. Mon cœur s'affola à nouveau et un couinement misérable franchit mes lèvres. Je repoussai mes draps trempés de sueur et posai les pieds par terre. La fraicheur du parquet me fit l'effet d'un électrochoc. Les images tordues de mon sombre rêve s'évanouir, me laissant pleinement prendre conscience d'où j'étais. Dans ma chambre, en sécurité. Pas dans cette maudite forêt.

Je passais une main tremblante dans mes cheveux blond en reprenant mon souffle. Il était à peine 4h30 du matin et pourtant je savais que je n'avais aucune chance de me rendormir. Je soupirai. Mon psy dirait probablement que c'est de pire en pire. Et il aurait raison. Mais contrairement à lui, je sais qu'il n'y a rien à faire. C'était ainsi, un point c'est tout.

Aussi discrètement que possible, je partis prendre une douche et enfiler un survêt bien chaud. Armé de ma vieille guitare et d'une bonne tasse de thé, je m'installai sur la terrasse de notre petit chalet familial et commençai à jouer. Même si me réveiller en plein nuit, le cœur au bord des lèvres, le même cauchemar tournant en boucle dans ma tête était loin d'être une partie de plaisir, j'aimai venir passer du temps ici à admirer le soleil se lever sur notre petit village bordé d'une épaisse forêt. C'était le seul moment de la journée où j'étais libre. Le temps semblait se stopper et la seule chose qui comptait c'était les notes qui s'échappaient de mon instrument et que le vent emportait, comme pour s'assurer que cet instant restera à jamais mon petit secret. C'était aussi le moment où j'étais le plus proche de mon loup curieusement. Il ne sortait pas mais je le sentais, tapis au fond de mon esprit. Ses sentiments se mêlaient à nouveau aux miens, sa douleur s'apaisait au contact de ma peine et notre solitude devenait plus supportable.

Le soleil finit par se lever et le village en contre-bas commença à s'animer. De la fumée s'échappait de chez le boulanger, Lionel et ses gars disparurent dans les bois pour prendre la relève de la garde de nuit et Marie partit retrouver ses moutons, un livre à la main. Il était temps pour moi de rentrer.

Le bruit de la machine à café m'arrêta net à peine eu-je passé le pas de la porte.

Mes parents étaient debout.

Ma gorge se serra. C'était officiellement une journée de merde.

Un homme aussi large que grand sortit de la cuisine, me barrant le chemin. Ses sourcils hirsutes étaient froncés dans une expression sévère. Il avait une barbe brune bien taillée et des yeux bleus cristal. Son allure de bucheron n'enlevait rien de sa prestance, au contraire, chaque port de sa peau transpirait l'Alpha à des kilomètres.

-Qu'est-ce que tu faisais dehors à une heure pareille, gronda mon père d'une voix sourde, un café à la main.

Je me contentai d'hausser les épaules en contemplant mes pieds.

Aucun de nous ne manqua le soupire agacé que laissa échapper ma mère depuis la cuisine.

-Henri s'il te plait, pas aujourd'hui.

Avant qu'il ne soit trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant