Avant qu'il ne soit trop tard

Chapitre 15

Nicolas

Depuis la tempête de dimanche soir, la température avait chuté. La forêt sentait la terre mouillée et les premières feuilles commençaient à tomber, tapissant le sol d'orange et de jaune.

Face à moi, Hugo était plié en deux, les mains sur les genoux à essayer de reprendre son souffle.

-On commence à peine et tu es déjà mort ? Le taquinai-je.

Il me fusilla du regard. Ses boucles blondes tombaient négligemment devant ses yeux, lui donnant un air particulièrement sexy. Il était vêtu d'un simple short de sport noir et d'un t-shirt manche longue assorti.

L'après-midi touchait à sa fin. Après nos tâches respectives de la journée, nous nous étions retrouvés à la lisière de la forêt pour notre deuxième session d'entrainement de la semaine. On avait démarré par un footing et il était temps de s'attaquer aux choses sérieuses.

-Bon, repris-je en claquant des mains, hier on a fait une session remise en forme. Maintenant, on va voir ce que tu as dans le ventre.

Le blond se redressa, une lueur de défi dans le regard. Un frisson d'anticipation me parcourut. Aucun doute, l'heure qui suivait promettait d'être intense.

Sans plus d'explication, je me lançai vers lui et le percutai à pleine vitesse, nous envoyant tous les deux au sol. Ma respiration se coupa sous le choc de l'impact mais je me forçai à me redresser. J'envoyai mon poing en direction du visage d'Hugo mais ce dernier roula sur le côté, évitant de justesse mon coup. Son pied rencontra violemment mon genou et je grognai de douleur. Un rictus satisfait se dessina sur ses lèvres. Petit con, jurai-je mentalement. Il tenta à nouveau de frapper mon genou mais je fus plus rapide. D'un geste vif, j'attrapai sa cheville et tirai d'un coup sec dessus, le faisant basculer en arrière. Il atterrit durement sur le dos et, avant qu'il n'ait le temps de se remettre de sa chute, je m'assis sur ses anches et saisi ses poignets, le clouant efficacement au sol. Il se débâtit de toutes ses forces pendant une minute avant de renoncer.

-Tu n'as pas besoin de moi, par vrai blondie ? affirmai-je le souffle court.

Son rictus s'agrandit. Instinctivement, je resserrai ma prise. Ses joues étaient rouges sous l'effort et ses cheveux étaient plein de terre. Il avait l'air si... vivant. Je ne pus m'empêcher de l'admirer.

Dans ma tête, mon loup grogna d'appréciation, me ramenant brusquement à la réalité.

-Petit con, marmonnai-je en le libérant.

Mon insulte manquait de conviction mais le blond ne fit aucun commentaire, trop fière de lui. Je l'aidai à se redresser et roulai les yeux face à son sourire victorieux.

J'attrapai ma bouteille d'eau, en bu quelques gorgées et la lançai vers le plus jeune. Il l'attrapa au vol et se laissa tomber aux pieds de l'arbre le plus proche. Je le rejoignis, heureux de faire une pause. Etant donné qu'il savait déjà comment se battre, j'avais besoin de repenser notre entrainement.

-Pourquoi m'avoir demandé de l'aide ? Clairement, tu n'as pas besoin de moi.

Son sourire se fana. Il soupira et se leva. Pendant un instant, je crus que je l'avais vexé. Il attrapa un bout de bois et revient s'assoir à côté de moi. Interdit, je le regardai tracer des courbes dans la terre.

J'ai besoin de pratiquer.

Je me sentis bête. Hugo ne parlait pas et sans son carnet ou son téléphone, il était incapable de communiquer. Je déglutis et hochai la tête, le regard rivé vers ce qu'il avait écrit.