Chapitre 2

74 8 0
                                    

Nicolas


Il était à peine 9h30 quand nous descendîmes de l'avion. Le chef de la meute MacLeod nous attendait de pied ferme au pied de l'appareil, les bras croisés sur son torse. Derrière lui étaient regroupés une dizaine d'hommes. Tous arboraient une mine fermée et scrutaient avec attention les alentours, comme si un danger allait surgir à tout moment. Ce constat me fit froncer les sourcils alors que je descendais à la suite de mon père. Leur sécurité devait particulièrement laisser à désirer pour qu'ils soient autant sur leurs gardes.

Mon père ne se formalisa pas de cet accueil plutôt froid et se dirigea à bras ouvert vers l'Alpha MacLeod.

-Henri. C'est un plaisir de te rencontrer.

Les deux hommes se serrèrent dans une accolade virile.

-Tout le plaisir est pour moi, Thomas.

Ledit Henri parlait d'une voix grave et chaude qui collait bien à sa stature. Il passa distraitement une main dans sa barbe finement taillée et désigna d'un signe de tête un grand blond qui se tenait derrière lui, légèrement en retrait.

-Voici Lionel, mon Bêta. C'est lui qui est chargé de votre installation. Si vous avez le moindre problème concernant le transport ou le logement, adressez-vous à lui.

Mon père le salua d'un hochement de tête avant de présenter à son tour sa Béta, une jolie petite brune équipée d'un immense sac-à-dos noir du nom de Léa. Un coup de coude de sa part me fit comprendre que c'était à mon tour.

-Je suis Nicolas, l'aîné des Nolan et futur chef des Black Moon, me présentai-je en avançant d'un pas.

Tous les regards se tournèrent vers moi, me détaillant de la tête aux pieds. Pas le moins du monde intimidé, je relevai le menton fièrement et défiai du regard qui conque de remettre mon statut en question. Du haut de mon 1m90 et ma musculature finement travaillée, peu osait remettre en cause mon statut de futur chef.

Pour tous ceux qui n'étaient pas familier avec notre culture lupine, ce moment aurait pu paraître tout à fait banal, quoiqu'un peu gênant. Mais tous les loups présents ici avaient cruellement conscience de son importance. Ma meute s'apprêtait à s'engager à protéger la meute MacLeod et j'en était le futur chef. Chacun essayait de déterminer si j'avais les épaules pour perpétuer cet accord même après le départ de mon père.

Sans plus de cérémonie, Henri s'avança et me serra vigoureusement la main.

-Bienvenu sur notre territoire Nicolas.

J'hochai la tête en signe de remercîment quand un grand noiraud se détacha du reste des hommes de MacLeod. Il était habillé d'un simple t-shirt blanc et d'un jean. Son regard vert perçant était rivé sur moi.

-Je suis Nick Ruht, futur chef des Black Moon.

Il n'était pas le fils de Henri MacLoed, sa place entant que futur Alpha était particulièrement instable et pourtant, son ton inflexible et mesuré ne laissait aucune place au doute. Il avait l'air d'un garçon réfléchit et fort. Un bon chef de meute en somme.

Cette fois-ci, ce fut moi qui franchis les quelques mètres qui nous séparaient pour lui serrer la main et ainsi reconnaitre son titre. Un large sourire barra son visage.

-Bien, reprit Henri en frappant énergiquement dans ses mains, maintenant que nous en avons fini avec les formalités, que diriez-vous de rentrer au village ?

Tout le monde approuva et s'activa à charger nos valises dans les 7 berlines noirs garées en face de l'avion. Mon père, ma sœur et moi montâmes dans la voiture du barbu. Les deux Alphas passèrent le trajet à discuter de banalités tandis que ma sœur pianotait frénétiquement sur son téléphone. Comme moi, elle était particulièrement grande et possédait une masse indomptable de boucles brunes. La seule différence notable était nos yeux. Nous les avions tous les deux en amendes mais les miens étaient marron foncé, presque noir alors qu'elle avait hérité du vert pétillant de notre mère. Elle avait aussi hérité de son caractère bien trempé à mon plus grand malheur. Cela faisait d'elle une redoutable négociatrice – après tout, ce n'est pas pour rien que mon père l'a choisi pour s'occuper des affaires extérieures de la meute – et une terrible sœur qui ne sait que trop bien comment obtenir ce qu'elle veut.

Heureusement pour moi, le trajet ne dura pas longtemps. Entre l'avion et la voiture, mon loup n'en pouvait plus. Je fus donc plus que satisfait quand la berline noire se gara devant un petit chalet en bois qui se mariait très bien avec la forêt qui l'entourait.

Enfin dehors ! gronda mon loup avec enthousiasme.

L'air frais de la montagne me fit un bien fou. L'endroit était magnifique. Les arbres rouges-orangés réchauffaient l'atmosphère d'une agréable chaleur automnale.

-Voici ma maison, dit Henri en nous aidant à sortir nos valises du coffre. Nous sommes un peu à l'écart du reste du village mais la vue depuis la terrasse vaut le détour.

Laura s'extasiait sur l'architecture de la demeure à mesure que nous nous en rapprochions.

En entrant, nous fûmes accueillis par une petite femme aux cheveux blond comme les blés. Un sourire contagieux illuminait son visage.

-Ravie de vous rencontrer, je m'appelle Florence et je suis la femme de ce vieille ours mal léché, se présenta-t-elle d'une voix énergétique.

Ses yeux pétillaient d'amour et de bienveillance à l'égard de son mari qui l'embrassa avec un petit sourire. Mon loup remua en moi. Autant d'amour d'un coup était... déstabilisant et attendrissant.

Mon père nous introduisit à son tour et ma sœur s'empressa de commenter leur maison avec entrain.

-Où est Hugo ?

C'était comme si le bucheron venait de souffler toute la bonne humeur qui régnait quelques secondes plutôt. Sa femme se tendit et secoua négativement la tête, le visage peiné. Un grognement semblant provenir des entrailles de la terre résonna dans la pièce.

-Henri, l'avertit Florence d'une voix ferme.

L'Alpha ferma brièvement les yeux en inspirant profondément avant de se tourner à nouveau vers nous en arborant un sourire d'excuse.

-Venez, je vais vous montrer vos chambres.

Comme si de rien n'était, la petite blonde avait retrouvé toute sa joie de vivre. Elle nous entraina à sa suite, nous faisant visiter rapidement la maison.

-Le déjeuner sera servi à 12h30. En attend, je vous laisse vaquer à vos occupations. Cette après-midi nous visiterons le village ensemble si vous voulez et ce soir nous avons organisé un barbecue sur la place du village. Ce sera l'occasion de faire connaissance avec le reste de la meute !

Ses yeux pétillaient d'excitation. Elle débordait tellement d'énergie que je n'aurais pas été étonné de la voir sautiller sur place comme une enfant.

Mon père la remercia chaleureusement et partit rejoindre son mari pour prendre un café. Ma sœur s'éclipsa dans sa chambre pour travailler tandis que je m'empressai d'aller enfiler ma tenue de sport. Mes jambes me démangeaient et entrapercevoir la forêt tout à l'heure m'avait donné une furieuse envie d'aller courir.

Je sentais mon loup remuer d'impatience alors que je descendais les marches à la volé. Une voix grave m'arrêta net dans ma course.

-Où vas-tu gamin ?

Quelque chose dans son ton de l'Alpha MacLeod me fit grimacer. Il semblait à la fois en colère et... inquiet ?

-J'ai besoin de me dégourdir les jambes. Je pensais aller courir, répondis-je d'une voix neutre, pas le moins du monde impressionné par les 90kg de muscles qui me faisait face. Cela pose problème ?

-Reste aux abords du village alors. La forêt n'est pas sûre ces temps-ci.

J'hochai la tête en contenant tant bien que mal mon loup qui grognait de frustration. Henri sourit en voyant ma concentration.

-Ton loup et toi avait l'air très proche, ça fait plaisir à voir, dit-il en repartant vers le salon, me laissant planté au milieu du couloir, confus.

Qu'est-ce qu'il avait voulu dire ? Evidemment que j'étais proche de mon loup. Il faisait littéralement partie de moi, comme pour tout le monde. Enfin pour les gens comme nous. Rejeter son loup c'était comme rejeter une part de soi. Personne ne peut faire ça sans souffrir le martyr.

L'impatience de mon loup finit par me rappeler à l'ordre et je repris mon chemin direction la lisière de la forêt. Quelque chose clochait définitivement dans cette meute. Entre l'hypervigilance de ses membres, l'interdiction d'aller dans la forêt et l'étrange comportement des MacLeod à l'évocation de ce Hugo, rien n'allait. Il allait falloir que je metteau clair tout ça. Hors de question de signer un pacte avec une meute qui garde autant de secrets.

Avant qu'il ne soit trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant