III. La voie de l'eau

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La voie de l'eau relie toutes chose : avant la naissance et après la mort.

J'attrape quelques branches et quelques cordes tissées par les soins de ma mère, et je fais mon propre totem en plus petit. Elle me reprend plusieurs fois en m'expliquant comment faire.
Notre première nuit dans le village Awa'atlu.

Rochers des Ilu ; début d'après midi

- Le chemin de l'eau n'a ni début ni fin. Nos cœurs battent dans les entrailles du monde. L'eau relie toutes les choses, la vie à la mort, l'obscurité à la lumière. La mer donne et la mer prend. Imaginez une flamme, prenez le temps de respirer.

Tous assis en tailleur, en cercle, il y a moi, kiri, Rotxo, Tuk et Ao'nung, Tsireya nous apprend l'apnée aujourd'hui, comment plongé et rester le plus longtemps sous l'eau. Elle se relève et pose ses mains sur le ventre et la poitrine de Lo'ak.
- Respires par là. Elle dis en lui montrant. Ton cœur. Il bat trop vite Lo'ak.
- Pardon, je vas me concentrer.

Ils ne se lâchent pas une seconde des yeux. On échange discrètement des regards moqueurs avec Rotxo, c'est si drôle de le voir être à fond sur tout ce qu'elle dis et tout ce qu'elle fait, et elle qui fais semblant de ne rien remarquer. Kiri lève les yeux au ciel parce qu'on en ris. Je sens une main se glisser sur ma poitrine et je m'étouffe presque. Je pose ma main instinctivement sur celle qui fait intrusion sur mon corps, je crois que j'ai oublié comment on respire.

- Eh mais dis moi Neteyam, ton cœur aussi il bat super vite, ce serait donc typique des Na'vi de la forêt ? Ao'nung me demande en explosant de rire, sa main toujours sur moi.

Cette remarque s'adressait plus aux autres qu'a moi, tout le monde ris, Rotxo jette un regard à Kiri et il tend sa main vers elle, elle lui lance un regard ennuyé et il retire immédiatement le geste qu'il n'a pas encore eu le temps de faire.

Pour une fois c'est moi qui fixe Ao'nung, mon cœur ne veut pas se calmer, qu'est-ce que, pourquoi il a fait ça ? Il a une grande main, ses doigts sont aussi plus long, elle est douce, comme la dernière fois quand il m'a aider avec mon Ilu, elle fait se dresser mes poils partout sur mon tors. Je me ressaisis.
- Ao'nung, c'est là le cœur. Je dis en resserrant mon emprise, je remonte sa main légèrement plus haut pour la positionnée sur le tambour bruyant qu'est devenu ma poitrine en quelques secondes.
On se regarde, il se passe quelque chose à ce moment là, est-ce que c'est parce qu'il enferme mon cœur sous sa grande main que ça fait autant de bruit à l'intérieur ? Où c'est lui qui me fait ça ? Puis j'enlève ma main et et Ao'nung retire la sienne.
- Tu sais même pas où est le cœur, c'est à se demander si t'en as un. Dis Lo'ak en haussant les sourcils.
Ça fait rire les autres puis Tuk change de sujet et on passe tous vite à autre chose. Pas moi. Mon cœur continue de se faire sentir même plusieurs minutes après.

Ça fait déjà plusieurs jours qu'on est là, on ne fait rien d'autres qu'apprendre intensivement du matin jusqu'au couché du soleil. Kiri reste un mystère pour tous le monde, elle donne l'impression d'avoir toujours vécu ici, Eywa l'aime on dirait, mais elle a l'air vraiment très triste. Lo'ak n'a jamais montré une évolution aussi rapide, j'ai l'impression qu'il trouve sa place ici, il est très attentif aux leçons de Tsireya et quand on est pas tous ensemble, eux ils le sont. Tuk reste Tuk, proche des animaux, intéréssée par tout et par tout le monde c'est la seule qui s'est réellement ouverte aux autres Metkayina, elle s'est faites des amis de son âge et plus âgés, elle adore Tsireya et lui a offert des perles qu'elle avait taillé du temps ou on était dans la forêt, je vais finir par être jaloux. On a eu l'occasion d'en savoir plus sur les traditions des Metkayina, en général, déjà le matin ils se lèvent tous à l'aube, les Marui sont ouvert, on mange des fruits des restes du dîner de la veille, puis Tsireya et Ao'nung viennent nous chercher avec Rotxo qui participe activement à tous nos entraînements, le déjeuner se passe chez nous avec nos parents, c'est le seul moment, sans compter la nuit où je peux passer du temps avec eux, Maman passe son temps soit avec son Ikran soit avec Ronal qui la forme à devenir Tsahik, papa lui il s'entraîne avec Tonowari. J'ai pu observé un peu leurs mode de vie, il est très tranquille la matinée mais c'est l'après-midi que le vrai travail commence : les canoës sont entretenus, pour que le bois ne pourrit pas, c'est généralement aussi à ce moment là qu'évolue la constructions d'autres canoës. Je les vois prendre soin des Tsurak et des Ilu, les nourrir, les traiter comme des membres de leurs famille, nettoyer les passerelles, récolter des coquillage. Quand le soleil retombe c'est la partie de la journée que je préfère, c'est là que des milliers de couleurs naissent et je me répète mais quand je vois ça ça me fait presque oublié que je ne suis pas chez moi. Le soir, tous le monde se rassemble pour manger ensemble, chaque famille apporte un plat préparé que l'on partagera avec d'autres, c'est aussi le moment où les plus belles histoires sont contées, des chants, des danses. Ils croient dur comme pierre que le secret d'un grand peuple fort et confiant repose sur la construction d'interactions, souvent on a même la visite de membres de villages voisins, je dois avouer que j'ai hâte d'aller voir comment sont les soirées chez les clans autour d'Awa'atlu. J'aime assister à tout ça, voir des yeux briller et voir des choses qui font briller les miens.

Ao'nung se lève, je tape doucement des mains pour encourager les danseurs, il s'assoit à côté de moi. Il ne m'a pas dis un seul mot, il ris et parle fort avec d'autres, mais il était là avec moi tout ce temps sans jamais faire plus qu'être là.

Si je devait faire un classement, la nuit serait dernière de mes moments préférés, quand mes paupières éteignent les lumière du villages, que je me retrouve allonger sur mon hamac, que ma gorge commence à laisser passer moins d'air, je me demande combien de temps on va rester ici. Je me sens bien quand je suis dans l'eau et le soleil qui se couche tous les soirs pour m'offrir un moment de contemplation totale, et j'aime la compagnie des Metkayina mais je crois que je ne réalise pas. On ne rentreras pas à la maison. Je fais toujours tout ce que demande papa parce que c'est mon modèle, mon guide, la personne que j'admire le plus au monde, je ne douterai jamais de lui, il me porterai avec les dents s'il n'avait plus de bras pour me sauver, mais ses mots me mettent dans un état que j'ai du mal à identifier : « C'est ici notre maison maintenant », je crois que je ne me suis pas tout de suite rendu compte, ou plutôt que j'en prend conscience que quand il fait noir et que rien d'autre ne peut m'occuper, mais la forêt, est-ce que c'est toujours notre maison ? On est vraiment parti pour ne plus y retourner ? Quand est-ce que j'y retournerai ? Je crois que le fait d'avoir terminer l'entraînement de Tsireya et Ao'nung me font me demander qu'est-ce que je vais faire demain, et les autres jours.

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( chapitre relativement court mais le prochain va être super long. Je suis consciente que ça n'avance pas très vite entre Neteyam et Ao'nung, normalement dans les prochains chapitre je ferai évoluer leurs relation plus vite. J'espère quand même que ce que j'écris plait au moins à une personne)

(Si vous avez des suggestions quant à ma façon d'écrire je suis attentive, ma soeur m'avait conseiller de moins me concentrer sur les évènements du film et je trouve que ça rend mieux depuis que je suis son conseil, donc je prends les recommandations avec plaisir)

Neteyam x Ao'nungOù les histoires vivent. Découvrez maintenant