James et Theresa

Chapitre 3

Mes doigts, nerveux, se referment sur la flute de champagne que j'ai attrapé sur le plateau d'un serveur qui passait près de nous. Autour de moi, virevolte tous ceux qui font tourner le monde. Les hommes et les femmes les plus puissants semblent tous s'être donné rendez-vous à cette soirée. J'ai l'impression que c'est écrit sur mon front que je n'ai rien à faire là. Mais je reste calme. Je pense à ma carrière et me dis que tout se passera pour le mieux. Pour le moment, je reste à coté de mon patron qui serre des mains et embrasse des joues à chaque pas qu'il fait. Lors d'un petit moment de calme, il se tourne vers moi.

"- Tout vas bien Theresa ? Il me demande.

- Tout va bien Mr Lynch !" Je réponds en me forçant à sourire.

Il me regarde et m'adresse un sourire satisfait à son tour.

"- James. Te voilà enfin. J'ai cru que nous te verrions pas à cette soirée."

Je reconnais cette voix tranchante comme un rasoir qui nous tombe dessus. Les petits poils de me nuque se redresse d'un seul coup. Face à nous Conrad et Corine Lynch, qui règnent encore dans les coulisses d'une main de maitre sur l'empire qu'est The Company. La tension qui s'empare de mon patron est évidente, lui-même ne parvient pas la cacher.

"- Père, mère. Veuillez m'excuser, je n'avais pas encore eu l'occasion de vous croiser. Vous allez enchérir ce soir ? Dit mon patron.

- Cela dépendra des lots. Mais très certainement. Dit Corine.

- Earl n'est pas avec vous ? demande James.

- Je remarque qu'il n'est pas avec toi non plus. En revanche." Dit Conrad.

Les yeux du père de mon patron se posent sur moi, et j'ai l'impression de me liquéfier sur place. L'un des hommes les plus puissant d'Amérique... prêt à me juger et à me détruire en quelques mots s'il le veut.

"- Tu ne nous présente pas James ? Dit Corinne.

- Theresa Davis. Elle m'accompagne pour s'occuper de l'acquisition de Tech Care. Dit James.

- Qu'est-il arrivé à Charly ? C'est pourtant lui qui avait la charge de ce dossier. Dit Conrad.

- Charly a laissé passer de grossières erreurs que seule Theresa a remarqué. C'est elle qui connait le mieux le dossier." Répond mon patron.

Conrad boit quelques gorgé de champagne, imperturbable.

"- J'espère que tu sais ce que tu fais. Tu sais que cette acquisition est capitale. Cela serait fort dommage que tu loupe la dernière marche, James." Dit Conrad.

Dur de passer à côté de la menace à peine voilée.

"- Ton fils sait ce qu'il fait, chéri. Du moins, je l'espère." Dit Corinne.

Avec des parents pareils, James n'a pas besoin d'avoir des ennemis. Ça me fait froid dans le dos. Une silhouette fend soudain la foule et viens vers nous. Je reconnais lui aussi tout de suite, il s'agit de Martin Winckler, le maire de New York et un vrai requin en politique. Ses dents sont tellement longues qu'on pourrait le suivre aux traces qu'elles laissent sur le parquet.

"- Les Lynch, réuni au grand complet ou presque ! Quel plaisir." Il dit.

Pour attirer l'attention de mon patron, j'attrape délicatement son bras.

"- Je vais vous laisser un moment Mr Lynch. Je... je dois aller aux toilettes." je lui murmures.

C'est une excuse pitoyable mais c'est la première qui m'est venue. Et puis, je n'ai surement pas ma place dans la conversation qui va suivre. Mon patron parait déçu, mais hoche la tête. Je m'éclipse sans attendre. Je m'éloigne pour me perdre un peu dans la foule.