En un coup de baguette

Un nouveau moi, de nouveaux nous

Depuis quelques jours maintenant, Hermione tentait tant bien que mal de s'acclimater à sa nouvelle condition, tout en évitant d'attirer l'attention. Cela n'était pas chose aisée. Elle pouvait justifier la fatigue, le manque de concentration, par le surmenage. Mais... La perte de sa magie ? Impossible. Il fallait à tout prix que cela reste un secret. Personne d'autre qu'elle et son médicomage ne devait être au courant. Imaginez un peu les gros titres : "Une ministre de la magie sans magie" ou encore "La ministre de la magie a tout perdu" ou bien "Pas de pouvoirs magique, on vous dit tout sur l'arnaqueuse". La jeune femme en frissonna d'angoisse. Non, définitivement, cela devait rester un secret.

De nouveau perdue dans ses pensées, elle n'avait pas entendu que l'on frappait à la porte.

- Madame la Ministre ? demanda une voix timide.

Elle releva prestement la tête pour apercevoir, dans l'encadrement de la porte, un jeune homme, à l'allure longiligne, au nez long et droit, qui attendait la permission d'entrer. Elle l'y invita et il s'avança vers elle. Elle ne l'avait jamais vu et fut frappée par sa peau incroyablement clair.

- Je vous apporte le compte-rendu de la première semaine de réinsertion de Monsieur Malefoy, dit-il simplement, en lui posant le dossier qu'il tenait, sur son bureau.

- Vous êtes nouveau, monsieur... ?

- Freshtyre, madame la Ministre. Oui, j'ai commencé il y a deux semaines. C'est un honneur de travailler sur ce projet. C'est une excellente initiative, si je peux me permettre.

- Permettez-vous, bien sûr, répondit-elle en lui souriant, ravie de voir que l'on partageait son avis.

Il la salua et prit la direction de la sortie sans demander son reste. Le mince sourire qui s'était dessiné sur ses lèvres ne la quitta pas tout de suite. Elle était ravie de voir que le service recrutement faisait du bon boulot, en ajoutant des éléments jeunes et intéressés à l'effectif du ministère.

Replongeant dans son esprit agité, elle ne fit pas attention à la fine pellicule transparente, comme de la poussière, qui parsemait le document.

Elle parcourut le dossier que lui avait porté le jeune Freshtyre et souffla de soulagement. Elle n'avait pas osé imaginer que cela se passerait bien, alors le lire lui mettait du baume au cœur. Bon, l'ancien Mangemort ne faisait pas des millions d'effort pour s'intégrer à la vie familiale mais il se tenait, au moins, à carreaux. À croire le rapport devant ses yeux, il s'adonnait régulièrement à des "joutes verbales enfantines avec l'adolescente de la famille". Cela ne l'étonnait guère. Harry lui avait parlé de cette demoiselle et visiblement, son air piquant ne lui avait pas plu.

Las de sa journée, elle reposa le dossier à la fin de sa lecture et bailla à s'en décrocher la mâchoire. Elle était épuisée. Regardant dans le vide un instant, elle se résigna à rejoindre ses amis au bar moldu où ils devaient se rendre ce soir-là. Il leur arrivait fréquemment de se rendre dans le monde moldu pour passer inaperçu. Être célèbre n'avait pas que des avantages. Et la possibilité d'être comme monsieur et madame tout le monde pendant une soirée leur faisait à tous le plus grands biens.

Elle se leva donc, mis un semblant d'ordre dans son bureau, et rassembla ses affaires pour partir. Elle allait partir lorsqu'elle fut rattrapée par la réalité. Sa nouvelle réalité... Elle ne pouvait plus transplaner. Elle le savait déjà, puisqu'elle n'avait plus en elle que de la magie primitive... de la magie enfantine. Lui en restait-il seulement encore ? De cette magie originaire ? Ou avait-elle réellement tout perdu ?

De l'autre côté de la barrière invisible du monde des sorciers, six d'entre eux s'étaient rassemblés dans un bar. Le Evans and Peel Detective Agency*, était l'endroit idéal selon eux. Un côté vintage, qui leur rappelait leur monde qui évoluait différemment de celui des moldus, un coin discret comme si seuls ceux qui connaissaient l'adresse pouvait s'y rendre et, évidemment, des cocktails excellents ! Il fallait bien l'avouer, le dernier argument était pour convaincre Blaise qu'il en valait la peine...