𝟺 - 𝙎𝚗𝚝𝚛𝚎 𝚕𝚎𝚜 𝚊𝚌𝚝𝚎𝚜.

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𝐓𝐢𝐭𝐚̀𝐧.

Les pensées en pleine confusion après le bombardement d'explications larmoyantes de Summer, de justifications plus ou moins légitimes des autres puis la dispute entre mon père et Gary qui nous ont offert un spectaculaire désaccord sur les décisions prises par mon paternel et son ancien VP, je vérifie mes munitions avant le départ. Déphasé, je ne vois pas immédiatement Jude pénétrer dans mon bureau. Rose occupe chacune des idées qui me transpercent, je deviens fou. Littéralement.

Du sang va devoir couler pour laver ma colère. Je veux toute une rivière.

— On y va, le contourné-je en le sentant à ma droite.

Mais il ne bouge pas, les bras croisés sur son gilet par balles. Je vais pour beugler, mais le souffle me manque soudain.

— Tu penses à elle ?
— Tout le temps, lui avoué-je sans savoir pourquoi je me livre ainsi tout à coup.

Peut-être parce que tu en as besoin, connard !

— Depuis quand ?

Embrouillé, je lui demande, plus par réflexe :

— Pourquoi ?
— Réponds à la question, enfoiré !
— Enfoiré toi-même, Cupidon ! cinglé-je méchamment, à quelques centimètres de lui, si près que je peux compter les ridules autour de ses yeux acier.

Il se tait, me dévisage, puis reprend :

— Fous-toi de ma gueule tant que tu veux si ça peut te faire oublier ta connerie Titàn, mais quand j'aurai passé cette porte, la désigne-t-il trop calmement, tu te retrouveras tout seul comme le con solitaire que tu as toujours voulu être, mon frère. Moi je n'ai peut-être rien dit ni aux gars ni à toi, mais je n'ai jamais rien caché à Winona. Je lui ai dit que je l'aimais à la seconde où je l'ai compris, parce que je voulais qu'elle ait au moins ça au cas où je ne rentrais pas un soir. Qu'elle sache. Qu'elle ne se pose jamais cette question. Que cette certitude que j'aie des sentiments l'accompagne où qu'elle aille, qu'elle ait conscience que je ferai toujours tout pour rentrer. Pour elle. Pour nous. Qu'est-ce que tu as donné à Rose, toi ?

Il prend mon mutisme pour une réponse, je suppose, et secoue sa tête, dépité pour moi.

— Je vais répondre à ta place alors : tu l'as dans la peau depuis le début. Depuis que tu lui es rentré dedans. T'es parti en France la rejoindre, putain ! Tu ne t'es pas dit que rien que ça, c'était le signe que tu l'aimais déjà ?
— Je ne la connaissais pas, grogné-je en agrippant ma nuque des deux mains de toutes mes forces.
— Bordel mec, t'es sacrément con alors. Le temps ne compte pas !

Elle, si..

— Je l'ai bannie sur le moment pour la protéger ! m'écrié-je tandis qu'il tournait les talons. Je ne voulais pas qu'elle soit là ! Qu'elle devienne une cible ! Qu'elle soit mêlée à tout ça, je lui avais toujours dit ! Je...
— Ce que tu as dit tout à l'heure... elle t'a entendu.

Tout le monde m'a entendu !

— Je sais ce que tu ne lui as pas dit, se retourne-t-il vers moi, un doigt hargneux dans ma direction, mais je me doute aussi de ce que tu as dû lui balancer et comment, mon frère, je te connais.

Je ne réplique rien. Je ne peux pas.

— Tu as dû lui raconter pourquoi tu ne veux pas de femmes dans ta vie, que c'est dangereux pour elles et que tu ne t'attaches pas. Jamais. Que tu avais envie d'elle mais que tu ne serais jamais capable de plus parce que ton rôle, c'est le Clan et rien d'autre.

Il appuie sur le bouton de ma culpabilité, oxygénant le brasier en moi.

— Elle s'est barrée en pensant qu'elle n'avait plus rien Titàn : plus de famille, juste son jumeau à sauver pour que lui puisse voir son gosse grandir. Que tu ne te rendes pas, aussi, parce que je pense que de vous deux, elle a été la seule à s'avouer ce qu'il se passait entre vous. Elle a cru qu'elle ne nous avait même plus nous quand tu l'as virée d'ici pour qu'elle rentre en France, qu'elle n'avait aucune importance pour le Club, une pauvre chose qu'on balance quand on n'en veut plus...
— Ferme-là ! FERME-LA !

Ne dis pas ça.

— Titàn, Rose est partie. Tu lui as filé le Quid et l'itinéraire pour se sacrifier à grand renfort d'endoctrinement pour garder ta liberté à la con. Sauf que dans ton plan merdique pour avoir le Clan et son cul comme si elle n'était qu'une des chaudasses que tu prends en douce quand t'as envie de baiser, t'as oublié que les choses ne se passent pas toujours comme toi, Adamson, tu veux qu'elles se passent. Tu pensais lui vendre ton sacrifice pour qu'elle comprenne ton investissement et ne pas t'encombrer d'elle quand t'avais mieux à faire, mais c'est le sien que tu as écrit à l'encre de tes explications.

— JE LUI AI DIT QUE JE LA PROTÉGERAI ! QU'ELLE DEVAIT ME FAIRE CONFIANCE !

Je hurle, mais rien ne fait taire les voix dans ma tête. Rien n'efface son visage défait. Ses larmes.

— Alors on va faire ce qu'elle veut pour qu'elle n'ait pas fait ça pour rien : on va buter ces enfoirés jusqu'au dernier et plus tard, ce sera le moment de soulager nos consciences.
— Arrête, grondé-je voyant où il veut en venir. Elle va leur dire ce qu'ils veulent et ils vont la...
— Et ils vont la tuer Titàn, riposte-t-il tel un oracle morbide. Elle le savait en y allant, je le sais. On le sait tous. Même si ça nous flingue. Ouvre les yeux, merde ! On ne va pas chasser un fantôme, mais on peut faire en sorte qu'elle ne soit pas...
— TA GUEULE ! NE DIS PAS ÇA !

Non... non, elle ne va pas crever pour nous. Elle ne va pas mourir à cause de moi. Pas pour moi. Pas pour lui. Pour personne !

— Ouais, OK, t'as raison, pardon, s'excuse-t-il sincère, les paumes en avant. Mais prépare-toi mon frère.
— À quoi ?

Un silence. Dix éternités. Des milliers de morts lentes pour mon palpitant.

— Quand l'aube se lèvera dans quelques heures, toi, tu seras dans les ténèbres, se désole-t-il de nouveau. On sera tous là, mais pas elle. Pour le moment, sers-toi de ta rage contre eux et demain...
— Demain ?
— Tu te regarderas dans un miroir, et tu verras ce que tu as perdu.

Moi.

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SAUVAGES  | romantic-suspense en cours de retraitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant