Chapitre 9

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Hermione eut un sourire approbateur, mais elle resta inflexible sur son intention de prendre soin de Drago. Il allait mal lui aussi,

— Je vais envoyer un hibou à ta mère si tu veux, mais je ne compte pas te laisser repartir si facilement. Au moins pas tant que Harry et toi n'ayez eu une bonne explication.

L'espoir se disputa à la crainte sur le visage de Drago et il haussa les épaules, affichant une fois de plus un air résigné qu'il n'avait jamais eu auparavant.

Finalement, il soupira avec tristesse.

— Il ne voudra pas me voir.

Hermione ne répondit pas, mais elle afficha un petit sourire malicieux et supérieur. Elle conduisit Drago vers une chambre d'amis et fit venir d'un accio une fiole de sommeil sans rêves.

Le regardant avec une fausse sévérité, elle la lui tendit.

— Non négociable. Tu as l'air de ne pas avoir passé une bonne nuit depuis un moment, alors tu prends du repos et on s'occupe du reste. C'est compris ?

Drago hocha sagement la tête, sans oser protester. Une fois seul dans la chambre, il se déshabilla lentement jusqu'à rester en sous-vêtements et il se glissa entre les draps frais avec un soupir épuisé.

Mal à l'aise d'être dans une chambre inconnue, il gigota longuement pour trouver une position confortable, puis il but la fiole de potion, remerciant mentalement Hermione pour sa prévoyance. Au moins, il aurait quelques heures de sommeil et il ne serait pas à se torturer au sujet de Harry et de sa réaction en le voyant...

Lorsque Hermione se glissa dans la chambre pour voir comment il allait, il ne s'en rendit même pas compte, puisqu'il était déjà profondément endormi.

Hermione et Ron restèrent un long moment dans les bras de l'autre, un peu sonnés des révélations de Drago.

Que les deux jeunes hommes se soient disputés n'était pas un évènement en soi. Ils avaient eu l'habitude des confrontations entre ces deux-là et tous les couples passaient par des turbulences. Cependant, découvrir que leur rupture tenait à si peu de choses, à juste une histoire de fierté mal placée et aux vieux démons de Harry qui l'obligeaient à se punir était un choc.

Hermione soupira, puis chuchota, d'une voix un peu tremblante.

— Et maintenant ?

Ron resta longuement silencieux avant de répondre d'une voix bourrue.

— Tu surveilles la fouine, je vais chercher au square cette fichue tête de mule.

Hermione lui donna une bourrade dans l'épaule pour le réprimander du surnom datant de Poudlard, mais le cœur n'y était pas vraiment. Il y avait bien longtemps que Ron n'avait plus la moindre animosité envers Drago et elle le suspectait d'être aussi inquiet pour lui qu'il l'était pour Harry.

La jeune femme se frotta les yeux.

— Je vais prévenir sa mère qu'il est en sécurité. J'espère que son père ne posera pas de problèmes... Drago n'a pas besoin d'être enfermé dans une vie qu'il déteste !

Les yeux de Ron brillèrent de colère et il laissa échapper un grondement agacé.

— Je ne vais pas les laisser le détruire encore de cette façon ! Il est majeur et libre de faire ses propres choix !

Hermione lui offrit un sourire resplendissant et se jeta à son cou, avant de l'embrasser comme s'il n'y avait pas de lendemains.

C'est avec un sourire un peu idiot — et terriblement satisfait — que Ron entra dans la cheminée pour se rendre square Grimmaurd, avec la ferme intention de ramener son ami par la peau des fesses puis d'avoir une sérieuse discussion avec lui pour l'obliger à être moins borné.

Il n'était peut-être pas très doué question sentiments, mais il était assez lucide pour voir que le Square n'était pas une maison agréable pour y construire une vie heureuse et épanouie. Il était temps que Harry tourne le dos au passé et se décide enfin à se pardonner de fautes qu'il n'avait même pas commises.

Lorsque Drago ouvrit les yeux, quelques heures plus tard, il resta quelques longues secondes à regarder autour de lui, perplexe. Il lui fallut quelques instants pour se souvenir qu'il avait revu Harry, que la rencontre entre eux s'était soldée par un désastre et qu'il avait suivi Ron et Hermione sans chercher à protester.

Il refoula une soudaine envie de pleurer en se souvenant qu'ils l'avaient soutenu et qu'ils ne lui avaient rien reproché...

Il sursauta en tournant la tête, lorsqu'il découvrit Hermione installée sur un fauteuil, un gros livre ouvert sur les genoux. Elle l'observait en silence, attendant vraisemblablement qu'il se réveille tranquillement.

Drago se redressa, en passant la main sur son front, évitant le regard de la jeune femme.

Du coin de l'œil, il la vit fermer son livre et poser les mains dessus, puis elle murmura, calmement.

— Ta mère est prévenue de ta présence ici. Elle m'a remercié de l'avoir informée et elle... espère que tu pourras te reposer un peu et prendre la meilleure décision possible pour ton avenir.

Drago cligna des yeux et il hocha vaguement la tête, un peu surpris. Hermione eut une brève hésitation avant de soupirer en secouant la tête.

— Ron est parti chercher Harry. Ça fait un moment qu'il est parti alors je suppose qu'il a du mal à le convaincre... Je voudrais que tu saches que, quelle que soit ta décision à son sujet nous... te soutiendrons.

Il fallut quelques instants au jeune homme pour comprendre les mots de Hermione et il hoqueta.

— Je ne comprends pas...

Hermione lui sourit gentiment.

— Ne te méprends pas, j'aime Harry comme un frère, mais il peut être terriblement borné. Vous avez besoin de vous expliquer tous les deux, mais je pense qu'il s'accroche à cette maudite maison pour de mauvaises raisons.

Drago se frotta les yeux en soupirant.

— Sa culpabilité.

La jeune femme hocha la tête avant de murmurer, les yeux dans le vague.

— Si j'avais compris plus tôt, je l'aurais obligé à s'éloigner un peu... avant qu'il se décide à y vivre de façon permanente...

À ces mots, Drago ricana, avec l'impression d'avoir un trou béant au milieu de la poitrine, comme à chaque fois qu'il pensait à Harry. Il se frotta distraitement à l'emplacement du cœur, essayant de ne pas se souvenir du passé et des moments heureux, avant de murmurer, dépité.

— Depuis quand est-il possible d'obliger Potter à faire quelque chose qu'il ne veut pas ?

Cœurs brisésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant