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Jisung n'avait jamais été très populaire. Il ne rentrait dans aucune case. Il était associable mais pas timide. Il travaillait tout le temps mais avait de mauvaises notes. Il était beau mais ne faisait pas attention à son apparence. Aucun mot ne pouvait le définir. Et ça, ça faisait peur aux autres. Les lycéens de son âge aimaient les gens bien carrés qui correspondaient parfaitement à tous leurs critères. Alors la personnalité contradictoire de Jisung les mettait mal à l'aise.

Mais lui, il s'en fichait un peu. Il était habitué à toutes ces messes basses et aux furtifs regards qui le jugeaient incessamment. À force, il n'y faisait même plus attention. Il était toujours seul. Mais ça ne le dérangeait pas. Il aimait bien rester avec lui-même. Il observait le monde.

Depuis tout petit, il avait toujours porté grand intérêt à ce qui l'entourait. Il observait toujours tous les détails, analysant et comprenant le fonctionnement des choses qu'il croisait. Mais contrairement aux autres enfants, il avait toujours eu du mal à émettre une préférence. Pour lui, tout était sur un pied d'égalité. Il n'avait aucune raison d'apprécier plus une couleur qu'une autre. Elles étaient toutes différentes. Pour lui ce n'était pas comparable. Elles avaient toutes une teinte et une signification différente. Pourquoi essayer d'en détacher une par rapport aux autres ? Ça n'avait pas de sens. Le vert était la couleur des feuilles, le rouge celle des roses, le bleu celle du ciel et le jaune celle des pissenlits. Et c'était tout.

Jisung avait toujours fonctionné comme ça. Mais un jour, quelque chose avait tout balayé avec une aisance déconcertante. Et ce quelque chose s'appelait Lee Minho.

Alors que Jisung était sur le point d'assister au dix-septième printemps de sa vie, son quotidien si bien ancré avait changé. Ce jour-là, le soleil brillait haut dans le ciel. Pas un seul nuage ne venait lui faire concurrence. Sur les branches des arbres, quelques fleurs commençaient doucement à éclore dans l'air frais de fin d'hiver. Ses parents avaient dit que c'était une belle journée. Mais Jisung, lui, ne la trouvait pas plus extraordinaire que les autres.

Il marchait lentement à l'ombre de la rue verdoyante qui conduisait à son lycée. Son regard ne cessait d'aller à droite à gauche, guettant chaque détail de ce paysage qu'il connaissait par cœur mais qu'il ne cessait pourtant de découvrir. Au-dessus de lui, les grands arbres déployaient leur jeune feuillage, projetant des ombres translucides sur son corps fin. À sa gauche, le canal qui bordait les maisons de pierre roucoulait tranquillement jusqu'à se jeter à travers la grille de métal où s'entassaient les feuilles mortes. Plus haut, le linge fraîchement lavé séchait comme chaque matin au-dessus du trottoir, ondulant doucement sous la fraîche brise. Et puis là, près des poubelles, un ourson en peluche semblait abandonné sur une pile de cagettes en bois clair.

Jisung s'arrêta quelques secondes, détaillant ce doudou qu'il n'avait jamais vu ici auparavant. Doucement, il leva ses mains devant son visage, formant un petit rectangle avec ses doigts. Il prit soin de bien cadrer la peluche dans son objectif, avant d'enregistrer cette image inhabituelle dans sa mémoire. Ceci fait, ses bras retombèrent le long de son corps, et il reprit tranquillement sa route.

Bientôt, le portail de son lycée apparut dans son champ de vision. Comme tous les matins, les élèves se pressaient à l'intérieur, leurs uniformes les rendant indiscernables. Jisung aussi se fondait dans la masse. Il était invisible. Personne ne le voyait. Pourtant lui, il voyait tout le monde. Mais les autres étaient tous pareils à ses yeux. Ils étaient habités par la même hypocrisie. Ils fonctionnaient tous pareil. Aucun ne s'éloignait de la tendance général. Mais Jisung ne les jugeait pas. Ils étaient comme ça. C'était tout. Et il n'était pas mieux qu'eux.

Le regard vaquant, il s'était rendu jusqu'à sa classe. Celle des terminales 7. Il s'installa tranquillement à son bureau, près de la fenêtre. À peine quelques secondes plus tard, la cloche sonna. Tout le monde regagna activement sa place, et le professeur entra dans la pièce. Mais contrairement à ce que Jisung pensait, il ne commença pas son cours. À la place de cela, un jeune homme entra à sa suite.

미친놈 [𝐦𝐚𝐝𝐞𝐦𝐚𝐧] ° Minsung 🔚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant