29 - Murakami.

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Seul le bruit des roues habille le silence présent dans la voiture. Les yeux de Yudai sont fermés, voilà le seul moment de repos et de répit qu'il peut s'offrir, lorsque son corps se plonge dans un lourd sommeil. De son côté, Sad' est concentré sur la route. Son regard se pose de temps en temps sur Yudai.
Après de longues minutes de trajet, il s'arrête enfin devant son bâtiment, se rendant compte qu'il dort toujours.

Sadao: Yudai.

Ses yeux s'ouvrent petit à petit. Il reconnaît les alentours, et se redresse du siège.

Sadao: on est arrivés chez toi.

Yudai: mmh. Merci.

Prêt à ouvrir la portière, Sadao attrape brusquement son bras, l'empêchant de sortir.

Sadao: oh.

Yudai: quoi ?

Sadao: ne fait rien. T'as compris ?

Yudai: faire quoi ?

Sadao: si t'as envi de mourir, appelle-moi. Je sais ce que ça fait. Appelle-moi et je resterais avec toi.

Yudai: et si j'ai déjà envi de mourir, comment on fait ?

Sadao: ... alors ne passe pas à l'acte.

Yudai: ouais.

Sadao: je suis sérieux. Si tu veux... je te tuerais moi.

Yudai: quoi...?

Sadao: si t'arrives pas à continuer dans cette vie. Demande moi de te tuer.

Yudai: tu le feras ?

Sadao: si c'est trop dur pour toi, oui.

Yudai: ... écoute tu fais flipper. Va voir un médecin et soigne tes problèmes psychologiques.

Sadao se met à rire aux éclats, et un léger sourire habille le visage de Yudai, sans qu'il ne contrôle rien.

Sadao: ça me rassure que tu répondes ça.

Yudai: t'étais pas sérieux, si ?

Sadao: peut-être un peu. C'est juste que je t'en voudrais énormément si tu te donnes la mort chez toi, tout seul sans personne à qui parler.

Yudai: depuis quand t'es gentil comme ça ?

Sadao: et bah... j'te rappelle que le gentil de nous deux ça a toujours été moi.

Yudai: mmh, bon. À plus tard et merci encore.

Sadao ne répond pas, attendant patiemment que Yudai rejoigne son bâtiment pour quitter le quartier délabré.
De son côté, Yudai pose sa tête contre le miroir de l'ascenseur. Arrivé à son étage, les portes s'ouvrent à peine: toujours obligé d'envoyer un coup de coude pour qu'elles s'ouvrent entièrement.

Il met la clé dans sa serrure, et rien que l'idée de se retrouver seul l'angoisse. La chaleur de son appartement caresse son visage, il rejoint directement sa chambre et jette son casque sur son lit glacé. Il déboutonne sa chemise tachée de sang, et marche en direction de la cuisine afin de la jeter au fin fond de la poubelle.

Son appartement est vide, lui qui préfère habituellement la solitude... voilà que son cœur se serre et se tord jusqu'à lui faire ressentir une douleur encore inconnue. Nanami était sensée être là, elle n'a même pas eu le temps d'y mettre les pieds. Lui qui avait tout préparé pour elle, ayant même pris soin de lui acheter un bouquet de roses rouges la veille au soir, ses fleurs préférées.

Il prend le bouquet de fleurs et le jette aussi à la poubelle, sur sa chemise tachée de sang. Une immense rancoeur s'empare de son corps.

Pourquoi Nanami, et pas lui ?





Nos désirs font désordre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant