54 - Pour Nanami, ou pas.

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ᴍᴀɴᴀᴍɪ


Hogai: t'étais où, Manami ?

- je suis juste sortie me promener un peu. Rien d'extraordinaire, tu sais.

Je m'assois face à lui tout en retirant le foulard noir qui me cachait un peu. Son bureau est froid, je sens son regard me détailler comme s'il doutait de moi. Et en réalité, il a raison.

Hogai: dis, ça fait combien de temps que je t'ai demandé de me ramener ton fils ?

Mon cœur fait un bond, j'ai une tête de coupable.

- je ne sais plus.

Hogai: ça fait un peu trop longtemps. Il faut vraiment que je me répète sur l'importance que ton fils aurait si tu me l'emmenais ?

- je n'ai aucune nouvelle de lui.

Hogai: t'as essayé de l'appeler, de le chercher ? T'es sa mère bordel !

- j'ai fais ce que j'ai pu, mon fils ne veut pas de moi dans sa vie. Je pense même qu'il... qu'il a quitté Tokyo.

Je mens, et j'essaie d'être la plus persuasive possible. Jamais je ne mettrais mon fils entre les mains d'Hogai. Je veux l'éloigner de tout ça, l'extraire de cette vie, celle dans laquelle je me suis mise.

Hogai: je t'ai dis que le seul moyen de déclarer la guerre aux Satoru, c'est d'avoir un héritier.

Quand j'entends ce nom, je ne sais pas si mon corps frissonne de dégoût ou bien d'autre chose. Est-ce que je suis devenue celle que je suis, à cause de ça ? À cause de lui ?

Hogai: on a toutes les ressources. Notre clan est remonté en puissance, nombreux sont ceux qui attendent que je leur donne le feu vert pour arracher la tête d'Hajime ! Et toi... tu fais tout foirer, comme d'habitude !

Il frappe violemment son poing sur le bureau. À chaque fois, je sursaute parce que cet homme me fait peur. Il m'a déjà laissé avec des bleus, des égratignures, et m'a tellement tiré les cheveux qu'il lui en restait une bonne partie dans les mains. Je me demande encore pourquoi est-ce que je me suis condamnée à vivre ça, moi qui aurait simplement pu vivre une vie bien plus paisible.

- je... je te l'ai dis. Je n'ai plus aucun contact avec lui, Hogai.

Sa respiration se saccade. Il prend brusquement une feuille, et un stylo sous le regard de cinq de ses hommes se tenant droit. Je me demande jusqu'à quand est-ce que je vais être humiliée ainsi. Quant à ma fille, Shinae, elle se moque complètement de la manière dont je souffre ici.

Elle n'a rien de Nanami.

Elle ne remplacera jamais, Nanami.

Hogai: très bien. Puisque tu ne veux pas coopérer, je vais aller le chercher moi-même. Ou tu sais quoi ? Non, j'enverrais mes hommes. Mais je te préviens Murakami, s'il se débat, il reviendra amoché et avec des os cassés.

« Murakami ». Il aimait bien m'appeler par mon nom de famille afin de me faire comprendre à quel point j'étais bien en bas de l'échelle face à lui. Mes mains se mettent à trembler, je ressens une pression dans ma gorge. J'ai envi de fondre en larme, de lui demander de laisser mon fils tranquille. Il est tout ce que j'ai, tout ce qu'il me reste et il est la seule personne encore en vie dans laquelle je peux voir un soupçon de Nanami. 

Nos désirs font désordre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant