Depuis combien de temps vous ne l'aviez pas fait?demanda-t-elle en tirant comme une brute sur une langue cireuse molle et tout hérissée de poils.
-Humm,fit Cécile,je ne me souviens pas!
En fait,il lui était arrivé de pratiquer,seule,ce genre de torture prétendue nécessaire mais elle ne maîtrisait pas la technique et, à chaque fois, le résultat avait été décevant, voir catastrophe.Le vieil adage selon lequel il faut souffrir pour être belle ne faisait pas partir de la philosophie de mademoiselle Hunault.Tout à coup, l'esthéticienne tendit deux doigts vers le visage de sa patiente qui roula des yeux effrayés. Elle pinça une joue sur laquelle elle pointa deux ou trois comédons, passa la pulpe de son index sur le front un peu trop luisant, ébouriffa un sourcil trop broussailleux et laissa tomber un verdict sans appel :
-Vous avez affreusement besoin d'un nettoyage de peau !
-Un nettoyage de peau ?répéta Cécile,incrédule.
-C'est une catastrophe ! Vous avez une peau grasse, vos pores sont dilatés, obstruée, il faut un peeling....Un soin complet du visage serait souhaitable....
- Ah?fit la jeune femme qui se prêtait docilement à l'examen sans pitié de son épiderme facial.
-Je peux vous prendre à onze heures demain matin....
-Impossible, demain je vais visiter le jardin de pamplemousse !-Mais vous ne pouvez pas rester dans cet état !
-C'est à ce point hideux ?
-Ça l'est !
-Alors....Elle accepta le rendez-vous, calculant qu'il lui resterait l'après-midi pour faire du tourisme. C'était chez elle une révolution :jamais, en France, elle n'aurait consacré tant de temps à des soins esthétique !
Au dîner, à La terrasse où elle avait pris ses habitudes,elle croisa Patrick salamero, son nouvel ami.Cette fois, il n accompagnait pas la bande habituelle;il était seul en compagnie d'un jeune homme (très velu, remarqua Cécile).Manifestement, il tenait à un tête à tête. Il se contenta d'un salut de la main et d'un large sourire en direction de la dîneuse solitaire. Mais quand celle-ci, après son repas, passa devant la table où il était installé, il la héla :
-Alors beauté, quel est votre programme pour demain ?
-J'ai décidé d'aller voir le jardin de pamplemousse....
-Vous me permettez de vous accompagner ? J'ai une voiture de location....et je suis imbattable pour ce qui concerne les essences tropicales ! Départ en fin de matinée ?
- Euh.... plutôt l'après-midi...
Cécile ne voulait surtout pas avouer qu'elle avait de nouveau rendez-vous à l'institut de beauté : pour sa séance de,UV et pour un soin complet du visage. Elle voyait dans l'intérêt qu'elle portait subitement à son physique une preuve de faiblesse, de frivolité,d'eux défauts qu'on attribue volontiers aux femmes et contre lesquels elle était là première à s'insurger. Elle avait toujours déteste les mijaurées, les écervelées qui faisaient de leur physique leur atout majeur,comme cette Flora Seydoux,par exemple...
Patrick salamero ne cherche pas à savoir ce qui l'empêche de se libérer le lendemain matin. Il proposa donc:
- Départ à quinze heures alors ?
CÉCILE suppose qu'en quatre heures, elle avait le temps de bronzer et de se faire refaire un visa... Elle opina donc :
-D'accord !
Quand elle se mit au lit -toujours avec Paul et Virginie -,elle entendit au loin les échos d'une musique entêtant: des percussions marquaient le rythme, des sons inconnus se répondaient, donnant une mélodie alternativement langoureuse ou d'une gaîte débridée.Elle fut incapable de déterminer quels instruments les produisaient.
Lendemain matin,Alok,le majordome, lui apprit que c'était le séga qui se déchaînait, sous une paillote, au bord de la plage: un musique africaine, datant de danse , dérive de la musique africaine, datant de l'époque de l'esclavage et propres à Maurice.

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Bas Les Masques
AdventureCécile se trouvait grosse et croyait qu'elle était moche. Par habitude, elle n'essaye même plus se séduire, convaincu qu'elle pourrait jamais plaire, alors,elle travaillait. Par le plus grand des hasard, elle se retrouve à l'île de Maurice, le parad...