eight

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Cécile n'hésita pas une seconde
  —Non.
  —Pourtant, vous êtes encore à un âge où on peut espérer l'arrivée du prince charmant....
— Vous croyez qu'il accepterait de m'embrasser sur la bouche pour que le crapaud se transforme en princesse ?
  —Vous vous prenez pour un crapaud ?
  —Disons :pour une grenouille qui a réussi à se faire plus grosse que le bœuf !
Patrick se tourna vers elle :
— Pourquoi tant de sévérité ?Moi,je suis persuadé que vous pourriez être très jolie...
— Jolie ?ce serait une occupation de tous les instants, alors et une ruine...
—vous avez bien consenti à un nettoyage de peau en plus de vos séances d'UV et de votre épilation....
Ah!il avait remarqué !Décidément, on ne pouvait rien cacher à cet homme qui connaissait si bien les femmes !
Cécile soupira:
  — pourquoi faire ?
Son compagnon repris :
— Moi,j'ai renoncé à l'amour mais je n'ai pas fait mes adieux au sexe :ça donne bonne mine !
  — Le garçon velu qui dînant avec vous hier soir ?
  —Hmmmm,grommela Patrick, je ne le reverrai plus jamais sans doute mais nous avons échange un peu de tendresse, au moins.....
   — Eh bien moi,si je voulais de la ....tendresse, j'aurais bien du mal à en trouver !
Ils échangèrent encore des confidences .c'était d'autant plus étrange qu'ils ne s'étaient rencontrés que quelques heures plus tôt et que Cécile avait l'impression de le connaître depuis toujours. Elle se sentait libre de lui confier ce qu'elle n'avait encore jamais avoué à personne.
  — J'ai été éperdument amoureux Saifi, dit-il.
— La star ?
—Oui. C'était évidemment sans espoir. C'est un amteur des femmes, un séducteur, un don Juan......
Aucune ne lui résiste d'ailleurs,ou si peu.....
—Mais il est casé, si je ne m'abuse....
—Avec Flora, hum...au départ c'était plus une opération publicitaire qu'autre chose..... Des photos de mariage dans Paris Match ça vous refait une aura .....et puis, il s'est pris au jeu .... Mais Flora est une intrigant.
—Vous êtes jaloux ?
—Évidemment.
—Il est en difficulté, non?
—C'est le moins qu'on peut dire... vous voulez un scoop?
—Je ne m'intéresse pas particulièrement aux malheurs des stars de la télé...maid vous m'intriguez.....
—Vous jurezde ne pas en parler ?
—Croix de bois ,croix de fer ,si je mens je vais en enfer !
— Eh bien ...Flora le trompe.
—Non?
—Si.
—Il le sait ?
—pas encore.
—C'est pitoyable !
—vous l'avez dit.je crains le pire s'il l'apprend. Je ne suis pas sûr qu'il l'aime, mais si elle le quitte maintenant, il va se sentir dépossédé et il va souffrir le martyr .Déjà que sa carrière est compromise, son ego va en prendre un sale coup!
—Vous êtes encore amoureux ?
—Évidemment. Je suis le ver de terre amoureux d'une étoile...
Il mettait tellement d'humour et de dérision dans cette image que Cécile éclata de rire.
      —Vous voulez que je vous dise ?Elle ne m'était déjà pas sympathique votre étoile, mais là...Patrick protesta :
—Il faut bien connaître Saifi pour comprendre qu'il n'est pas ce qu'il donne à voir .il a des qualités de cœur......
—Il les cache bien, alors !
—Est-ce que nous n'en sommes pas tous là ?
—Vous,vous êtes spontané et sincère.
—La preuve que non,c'est que Saifi n'a jamais su à quel point je l'aimais...à quel point je l'aime encore.... je voudrais tellement qu'il soit heureux !
— Ce doit être cela le véritable amour, murmura Cécile :vouloir le bonheur de l'autre sans la tentation de le posséder....
     —Et vous n'avez jamais rencontré <<cet autre>>?
    — NON.
Ils étaient tous les deux un peu mélancolique quand ils regagnérent la petite voiture décapotable. Ils firent,de nuit,le trajet du retour au palace.
    Quand ils arrivèrent devant l'hôtel,  Chissi Saifi était sur le perron. Il fumait une cigarette et,manifestement, il attendait avec impatience le retour de son ami-factotum-maquilleur. Il s'approcha de la voiture et,sans un regard pour Cécile, il aboya:
  —Où étais-tu passé ? Tu crois que je te trimbale avec moi pour que tu fasses du tourisme ? Je te cherche depuis deux heures ! Tu commence à me ......
   Suivirent des reproches et des injures auxquels Patrick ne réagit pas. La tête dans les épaules  il rejoignit sur le perron celui qui le traînait si mal. Il ne s'autorisa même pas un salut ni un mot en direction de Cécile. Celle-ci regardait la scène, entendait les cris et les invectives . Elle était navrée de constater que son nouvel ami se comportait avec une servilité de toutou: par amour ou par intérêt, parce qu'il était payé pour cela ? Elle inclinait à penser que c'était par amour et elle en fut malheureuse pour Patrick. Cet homme avait aliéné sa vie à un histrion mégalomane, autoritaire et mal embauché !

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