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L'OMERTA



Alya



La Kalsa.
5h09.





— Ça fera vingt-deux euros et dix-huit centimes, s'il vous plaît. D'éclare la caissière en tapotant quelques chose sur son écran de caisse.

Je lui tends quelques billets, puis elle me rend la monnaie avec nonchalance. J'incline légèrement la tête en signe de remerciement et prends mes sacs.

Les portes automatiques du magasin coulissent et le vent frais me fait légèrement grimacer. La brume matinale laisse percevoir les premiers rayons de soleil, et les ibis volent en symphonie, créant une harmonie plaisante et agréable.

Je me dirige vers le quartier principal où habite ma tante. J'ai insisté pour que ma mère loge chez elle, ne voulant pas que la solitude l'oppresse.

Je sais pertinemment que ma mère se crée une multitude de scénarios concernant son fils, aboutissant tous, sans exception, à la mort. Je ne veux pas que son quotidien soit empreint de peine et de morosité.

Cela fait maintenant plus de vingt-quatre heures que mon frère a disparu. En passant chez Ehsan, j'ai appris l'identité des principaux ravisseurs.

Ma haine et mon amertume ont atteint un niveau hors norme, ne laissant aucune place à la peine ou à la tristesse. Seule l'envie de sauver Anis occupe mon esprit. Mon frère est en danger, je ne me laisserai pas m'affliger sur mon sort.

Après de longues minutes de marche, j'arrive enfin devant la propriété de ma tante. J'entre et me dirige naturellement vers la cuisine pour déposer les courses.

Tout le monde semble dormir. En passant par le salon, j'aperçois ma mère somnolant. Ses cernes et ses rides, dues à la fatigue, ternissent son teint habituellement mat, mais elle garde une beauté admirable.

Mes poings se serrent inconsciemment, cette vision me retourne l'estomac. Je m'approche silencieusement d'elle, en faisant attention à ne pas la réveiller, et dépose un léger baiser sur son front.

Mes lèvres se rapprochent délicatement de son oreille, puis je chuchote :

- Je le retrouverai, mamma, pour toi et pour papà. Tu as ma parole.










Boîte San Andreas.
23h02.




Je balaie du regard cette boîte de nuit. Le volume de la musique me déteriore les oreilles, les leds rouges et bleues disposées au plafond imposent une atmosphère pesante et étouffante.

Mes yeux se perdent dans la foule ; les personnes sur la piste dansent au rythme de la musique, leurs corps pleins de sueur se frottant les uns aux autres.

Ehsan est à mes côtés. Nous sommes installés sur un siège en cuir, assez isolé, juste en face du bar. Il a enchaîné trois shots d'alcool en moins d'une minute. Il me détaille du regard avant de m'afficher un léger sourire auquel je ne réponds pas.

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