Chapitre 4

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Un cri se fit entendre à l'extérieur de la boutique faisant réagir Aki et Yeoreum. Les deux garçons s'empressèrent d'aller voir en reconnaissant la voix d'Elena.

Aki fronça les sourcils en apercevant la jeune fille à quatre pattes sur une des tables extérieures.

" Un...un rat!" expliqua-t-elle d'une voix effrayée.

Yeoreum se pencha pour mieux voir la tête de la créature et se retint de pouffer de rire en voyant deux longues oreilles familières. Il alla aider la jeune fille à descendre pendant que Aki attrapa l'animal.

" Jaemin, tu lui as fait peur." fit Aki en caressant la tête de la bête.

Elena fut surprise en voyant le petit lapin noir blotti dans les bras du jeune homme. Elle essaya de le caresser mais la créature l'évita quittant les bras de Aki.

- Tu nous l'as vexé.

- Pourquoi y'a t-il un lapin ici ?

- Pour les livraisons.

Elena fronça les sourcils face à l'incohérence de cette phrase. Est-ce une sorte de nouveau concept de livraison dont elle ne connaissait l'existence.

- Et du coup il livre les gâteaux ?

- Non, il nous livre certains ingrédients.

La jeune fille retint un rire face au ton sérieux du jeune homme, donnant une explication incohérente. Elle soupira, abandonnant sa logique et se rapprocha de l'animal. Elle essaya de l'attirer en claquant gentiment plusieurs fois sa langue et cette fois-ci ce fut au tour de Aki de se retenir de rire.

Voyons que cela ne fonctionnait pas, elle abandonna et retourna à l'intérieur du café.

Elena jeta un œil en direction de l'horloge et vit qu'elle était presque en retard pour sa première heure de cours. La jeune fille se dépêcha de retirer son tablier et attrapa en vitesse son sac à dos qu'elle avait posé au préalable au niveau de la porte d'entrée.

" Ok, j'y vais." cria-t-elle à l'intention des quatre autres personnes alors qu'elle passa la porte en coup de vent.

***

Elena passa la porte de sa classe, essoufflé par sa course et croisa le regard d'un de ses camarades qui la fixait étrangement. Elle aperçut aussi la jeune victime de la ruelle qui lui fit un signe timide de la main et soupira.

Le professeur entra alors qu'elle venait de regagner sa place et le cours débuta dans le plus grand des silences.

L'histoire était l'un des cours ou elle n'écoutait que très rarement mais une image projeter sur le tableau blanc piqua son intérêt. C'était un extrait d'un très vieux livre japonais datant du 19e siècle. La photo montrait un dessin réalisé à la main d'une fleur rouge qu'elle n'eut pas de mal à reconnaître. Elle feuilleta le livre a la recherche de sa signification et fronça les sourcils.

L'une des autres fleurs symboliques de l'automne est le lycoris rouge (Higanbana, Lycoris radiata). Son nom anglais – Red Spider lily – fait référence à sa forme arachnéenne.

Le lycoris rouge, ou higanbana, tire son nom de l'O-higan, correspondant à l'équinoxe d'automne. Higan peut également se traduire par « l'autre rive ». Faisant le lien avec la terre des défunts, de l'autre côté de la rivière Sanzu, l'équinoxe d'automne O-higan est ainsi une journée d'hommage pour les âmes perdues.

Le higanbana est intrinsèquement lié à la mort et sa floraison est vue à bien des égards comme maléfique. Une croyance populaire décrit d'ailleurs qu'une de ces fleurs exposées dans une maison apporterait malheur et flammes.

Originaires de Chine, les lycoris n'existent au Japon que sous la forme de plants stériles. Ne se reproduisant que par développement végétatif de bulbes, le higanbana pousse donc là où l'homme l'a décidé.

Pourquoi sa grand-mère avait-elle brodé une telle fleur sur le mouchoir de sa fille ? Cette fleur pouvait-elle avoir une autre signification ?

La jeune fille commençait à se poser beaucoup de questions au point d'en avoir mal au crâne. Une fleur maléfique et une enfant malchanceuse. Bien qu'elle n'avait pas beaucoup de croyance, sa rencontre avec les quatre employés du café remettait en doute son manque de foi.

Si cette fleur était japonaise alors Aki pourrait peut-être lui fournir plus d'informations. Elle l'avait aperçu plusieurs fois écrire dans un cahier, des caractères japonais. Elle devra penser à lui demander plus tard.

Elena entendit le cours se terminer et alors qu'elle rangea ses affaires, elle croisa de nouveau le regard étrange du garçon de sa classe. Il avait le même regard que cette femme que son père avait un jour ramené à la maison. Un regard rempli d'aversion.

Cela ne l'intéressait pas d'en connaître la raison.

"Sa...salut." fit gentiment une voix féminine qui lui fit pousser un soupir.

Voila une autre chose avec peu d'intérêt à ses yeux.

- Tu... tu m'as aidé dans la ruelle... tu te souviens. Je m'appelle Lore.

- Si tu veux me rembourser pour cette action je n'accepte que le cash.

L'étrange garçon lui lança un regard de mépris en entendant ses paroles et quitta la pièce. Il ne semblait pas beaucoup l'apprécier. La jeune fille nommée Lore attrapa le bras d'Elena alors qu'elle essayait de partir mais s'empressa de la lâcher le visage rougit de timidité.

" Je... j'étais revenu avec un policier mais tu... tu les avais mis au tapis..." expliqua Lore le regard dirigé vers le sol.

Elena soupira. Elle ne pouvait même pas lui expliquer qu'elle ne s'était pas battu et encore moins qu'il y a encore quelques jours son corps était des plus douloureux. Elle fut surprise d'entendre la jeune fille pleurer et poussa un nouveau soupir. Les élèves qui commencèrent à revenir en salle de classe furent surpris de la situation et commencèrent à murmurer.

Elena guida la jeune fille à sa place et lui tendit un mouchoir. La situation était incompréhensible. Pourquoi devait-elle la réconforter alors qu'elle n'avait rien fait ?

Lore leva enfin les yeux vers elle et Elena fronça les sourcils face à ses yeux rouges et bouffis. Elle pleurait sûrement parce qu'elle se sentait coupable d'être partie.

" Je ne t'en veux pas..." expliqua-t-elle calmement.

Le visage qu'elle affichait lui rappela celui de Winter et elle ne put s'empêcher de caresser gentiment le haut de sa tête. Elena rougit en se rendant compte de son geste et retourna à sa place gênée.

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