Prologue

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Prologue

«If the clouds don't clear, then we'll rise above it.

Heaven’s gate is so near. Come walk with me through, 

just like we used to »

Before the Worst, The Script

«À mon fils, Liam Aubry, je lègue cette lettre à des fins personnelles. Je demande, avec tout votre respect, de ne pas la lire. Je l’ai écrit pour mon fils seulement et j’aimerais qu’il soit le seul à lire ces mots.»

La voix de Maman résonnait dans le bureau d’avocat. Grand-mère était à côté de moi et pleurnichait en entendant les paroles de Maman. Grand-père, lui, restait de glace, trop en colère pour pouvoir pleurer. Comme moi.

L’avocat m’a donné l’enveloppe blanche qui contenait les derniers mots écrits de ma mère. Je ne savais pas si j’aurais le courage de l’ouvrir et de lire. Je ne voulais pas pleurer. Papa aurait voulu que je reste fort et que je ne montre aucun signe de faiblesse. Je n’avais pas été élevé par des faibles.

J’ai plié l’enveloppe en deux et je l’ai mise dans ma poche sans même regarder mon nom qui a été soigneusement inscrit sur le devant par Maman. Elle avait une belle écriture, fine et délicate. Ses lettres attachées restaient éloignées les unes des autres, légèrement inclinées vers la droite, et elle finissait chaque mot par une courbe dans la dernière lettre. La dernière patte du M dans mon nom descendait pour ensuite remonter, comme une fleur qui pousse. Maman avait un jardin et ses lettres me faisaient penser aux roses qui y poussaient.

«Je lègue la maison à mon père et à ma mère. S’il la vende, l’argent leur revient.»

 J’ai arrêté d’écouter la liste des héritages de ma mère. J’ai regardé autour de moi : il y avait mes oncles et mes tantes, quelques cousins de ma Maman, Grand-père et Grand-mère.

«Je donne mon argent à mon fils pour qu’il puisse continuer ses études.»

Tout le monde pleurait. C’était difficile d’entendre la voix de Maman quand on savait qu’elle était partie pour de bon. Quand l’enregistrement fût fini, nous sommes allés dans la cafétéria. Je me suis assis à une table alors que Grand-mère est allée m’acheter un biscuit aux pépites de chocolat et un jus d’orange. Tous ces gens sont venus me serrer dans leurs bras pour me dire qu’ils étaient tellement désolés de ma perte. Ils pleuraient tous. Moi, je ne pleurais pas. Je n’avais que dix ans, les gens pensaient que je ne comprenais pas trop ce qui se passait. Je comprenais très bien. Des gens avaient tué mes parents. Je les ai vus mourir sous mes yeux. J’ai pleuré un petit peu. C’est normal de pleurer quand ses parents sont assassinés. Mais j’avais autre chose en tête : la vengeance. Papa m’a toujours dit de se battre pour les gens que tu aimes. Alors j’allais me battre, même si ça me mènerait à la mort.

-Ça va? m’a demandé Grand-mère en déposant ma collation sur la table devant moi.

J’ai hoché de la tête, pensif, croquant dans mon biscuit moelleux.

Comment se fait-il que Maman ait eu le temps de préparer un enregistrement de ses héritages alors qu’elle s’est faite assassinée? Avait-elle prévue sa mort? Comment peut-on deviner sa mort? C’est impossible… Et Papa, lui?

-À quoi tu penses?

Abby a enroulé ses bras autour de ma taille et elle a commencé à embrasser mon cou. Son corps nu était enroulé d’un drap fin. La lumière du matin reflétait sur ses longs cheveux blonds. Elle était tellement belle. Ses yeux bleus clairs me fixaient, remplis de malice et de vie. Sa peau était pâle, on aurait dit de la porcelaine. Elle était tellement fragile, mais en même temps si forte. Je me suis revu, hier soir, l’embrassant, la caressant, découvrant son corps parfait.

StockholmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant