Deux mois plus tard

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Deux mois plus tard. 

«I don't know which way I am going, which way the

river's going to flow. It just seems that upstream I keep

rowing. Still got such a long way to go»

U.F.O., Coldplay

Callie

Toby me regardait intensément, comme si c’était la première fois en un siècle qu’on ne s’était pas vus. Là, dans l’embrasure de la porte, il se tenait droit comme un pic. Le monde avait arrêté de tourné pendant un instant. Je suis sortie du taxi et j’ai rejoint Toby. Il a descendu les quatre escaliers qui menaient au trottoir. Il m’a pris dans ses bras, me soulevant du sol. J’ai enfoui mon visage dans son cou, respirant son odeur. Je le serrais fort, mais j’avais quand même peur qu’il disparaisse. J’ai senti ses larmes tomber sur mes épaules. Il m’a dit des mots à l’oreille. Il m’a chuchoté à quel point je l’avais manqué et qu’il m’aimait tellement. Quand j’ai regagné la terre ferme, j’ai regardé autour de moi. J’ai reconnu cette rue que j’avais arpentée tellement souvent, j’ai reconnu chaque arbre, chaque allée, chaque ligne de trottoir. J’ai vu, gravé dans le ciment, mon nom au sol. J’ai constaté que les rideaux de la fenêtre de cuisine de notre voisine, une vieille veuve grincheuse, sont restés les mêmes. Ils étaient blanc crème, jaunis par la fumée de cigarette et parsemés de lilas. J’ai toujours détesté ces rideaux. Aujourd’hui, j’ai souri en les apercevant parce que, étrangement, ils m’avaient manqués. Et devant moi, il y avait notre maison blanche toute en bois qui se dressait fièrement, bien que beaucoup plus petite que toutes les autres de notre rue. Toby m’a pris la main en souriant. Il a trainé ma valise jusqu’à l’intérieur et est allé la déposer dans ma chambre. Je suis restée figée dans l’entrée, incapable d’avancer. À ma droite, il y avait la cuisine munie d’une minuscule table de cuisine, à ma gauche, le salon et ses éternels divans noirs et devant et il y avait le couloir qui grinçait affreusement. Toby est ressorti de ma chambre, encore tout sourire. Moi, je n’y arrivais pas. Trop de souvenirs se bousculaient dans ma tête. Toby l’a remarqué, alors il est tout de suite venu me prendre dans ses bras. J’ai pleuré.

-Je suis tellement désolée, ai-je murmuré.

-Arrête, Callie, je ne t’en veux pas.

-Pardon, pardon…

Il s’entêtait à me dire que rien de tout ce qui nous était arrivé était de ma faute. Et je persistais à m’excuser. Il y avait une partie de moi qui n’arrivait pas à mettre tout ça de côté. J’ai essayé, mais c’était inutile, je le savais.

-Je t’aime, petite sœur.

Toby a resserré son étreinte, m’étouffant presque. Ça ne me dérangeait pas. Bien que la partie coupable de moi soit toujours là, il y avait l’autre moitié qui était pleine de bonne volonté et d’amour pour lui. Toby, ma continuité, mon sang, mon amour, mon frère. Il est tout ce que j’ai.

Liam

-Quelqu’un sait comment calculer l’énergie cinétique d’un objet?

Et voilà, c’est parti.

-Personne?

Il faut multiplier la masse par le carré de la vitesse, pour ensuite le diviser de moitié. Je le savais, mais je n’allais pas lever la main.

-C’est pourtant de la vieille matière, a répliqué M. Nantel.

Il a haussé un sourcil.

-Ah, oui, a-t-il souris en voyant une élève lever la main timidement.

StockholmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant