Stockholm

À coeur ouvert

« I was only looking for a shortcut home,

But it's complicated, so complicated.

Somewhere in this city is a road I know

Where we could make it but maybe there's no making it now. »

It Is What It Is, Lifehouse

 Callie

Ça fait une semaine que Toby est partit. Quand je l’appelle, il ne répond pas. Je laisse des messages, il ne les écoute même pas. Je ne sais pas où il est. Je ne sais pas ce qui se passe.

Je ne m’étais jamais inquiétée pour Toby avant. Pour moi, mon frère était invincible. Il avait la réponse à tout, il trouvait toujours une solution. C’était lui que je voulais à mes côtés si tout va mal. Il était comme le pneu de rechange dans la voiture : juste le fait de savoir qu’il est là nous rassure.

Mais Toby n’est pas là. Et s’il ne l’était plus jamais? S’il lui était arrivé quelque chose et qu’il ne reviendrait jamais? Je ne pourrais m’en remettre.

Ça fait une semaine que Liam reste ici. Depuis que je lui ai raconté l’histoire de ma mère, nous n’avons pas vraiment eu d’autres conversations. Nous sommes des étrangers forcés à vivre sous le même toit. J’ai entendu la porte claquer. J’ai sursauté. Liam est apparu dans le couloir. Il s’est arrêté dans la cuisine près de moi, m’a regardé et il a disparu dans sa chambre. C’était comme ça depuis une semaine. On ne s’adressait pas la parole. J’ai essayé plusieurs fois. Je l’ai invité à sortir, je lui ai demandé ce qui lui ferait plaisir,… J’ai vraiment tout essayé.

Il y a eu cette fois. C’était vendredi soir. Je venais de laisser un message à Toby. Au moins le trentième. Je m’étais mise à pleurer. Mais pas seulement quelques larmes. Je pleurais à en oublier de respirer. Je ne pouvais pas imaginer ce que serait ma vie si Toby était… Je ne voulais pas y penser. Liam est venu dans ma chambre. Il s’est assis à côté de moi. Je l’ai regardé à travers mes cheveux qui me tombaient au visage. Il les a repoussés de la main et l’a déposé sur ma joue. Il m’a fixé, ne sachant pas trop quoi faire. J’ai recommencé à pleurer à chaudes larmes comme une hystérique. Je croyais qu’il allait partir en se disant que j’étais une vraie folle. Mais il est resté.

Et il m’a prise dans ses bras.

Il a mis ses deux bras autour de mes épaules. Un de ses mains s’est déposée derrière ma tête et Liam m’a collée à lui plus fort. J’ai senti son menton sur mon front. J’ai levé la tête pour le regarder. Étrangement, je n’avais plus envie de pleurer. Il a essuyé mes larmes de son pouce en me caressant doucement la joue.

Je m’attendais à ce qu’il me dise quelque chose. N’importe quoi. J’essayais de lire son expression, mais je ne savais pas trop si c’était de la sympathie ou de la pitié. Il aurait pu me lancer une bêtise. Ou un truc du genre «Ça va aller» ou bien «Je suis là si tu as besoin de moi». Connaissant Liam, il aurait plutôt dit «Arrête de faire autant de bruit» ou «Tu as l’air d’un zombie». Mais il n’a rien dit. Il est juste repartit. Sans dire un mot.

Et c’est à ce moment que ça s’est arrêté. J’ai vraiment cru qu’on aurait pu parler. Devenir amis. Ou du moins, apprendre à se connaître. Juste un peu. J’ai vraiment senti quelque chose de différent à ce moment-là. Quand il m’a touché la joue, j’ai senti quelque chose. C’était comme si son contact me brûlait la peau. Et mon estomac est tout à l’envers. J’ai regardé droit dans ses yeux et je sentais vraiment que c’était un nouveau Liam. Que ce n’était plus le garçon vulnérable et arrogant que j’avais trouvé sur la plage. Mais dès qu’il a quitté ma chambre, c’est ce Liam qui a pris le dessus. Et l’autre n’est jamais revenu.