Éphémère

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« Well I am what you see

I am not what they say

But if turned out to be

Could you love me anyway? »

You’ll Ask For Me, Tyler Hilton

Liam

Ça faisait une semaine que j’habitais chez Alex. Il travaille beaucoup, alors il n’était presque jamais là. Moi aussi, je m’arrangeais tout le temps pour sortir. On était lundi soir. Callie n’était pas venue à l’école. J’ai décidé d’aller voir comment elle allait et, surtout, m’excuser pour ce que je lui avais dit.

Je ne le pensais pas vraiment. Évidement. Je savais pertinemment que ça la blesserait. Et c’est ce que je voulais. Je voulais qu’elle soit tellement blessée qu’elle m’en veuille pour le restant de ses jours. Apparemment, ça a marché.  Mais maintenant, je m’en voulais énormément.

En plus, Alex m’a demandé de lui remettre une lettre. Je ne l’ai pas ouverte, mais j’en ai eu envie. Je ne voyais pas ce qu’il pouvait bien lui dire, ils se connaissent à peine. Enfin, c’était une excuse de plus pour aller la voir.

Quand je suis venu pour ouvrir, sa porte d’entrée était barrée. J’ai pris la clé de sous le pot de fleurs et je suis entrée.

-Callie?

Aucune réponse.

-Callie, je veux juste te parler, ai-je dit en me dirigeant vers sa porte de chambre.

Elle l’avait barrée elle aussi. Le problème était que je n’avais pas la clé de cette porte-là.

Callie

Il s’est arrêté devant ma porte. J’ai entendu son bras frotter contre le côté de son corps, son manteau produisant un bruit alors qu’il levait sa main. Son poing a cogné doucement contre la porte. J’avais l’impression que c’était encore moi qui recevait les coups. Celui-ci était plus doux par contre. Était-ce à cause du remord? Non, je ne le croyais pas.

-Callie, a-t-il murmuré à lui-même.

Il savait que je l’entendais. Ma respiration était trop forte pour être imperceptible. Pourtant, il savait que je n’allais pas lui ouvrir la porte.

- Je te demande pardon, Callie…

Ma lèvre fendue s’est mise à trembler. Je ne voulais pas pleurer. Je ne devais pas pleurer. Liam a déposé son front sur ma porte. Je me suis levée et dirigée vers ma porte. J’ai déposé mon front à l’endroit où il devait avoir déposé le sien, de l’autre côté. De l’autre côté, seulement une planche de bois nous séparait. Quelques centimètres qui se transformaient soudain en mètre, en kilomètre, en année-lumière. Je sentais tout de même sa chaleur m’atteindre.

Je lui en voulais. Je devais lui en vouloir, il m’avait complétement défigurée. Une partie de moi me disait pourtant que rien de tout ça n’était personnel. Il avait évidemment des problèmes psychologiques, ou du moins il est dans une partie difficile dans sa vie. Je sens, je vois toute la peine qu’il porte. J’exagère peut-être, il se peut que ce soit ce que je pense juste parce que c’est ce que je voudrais croire, mais je comprends sa peine. À chaque regard, chaque parole, chaque respiration, je la comprends un peu plus. Je la ressens. Pourtant, il m’a frappé. M’a-t-il frappé moi ou l’a-t-il seulement fait puisque je me suis retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment? Était-ce un simple moyen de faire sortir sa douleur, fatiguée d’être gardée à l’intérieur? Il m’a dit qu’il m’aimait. Pas directement, mais c’était sous-entendu. Je l’ai repoussé violement, sans penser aux conséquences. Je ne sais pas, je n’ai pas pensé à ce qu’il pourrait ressentir. Il l’a mal pris, visiblement. Ou peut-être que ça n’a rien à voir.

StockholmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant