L'amour des deux côtés du coeur

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«I just fell in love and I couldn’t help myself. »

Sweet Louise, The Belle Brigade

Callie

Chaque jour, il y avait une nouvelle lettre à notre porte. Chaque jour, nous attendions le bruit de la boîte aux lettres pour courir à la porte d’entrée pour pouvoir enfin savoir qui nous harcelait. Chaque fois, il n’y avait plus personne quand nous sortions. Aujourd’hui, c’était le dernier jour des classes avant les vacances de Noël. Ce matin-là, je m’étais levée plus tôt que d’habitude et j’avais regardé par la fenêtre du salon pendant une bonne heure en sirotant mon café matinal. J’observais l’entrée de chez moi, au cas où quelqu’un viendrait déposer la lettre plus tôt qu’à l’habitude. Mais il n’y avait personne.

Je ne savais pas quoi penser de cette lettre. Je ne comprenais pas. Liam et moi s’étions éloignés depuis le jour où je l’ai lue. Il ne voulait pas m’expliquer et ça me mettait en colère noire qu’il ne me fasse pas assez confiance pour m’en parler. Pourtant, je n’avais dit son secret à personne et j’en avais souvent eu l’occasion. Dans ma tête, rien de tout ça n’avait de sens. J’ai tenté de comprendre en créant plusieurs scénarios, en relisant et relisant la lettre, en observant chaque petit détail. Mais plus j’y pensais, plus je ne comprenais pas. Je n’avais pas la moindre idée de ce que tout ça pouvait signifier. Strictement aucune.

Assise en indien, emmitouflée dans ma couverture, Liam est venu s’asseoir à côté de moi. Il a pris ma tasse de café et l’a déposé sur la table. Il me regardait. Il ne parlait pas. Il avait seulement les yeux rivés sur moi.

-Qu’est-ce que tu veux? lui ai-je demandé sans aucune expression.

-Est-ce que tu voudrais danser avec moi?

J’ai froncé des sourcils. Qu’est-ce qui lui prenait cette fois? Il s’est levé et m’a tendu la main, un sourire aux lèvres. J’ai secoué la tête. Il a pris mon téléphone et a fait jouer une de mes chansons préférées, une musique douce avec un mélange de piano, de violon et de guitare acoustique. Il m’a retendu la main.

J’ai finalement craqué.

Il a déposé sa main dans mon dos et il a enroulé mon bras autour de son cou. Il m’a fait balancer de gauche à droite en me faisant tourner. Il s’est collé à moi et j’ai déposé ma tête sur son épaule. J’ai fermé les yeux en écoutant la chanson. Pendant un instant, la terre s’est arrêtée de tourner et les horloges se sont immobilisées. Il n’y avait plus rien d’important en dehors de cette pièce, de cette chanson, de cette danse. Il n’y avait que nous.

-On pourrait aller souper au restaurant tous les soirs pendant les vacances, a proposé Liam. On pourrait passer nos journées complètes ensemble à écouter des films, aller au cinéma et magasiner. On pourrait faire ce qu’on veut pendant deux semaines. On pourrait parler de tout et de rien, apprendre à se connaître réellement, oublier totalement ce qui ne nous concerne pas, juste toi et moi. Qu’est-ce que t’en dis?

-Tu me diras tout alors?

Il a soupiré. Évidemment…

-On ne pourra jamais devenir de vrais amis si je sais que tu gardes des choses pour toi.

-Qui a dit que je voulais être ton ami?

Je suis restée silencieuse. Il avait un don pour dire des choses à lesquelles je ne savais pas répondre et qui me rendaient mal à l’aise.

-J’aimerais qu’on soit tellement plus que ça, a-t-il rectifié, mais on ne peut pas tant qu’on ne se connaît pas.

J’ai hoché la tête. Il avait bien raison. Le problème, c’est que moi, j’avais l’impression de le connaître comme le fond de ma poche. Je savais bien que ce n’était pas vrai, mais l’entendre parler comme ça me le rappelait encore plus. Je voulais croire, encore un peu, que je le connaissais mieux que n’importe qui.

StockholmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant