~Julian Vasquez~ ( Tome 1)

Chapitre 8 : La première promenade

Si la paix régnait actuellement sur le monde et les cinq empires, tel n'a pas toujours été le cas. De nombreux conflits se sont succédés et les tensions restaient présentes.

Dans ce contexte, chaque souverain chérissait les forces actives mises à sa disposition. Qu'il s'agisse de combattants puissants, comme ceux produits par les Vasquez, ou de chercheurs intelligents passés maîtres dans la compréhension de l'énergie magique. Cette énergie – dont l'existence remontait à la création même de la planète Ephraïm –  constituait une grande source de pouvoir pour qui savait s'en servir.

Philippe en possédait en grande quantité et en avait une maîtrise presque innée.

Mais être fort ne faisait pas tout. Sa puissance ne lui permettait pas tout. Il ne pouvait, par exemple, pas lever par lui-même la malédiction qui pesait sur ses enfants.

Seul l'individu ayant lancé une malédiction était en mesure de la lever. C'était là le principe même de ce pouvoir obscure et dangereux, propre aux vampires. Elle entrait dans le cadre de leur magie innée.

Connaître la provenance du perpétrateur avait été facile. L'attraper par contre n'allait pas être une mince affaire. Pour avoir une chance de percer à jour son identité et mettre la main sur lui, il fallait la coopération de Redsky. Mais les créatures de la nuit et la race humaine avaient des relations tendues.

Les choses étaient ainsi depuis plus de neuf cents ans, depuis l'époque de la «Guerre des révélations ». Une terrible guerre ayant chamboulé le monde. Elle avait opposé les différentes espèces les unes aux autres pendant plus de trois siècles. Elle était aussi à l'origine de la révélation d'un nombre incalculable de secrets, d'où son nom.

Vestige de la guerre, le conseil des dix regulait au mieux les dissensions entre les différentes espèces. Mais c'était loin d'être suffisant. La paix ne régnait qu'en surface, semblable à une fine couche de glace pouvant se briser à tout moment.

–  Monsieur Gramat, vous pensez vraiment que Juliana ouvrira un jour les yeux ? demanda-t-elle en remplissant à nouveau sa tasse.

Dans l'éventualité où le coupable ne serait pas retrouvé, la fillette risquait de demeurer dans un coma perpétuel ou pire encore, de perdre la vie.

Gramat leva la tête et perçu l'inquiétude qui brillait dans le regard de son apprentie.

–  Il est bien trop tôt pour dire quoique ce soit à ce sujet. J'ignore si elle ouvrira les yeux ou si le coupable sera retrouvé. Mais s'il y a bien une chose que je sais, reprit-il sa tasse en main, c'est qu'elle ne mourra pas.

Il prit quelques gorgées de son thé. Et posa à nouveau la tasse sur la table.

–  Elle ne mourra pas tant que je suis en vie, déclara-t-il ensuite avec fermeté.

Le cœur de Maërls trembla.

–  Je vois, fit-elle simplement. Permettez moi de me retirer.

Gramat lui en donna l'autorisation avant de retourner à sa lecture.

«Pas tant que je suis en vie».

Les mots de l'elfe se répétaient en boucle dans l'esprit de Maërls.

Combien de temps pourrait-il tenir ainsi ?

Comptait-il réellement prendre le risque de mourir dans le seul but d'aider les Vasquez ?

Maërls suivait Gramat depuis plus d'une soixantaine d'années. Elle était son unique apprenti et serait un jour amenée à le remplacer.

Cela voulait dire qu'il la destinait à hériter de son savoir, de sa fortune, de son nom, mais aussi de son titre. Elle était destinée à assumer le rôle de médecin exclusif de la famille Vasquez.