~Julian Vasquez~ ( Tome 1)

Chapitre 23 : Au palais impérial

Julian ne connaissait qu'en théorie les responsabilités incombant à sa famille. Même s'il lui arrivait d'être amené à examiner des documents ou à donner son avis lors des réunions avec les familles influentes,  le petit brun ignorait tout de la portée exacte des décisions prises par sa famille. Philippe et Déborah semblaient toujours agir selon le code de noblesse, au point de mettre en jeu la sécurité de leurs enfants.

Serait-il capable d'une telle chose ? D'une pareille abnégation ?Après tout, dans son ancienne vie, l'organisation était sa priorité. Gesha ne vivait que pour elle. Chose qu'il n'avait aucunement l'intention de faire dans cette vie. Se sacrifier pour sa famille ? Sûrement. Le faire pour la masse ? Absolument pas.

Il voyait bien comment ses parents souffraient des retombées de leurs décisions. Philippe s'en serait éternellement voulu si Juliana avait fini par perdre la vie des suites de la malédiction. Il aurait perdu sa fille en échange de la préservation du bien-être du peuple. Fort heureusement, ce n'était pas arrivé. Car, il y a de cela moins d'un an, sa jumelle – qu'il n'a encore jamais vu – avait finalement ouvert les yeux.

Ses parents ne lui en avaient bien évidemment pas parlé – décidés qu'ils étaient à lui cacher son existence. Mais il connaissait mille et une façon d'obtenir des informations grâce à la formation reçue de l'organisation. Aussi savait-il pour son réveil et sa présence confirmée à la cérémonie.

Ressentait-elle le même poids que lui en cet instant ? Définitivement.

Au même titre que Julian, Juliana ressentait elle aussi le poids d'être membre de la famille Vasquez.

Mais d'abord, certaines clarifications  étaient nécessaires.

Juliana Vasquez, la fillette actuellement assise à l'arrière d'un somptueux véhicule, seule et unique fille du gouverneur de l'ouest, ne connaissait pas grand chose de ce monde.

La brunette était sortie de son coma il y a même pas un an. Dans ce genre de situation, il faut normalement un long temps d'adaptation. Sauf que tel ne fut pas son cas. Si son corps mettait du temps à s'adapter, son esprit avait bien vite assimilé le savoir nécessaire à son intégration sociale. Les jumeaux Vasquez étaient visiblement aussi intelligents l'un que l'autre.

– Il est temps de sortir, Juliana, entendit-elle la voix de son père.

L'homme à la chevelure brune et la beauté remarquable dégageait une aura imposante.

Malgré le sourire qu'il lui adressait et la gentillesse qui émanait de sa voix, elle ne put s'empêcher de se sentir intimidée. Cet homme restait pour elle un inconnu.

Elle inspira et expira plusieurs fois pour évacuer le stress, sans grand succès.

– Est-ce que je peux... ne pas y aller ?  fit-elle d'une petite voix anxieuse, le ventre noué et les mains légèrement tremblantes.

L'idée de voir du monde la terrifiait. Elle ne voulait pas être ici. Il lui fallait plus de temps...

–  Ne vous inquiétez pas autant Lady Juliana, dit une voix douce, differente de celle du brun. je vous porterai dans mes bras, tout le long du chemin, jusqu'à ce que nous atteignons nos sièges, lui sourit-il chaleureusement.

– D'accord, oncle Raphaël, baissa la tête la fillette,  honteuse de son propre comportement.

Raphaël la prit dans ses bras et la porta jusqu'aux portes d'un immense bâtiment d'où s'échappaient de la musique et des éclats de voix joyeux. Elle ferma les yeux et enfouie sa tête contre le torse de son oncle, serrant fortement la manche de la veste de ce dernier.

–   Son excellence Philippe Vasquez, gouverneur de l’ouest, fait son entrée ! s'écria quelqu'un, portant toute l'attention sur eux.

Juliana pouvait sentir les nombreux regards posés sur elle, la scrutant de toute part.