PAPER HEART ✧ Jikook ✧☆☾☼☽☆✧

Chapitre 20

Le roman avançait bien, Jungkook avait retrouvé l'amour de l'écriture à travers ses sentiments pour Jimin qui se renforçaient. Comme un barrage qui aurait cédé face aux flots tourbillonnants, les mots affluaient avec facilité. L'auteur avait trouvé là un moteur pour créer un avenir doux et heureux pour le personnage. Il gardait en tête le moment où celui-ci devrait le quitter pour retrouver son univers de fiction, et il voulait que Jimin ait la vie dont il avait toujours rêvé. Une vie plus sereine, débarrassée de ses démons, de ses désillusions et de ses meurtrissures. Il prévoyait, même si cela lui brisait le cœur, de réunir Jimin et Jung Hoseok, — Hobi —son coup d'un soir de la page deux cent vingt-trois. En regardant la fiche qu'il avait créée pour ce personnage, il s'était rendu compte, qu'au début, il aurait parfaitement pu correspondre au type d'homme de Jimin. Il avait remarqué qu'il lui avait, inconsciemment attribué certains traits de sa personnalité. Mais une chose en avait entraîné une autre, — les aléas étant ce qu'ils sont dans l'écriture — ce personnage s'était retrouvé à n'être qu'un sombre connard et une aventure sans lendemain.

Il s'appliqua, à remodeler le personnage de Hobi, lui insufflant la personnalité qu'il était censé avoir à l'origine et gommant subtilement toute trace de ce qu'il avait été dans le tome deux. Le changement était plutôt harmonieux et il espérait ne pas être trop évident dans sa démarche. Comme si tout avait déjà été prévu, ce changement suivait exactement la ligne directrice principale de son histoire et pointait l'importance de l'évolution, du développement personnel, de l'amour et du respect de soi. Tel un Dieu créateur, il laissa agir son art, sa magie et provoqua le destin pour les deux protagonistes, mettant son cœur dans cette nouvelle rencontre qu'il voulait à la hauteur de ses attentes pour Jimin.

Mais inévitablement, certains passages titillaient en lui des sentiments auxquels il ne voulait pas faire face, car il réalisait que, peu à peu, le chemin qu'il traçait pour son personnage fétiche l'éloignait un peu plus de lui.

Son ancienne routine d'écriture avait été adaptée pour qu'il profite également de moments avec Jimin. Se levant avant l'aube alors que celui-ci dormait encore, écrivant des pages et des pages, jusqu'à ce que les bras de Jimin s'enroulent autour de sa nuque. Ils prenaient leur petit-déjeuner ensemble sur la terrasse en regardant les joggeurs matinaux faire leur exercices face à la mer, ensuite ils faisaient une promenade sur la plage avant que l'auteur ne retourne se plonger dans son travail jusqu'au début de l'après-midi. Pendant ce temps, Jimin s'occupait comme il pouvait. Dévorant livres et films, comme le boulimique de culture qu'il était. Ils déjeunaient ensuite à l'extérieur, Jungkook ayant décidé de permettre à Jimin de connaître un maximum de la gastronomie Coréenne et étrangère avant qu'il ne soit renvoyé dans son univers sans saveurs. En rentrant, Jungkook se replongeait dans l'écriture, tandis que Jimin se plaçait à ses côtés avec un livre en lui caressant distraitement la peau.

Inévitablement, la température montait et Jungkook se voyait distrait de ses travaux pour quelques heures. L'amour avec Jimin ne le décevait jamais et le laissait toujours désireux d'en avoir plus. Il n'avait jamais été du genre à s'attacher à quelqu'un après quelques parties de jambes en l'air, mais les choses étaient différentes avec Jimin. Il en était douloureusement conscient.

Quand Jimin s'endormait dans ses bras, rassasié d'amour, Jungkook restait là, à le contempler, ses doigts glissant doucement dans les boucles argentées. Il cherchait l'apaisement dans ce visage serein qui ne craignait pas le lendemain, loin de ses propres doutes sur son avenir, une fois que le jeune homme ne serait plus là. Il voulait égoïstement retarder l'échéance, mais il savait qu'il n'en avait pas le droit. Il ne pouvait pas maintenir Jimin dans un monde auquel il n'appartenait pas. Alors, il s'arrachait de l'emprise douce et rassurante de ce dernier et retournait poursuivre sa tâche jusqu'à ce que ses yeux pleurent de fatigue – ou de tristesse, il ne savait même plus à ce stade. Guidé par sa muse, il écrivait, les touches du clavier créant le rythme d'une mélodie hypnotique. L'histoire prenait vie, presque d'elle-même, s'affranchissant de son créateur, soumis à sa création telle un pantin entre les mains d'un marionnettiste. Comme une litanie, les mots tournaient en boucle dans son esprit :