2. Le livreur

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Depuis tout petit, comme son père avant lui, Izuku avait passé sa vie dans ce petit bout de campagne à la lisière de Tokyo. 

Passionné par ce métier, mais aussi étant quelqu'un d'infiniment altruiste, il avait voulu faire des études bien particulières, dont il venait de sortir diplômé il y a peu.

Quel métier, qui en apparence n'avait rien à voir avec la reprise du Jardin des Midoriya avait-il bien pu choisir ? 

Pour répondre à cette question, il fallait s'en poser une seconde : Quels problèmes pouvaient rencontrer le plus fréquemment les employés de ce genre d'exploitation ?


Douleurs articulaires, musculaires, blocage du dos ou des cervicales, engourdissement dans les doigts, ces petits bobos causés par la fatigue, qui par exemple nous fait oublier qu'il faut plier les genoux avant de soulever quelque chose. 

Tout ça, Izuku voulait l'éviter, ou le soigner, pour qu'être un employé des Midoriya soit le plus plaisant possible.


Évidemment, les équipements ainsi que la charge de travail bien calculée étaient déjà là pour faciliter les choses et réduire au maximum les dommages physiques. 

Malheureusement, travailler la terre, conduire des machines ou encore cueillir des fruits à la main parce qu'ils sont trop fragiles, ça use, quelles que soient les mesures prises en amont.


C'est pour cela qu'Izuku avait étudié durant 7 ans, la kinésithérapie, l'ostéopathie et l'étiopathie, ainsi que quelques autres techniques visant à prévenir les douleurs ou à soulager le corps. 

Il avait transformé une petite grange qui n'était plus utilisée, la première que son arrière-grand-père avait construite. 

Il avait fait faire des travaux pour la transformer en une habitation d'une centaine de mètres carrés à l'étage. Le rez-de-chaussée était entièrement dédié à son second métier, son cabinet ainsi que plusieurs salles pour que ses patients puissent faire des exercices de renforcement musculaire, par exemple.


Il avait choisi d'exercer pour des patients extérieurs chaque après-midi pour consacrer le reste de sa journée aux employés et à aider ses parents. Ainsi, il rapportait un peu d'argent et gardait un pied dans l'affaire qu'il reprendrait un jour. 

À ce moment-là, il prévoyait de réduire son temps de pratique de la médecine à deux ou trois après-midi par semaine.


Ce n'était pas qu'il avait eu envie d'en faire un métier à proprement parler. À la base, il voulait seulement apprendre. C'était sans compter sur les maires des villages alentour, qui voyaient l'arrivée d'un praticien comme une bénédiction. 

Il avait reçu des financements et l'intervention d'entreprises payées par les communes pour faire ses travaux, en contrepartie, il devait exercer une vingtaine d'heures par semaine dans son cabinet.


Yori, le livreur du jardin, était un jeune garçon sympathique, néanmoins, en plus de se plaindre sans arrêt, il semblait irriter les clients. Son poste était à la fois vendeur aux côtés de la mère d'Izuku dans la boutique et livreur pour les deux restaurants ainsi que pour les particuliers ayant commandé des paniers garnis par téléphone ou internet.

Il ne travaillait pas « mal », cependant, il était continuellement en train de vouloir qu'Izuku le soigne, alors qu'il s'évertuait à lui répéter qu'il n'avait rien. Le problème de Yori, et ça se voyait même sur son visage, s'appelait « flemme ». 


Ça faisait 5 ans que son cirque durait et maintenant qu'Izuku était diplômé, donc habilité à le lui dire, il avait été très clair avec lui : « Si tu n'aimes pas ton travail, démissionne, mais arrête de faire culpabiliser mes parents en disant que tu as mal partout ».


Yori s'était exécuté sans demander son reste et comme Izuku avait fini ses études, il pouvait livrer les restaurants le matin et les particuliers à la pause déjeuner ou le soir, c'était parfait pour lui. 

Le reste de son temps libre, il le passait avec sa mère à la boutique ou dans l'exploitation avec son père, sa vie telle qu'il l'avait rêvé avait commencé... À un détail près...


Izuku avait eu, durant toute la durée de ses études, une petite amie adorable et qu'il aimait par-dessus tout. Il se voyait déjà vivre dans cette maison pensée pour eux, avec une immense cuisine aménagée pour qu'elle s'éclate à préparer toutes sortes de plats et de pâtisseries. 

Ochaco était une cuisinière hors pair, une passionnée qui gagnait sa vie en faisant des vidéos culinaires sur sa chaîne Youtube.


Naturellement, Izuku s'était fait tout un film. Lui, avait son cabinet et le jardin, elle, un endroit idéal pour faire ses vidéos. Ils s'aimaient, se fréquentaient depuis longtemps et s'entendaient parfaitement bien, mais elle ne lui avait pas tout dit. 

Elle l'aimait, certes, néanmoins, elle gardait en tête son projet de toujours, sans en avoir jamais parlé à son amoureux.


Son rêve à elle, ce n'était pas de vivre à la campagne et de faire des vidéos dans sa cuisine, non, elle, ce qu'elle voulait, c'était aller vivre en France. Elle maîtrisait la langue depuis le lycée et parlait souvent de ce pays, mais Izuku ne s'était jamais imaginé qu'elle voudrait y passer le reste de sa vie. 

Pourtant, c'est ce qu'elle lui avait presque jeté à la figure lorsqu'il avait voulu lui faire la surprise. Les travaux étaient presque terminés et c'était la période idéale pour lui montrer leur futur nid d'amour.


« Et mon rêve, ma vie, mes envies, tu y as pensé ?!?»


Elle avait quitté les lieux sur cette phrase, en claquant la porte et le laissant pantois au milieu de son « cadeau » de Noël. Le lendemain, Izuku retrouvait les affaires laissées chez elle ainsi que tous les cadeaux qu'il lui avait offerts sur son palier. 

Entre eux, ça s'était fini comme ça, même pas le temps de chercher à comprendre, de discuter, de trouver une quelconque solution pour sauver leur couple.


Lui, avait essayé, mais face à son silence, il s'était résigné à interroger l'une de ses amies, qui lui avait raconté tout ce qu'Ochaco avait omis de mentionner durant toutes ces années. 

En réalité, elle voulait le quitter et partir à la fin de l'été, elle n'avait même pas pensé une seconde à lui proposer une relation à distance, ni rien de ce genre. Leur relation avait une date de péremption et il ne le savait même pas...


Heureusement, son meilleur ami Denki avait été là pour l'aider à reprendre un peu d'entrain et à voir les choses de manière positive. Si Ochaco lui avait demandé de la suivre, voire de financer le voyage, il l'aurait sûrement fait sans sourciller. 

Une fois en France, à vivre ensemble dans un pays où il aurait été perdu, rien n'aurait garanti qu'il ne serait pas rentré célibataire et déprimé tout pareil.


Il avait aussi raison sur le fait qu'ils ne partageaient que très peu de moment de complicité, ne faisaient quasiment pas de sorties en dehors de celles entre amis. Finalement, ils n'avaient pas grand-chose en commun à bien y regarder. 

Alors oui, une fois réellement ensemble, dans un quotidien, ici ou ailleurs, ils n'auraient sûrement pas fait long feu...

Le jardin des Midoriya [KatsuDeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant