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𝑆𝑎𝑙𝑒𝑚 𝐴𝑙𝑒𝑦𝑘𝑢̀𝑚 ꨄ

𝐊𝐇𝐀𝐋𝐈𝐋

La vieille copine venait juste de partir alors que je fumais une clope sur le toit de la maison, observant la scène entre elle et Issam. Il avait l'air tellement abattu, comme un vieux couple qui se sépare. C'est ça Issam, toujours à s'attacher trop vite. Il était au bord des larmes, et franchement, c'était ridicule. Ce n'était même pas une fille exceptionnelle.

Je tire une dernière taffe avant de jeter le mégot par-dessus le bord du toit. Je descends et retourne dans mon bureau, où une pile de dossiers m'attend. Malgré tout le bordel dans lequel je suis impliqué, j'ai une entreprise légale qui tourne bien. Ça me permet de gagner de l'argent proprement et aussi de blanchir mes autres revenus. Jusqu'à présent, les flics n'ont rien pu prouver contre moi. Pour eux, je suis un citoyen modèle, et je compte bien que ça reste comme ça.

Certains pourraient penser que je suis un salaud pour l'avoir forcée à quitter la ville. Mais vous savez quoi ? J'en ai absolument rien à foutre. Elle ne faisait pas partie du plan, et elle devait partir, point final.

- C'est à cause de toi, non ?

Je relève la tête et croise le regard d'Issam. Il me dérange en plein boulot, et si je me lève, ce sera pour lui refaire le portrait.

Issam : Je te parle, Khalil.

Moi : Me fais pas chier, Issam.

Issam : C'est toi qui lui as dit de quitter la villa ?

Moi : Tu me les casses là. Tu vois pas que je taffe ?

Issam : Réponds-moi et je me casse.

Moi : C'est pas toi qui voulais que je la laisse tranquille ?

Issam : Tu sais très bien ce que je voulais dire par là ! Tu crois que j'avais pas capté que tu voulais la faire tomber amoureuse pour pouvoir jouer avec elle ?

Moi : Ça te regarde pas, ça.

Issam : Bref, elle est partie où ?

Moi : J'en sais rien et je m'en balec.

Issam serre les poings, visiblement frustré par mes réponses évasives. Mais c'est comme ça avec moi. je ne donne jamais plus d'informations que nécessaire. Issam finit par se détourner, marmonnant quelque chose d'inaudible avant de quitter la pièce.

Je soupire et me laisse tomber dans ma chaise. Cette journée promet d'être longue, mais c'est le prix à payer pour garder le contrôle. Il n'y a pas de place pour les émotions dans ce monde, et Issam ferait bien de s'en souvenir.

𝐍𝐀𝐅𝐈𝐒𝐒𝐀𝐓𝐎𝐔


Moi : Allez Nafi, encore un petit effort...

Je pousse encore le canapé avant de m'arrêter pour admirer mon travail. Franchement, j'ai géré niveau déco. Merci Pinterest d'être là pour nous filer un coup de main !

Ça fait un mois que j'ai quitté la villa. Oui, je sais que ça semble long, mais c'était nécessaire. Je vivais à l'hôtel en attendant de trouver un petit appart. Je me suis réinscrite dans une nouvelle fac, j'ai cherché un travail parce que je ne compte pas vivre indéfiniment avec l'argent que m'a donné Khalil. Bien sûr que je suis triste d'avoir quitté ma ville, mais il n'y avait rien qui me retenait là-bas. Ni amis, ni famille. Tous m'ont tourné le dos, sauf mes frères et sœurs : Fatou, mon petit Issam, et Moussa. Mais on va pas s'attarder là-dessus, hein.

Après avoir bien mis le canapé en place, je sors du salon pour y revenir aussitôt et observer le résultat. J'espère ne pas être la seule à faire ça, même quand je range ma chambre.

𝑁𝑎𝑓𝑖𝑠𝑠𝑎𝑡𝑜𝑢 - 𝑴𝒂𝒖𝒗𝒂𝒊𝒔 𝒄𝒉𝒐𝒊𝒙 [2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant