Australie, nous voilà !

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Nous nous levons vers 4 heures du matin pour prendre l'avion. Mon frère, en échange de souvenirs, a accepté de nous emmener. On est passé d'abord chez Myrtille pour récupérer quelques affaires et on a filé vers le terminal de l'aéroport. Thomas nous dit en revoir en vitesse et continu son chemin. Il n'a jamais vraiment aimé les grandes démonstrations d'amour. Nous enregistrons nos bagages. Nous sommes un peu dans le brouillard à cause de la fatigue. Après avoir montré nos test PCR négatifs et avoir passé la sécurité, nous nous asseyons devant la porte d'embarquement. Les sièges sont vides, il n'y a presque personne. Nous nous reposons, l'une contre l'autre. Nous sentons les regards malveillants des quelques personnes autour de nous. Il est tôt et pourtant le jugement des gens sur notre relation n'attend pas. Bien sûr, nous avons l'habitude, nous avons vécu cela avec plusieurs autres partenaires séparément et maintenant ensemble. Je m'amuse à imaginer la raison pour laquelle ils sont contre nous. Un homme, assit à quelque mètre semble rouspéter sous son masque. Il est chauve, à un ventre assez gros et rond pour poser ses bras dessus. Il porte un débardeur gris, sale. Une chaine en or avec une petite croix, presque dissimulé par les poils de son torse, est posé autour de son cou. Je me demande pourquoi les gens le porte autour du cou, j'imagine une laisse, rattaché au ciel, qu'une force supérieure tirait si on est pas sage.

Pendant que je suis dans mes pensées, Myrtille semble s'être endormie. Je sors mon téléphone quand une personne s'approche de moi. « Vous partez en Australie ? » demande la femme plutôt âgée. « Oui, vous aussi ? » répondis-je en chuchotant pour ne pas réveiller Myrtille. « Oui, je pars avec ma femme. » répond-elle. Je tourne la tête et repère une dame, du même âge que celle qui me parle, qui me salue. « Je voulais vous dire que même si maintenant, tout à l'air impossible, en vérité, c'est notre vie et notre futur. C'est la seule vie qu'on a alors, profitez-en, sans préjugés, sans peur. » dit-elle. Je ressens ses mots. J'ai l'impression d'avoir compris son histoire, de savoir qu'elles ont vécus des moments difficiles, voir terribles. Malgré tous les mots qui se bousculent dans ma tête, seul « Merci beaucoup. » s'échappent de ma bouche. Je la regarde retourner vers sa femme, le sourire aux lèvres. Je m'imagine, dans 50 ans, au même endroit. Peut-être que moi aussi, je prendrais 5 minutes de mon temps pour aller rassurer un jeune couple, encore un peu épargné par la société, par la vie.

« Peut-être que nous aussi, on sera comme ça. » dit Myrtille, qui a entendu ma conversation avec la femme. Je tourne la tête pour la regarder. Elle a de petits yeux, encore endormis. Je passe mon bras autour d'elle et caresse sa tête avec ma main. Elle est si mignonne, je ressens l'envie de l'enlacer bien fort. « Sûrement. » affirmé-je. Ces mots ne suffisent pas à lui dire combien j'aimerais rester avec elle, à cette instant et ne plus jamais bouger. Elle le comprend dans mon regard, dépose un baisé sur mes lèvres et se repositionne pour continuer à se reposer.

Je regarde le plafond. Peut-être que c'est ça le véritable amour, peut-être que je ne vais pas être détruite par cette relation.

« L'embarquement pour le vol 9806 va commencer, veuillez vous présenter aux portes. » annonce une hôtesse, postée au bureau d'embarquement. Myrtille relève brusquement la tête. Nous nous levons et marchons en vitesse vers la porte d'embarquement. L'hôtesse scanne notre billet et nous montre le chemin vers l'avion. Quand je m'assois sur mon siège, je regarde à travers le hublot. Le soleil commence à se lever. J'ai l'impression de regarder vers l'avenir. Je ne pars qu'un mois mais j'ai l'impression de commencer une nouvelle vie.

Une nouvelle vie avec toi, Myrtille. 

Myrtille (histoire lesbienne)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant