CHAPITRE III

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6e mois.

— Aller, vas-y, tu n'as rien à perdre, tu dois reprendre ta vie en main, tu vas aller à ce rendez-vous avec lui ! M'ordonne Val.

Un client de la boutique est venu et m'a fait du charme. Oui, j'avoue, il était plutôt bel homme, mais j'étais préoccupé par d'autres choses.

— Val, j'ai autre chose à faire. Soufflais-je.

— Je m'en fiche, c'est une occasion qui ne se représentera pas quand tu le voudras, alors tu vas aller avec cet homme te changer les idées ! Oust ! Je ne veux plus te voir dans l'atelier, vas te faire belle ! Me gronde Valentine en me donnant des coups de chiffon.

Je la remercie et rentre chez moi me préparer. Voilà bien longtemps que je n'avais pas eu à me faire belle pour un homme...

Une heure plus tard, j'arrive dans cette petite brasserie et le vois s'installer, à la table qu'il nous avait réservée.

— Oh bonjour Alice ! S'exclame-t-il, un ton trop enthousiaste.

— Bonjour Arthur.

Il me fait la bise en passant son bras dans mon dos pour caresser doucement celui-ci, ce qui me crispe, mais je ne dis rien.

Durant le repas, Arthur fait quasiment toute la discussion seule, ce qui m'arrange amplement. Il me raconte sa réussite de son entreprise et ses placements d'argents bien réussis. Il bouge son poignet pour bien mettre en avant sa montre à 7 chiffres.

À la fin du repas, il m'accompagne jusqu'à ma voiture et m'embrasse la joue en me souhaitant une bonne nuit. Le point positif de cet homme est de ne pas prendre la femme comme acquise et ça, je l'en remercie.

Je quitte cet homme et rentre chez moi, soulagée que cette soirée soit enfin terminée...

Les jours passent et je suis avec Lia à faire du lèche-vitrines, on profite des soldes pour se faire cette après-midi entre filles.

Nous sommes en juin, c'est le début de l'été et je dois à tout prix m'acheter des vêtements pour femme enceinte, car je n'arrive plus à fermer mes pantalons depuis 2 semaines.

On entre donc dans une boutique pour moi et je prends ce qu'il me faut. Après avoir essayé les vêtements, je marche en direction de la caisse. Je passe dans le rayon pour nouveau-né et je ne peux m'empêcher de m'arrêter pour regarder.

— Tu craques toi aussi hein ? Me surprend Lia. Toutes les femmes craquent en passant dans ce rayon.

— Oui, je ne comprends pas pourquoi. Lui répondis-je ironique.

Je remarque un body beige avec un petit chien de broder dessus.

— Aller prend-le et on s'en va avant que l'on ne dévalise la boutique. Dit-elle en rigolant.

On enchaîne encore quelques boutiques avant qu'elle ne propose :

— Allons prendre un verre en terrasse ! S'exclame-t-elle.

— Aller, c'est parti !

On se dirige vers la terrasse du centre-ville et nous nous installons tranquillement.

— Alors le travail en ce moment ça se passe bien ?

— Oui, ça se passe bien, on va enchaîner les fleurissements cet été.

— Attention, tu approches du terme.

— C'est pour ça que je vais gérer les rendez-vous avec les mariés, l'administratif et que les petites pièces florales.

— Bien, y a intérêt !

— Promis ! Rigolais-je.

— A-Alice ?

Soudain, je fus coupé dans mon élan, quand je reconnais la voix de George prononcé mon prénom. Je me retourne vers lui. Accompagné d'Agathe, je la vois regarder mon ventre rond. Je la connais, l'envie de me prendre dans ses bras se lit sur son visage, à la façon de se mordre la lèvre du bas.

— Comment vas-tu ? Me demande alors Agathe en se retenant de parler du bébé.

— Bien, lui aussi va bien. Lui dis-je en lui souriant et en caressant mon ventre.

— Je-Je peux ?

— Heu, oui, si vous voulez.

Elle s'approche de moi et pose délicatement sa main sur mon ventre, par peur de me brusquer sûrement. Puis au contact de sa main, ce petit donne un coup. Ce qui fit rire Agathe.

— Il vous a reconnu vite ! Rigolais-je.

— Tu comptes le garder alors ou tu n'as pas encore décidé ? Me demande-t-elle timidement.

George, qui était resté en retrait, prend enfin la parole.

— Ce qu'elle oublie de te dire, c'est que si tu comptes le garder et que tu acceptes bien évidemment, c'est que l'on voudrait avoir de ses nouvelles et que l'on sera là si tu as le moindre problème, bien que Liam soit notre fils.

— Merci, je ne sais pas encore, ce petit garçon dans mon ventre, je l'aime, d'un amour inimaginable qu'une mère peut avoir pour son bébé, mais savoir qu'il n'aura pas de père me déchire le cœur...

— C'est-C'est un garçon ? Me sourit Agathe les larmes aux yeux.

— Oui et j'espère de tout cœur qu'il n'est pas le caractère têtu de son père et de sa mère. Souffle Lia à côté de moi en rigolant.

— Promets-nous de nous donner des nouvelles d'accord ? Me supplie Agathe.

— Je vous le promets.

Et dans cette promesse qui m'effrayait, je me promets à moi-même d'essayer de la tenir. Malgré moi et le lien pourtant brisée qui m'unis encore à eux.

7e mois.

J'en ai marre, je suis essoufflée. Comment est-ce possible de faire tous ces exercices et figures en étant grosse comme une baleine ? Pourquoi je me retrouve dans un cours de Yoga pour femme enceinte ? Pourquoi ai-je fait confiance à Lia, qui essaie de m'encourager comme elle le peut à côté de moi.

— Plus jamais tu me fais faire un truc de ce genre Lia, je te le jure sinon que tu finiras avec beaucoup de calories dans tes plats ! Toi qui fais attention à ce que tu manges !

— Hé ! Tu ne rentreras plus jamais dans ma cuisine ! Rigole-t-elle.

En sortant de la salle de sport, j'ai mal partout et je ne tiens plus debout.

Je repense à ces séances de sport que j'avais commencé quelques mois auparavant le mariage... Depuis le début de cette grossesse, chaque jour qui passe, j'avance doucement en mettant un pied devant l'autre et je vais mieux de jour en jour.

Les paroles de ma mère me refont surface.

— Cette grossesse te réussit plutôt bien ma chérie, tu as meilleure mine !

C'est peut-être ridicule, mais cela me fait sourire et me donne le courage de vouloir encore plus réussir ma vie, notre vie.


Naissance d'un mariage perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant