CHAPITRE XIII

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— Alice, réveille-toi ! Alice, tu m'entends ?

J'ouvre les yeux, sans comprendre ce qu'il se passe. Ma vue me revient petit à petit. J'essaie de me souvenir de ce qui a pu se dérouler. Eden se tient au-dessus de moi. Une douleur fulgurante dans mes paumes me vient. Je les regarde et les vois ensanglantés. La panique me prend. J'essaie de me relever, mais Eden m'en empêche.

— Ne bouge pas Alice. Les secours arrivent. On va t'emmener à l'hôpital.

— Gabriel. Arrivais-je à prononcer.

Je sens Eden s'éloigner. S'en suit d'un énorme fracas.

Il réapparaît avec mon fils dans ses bras.

— Comment es-tu entré ?

— Heureusement que Lia m'a laissé un double des clés quand tu lui as confié tes peurs à propos de Liam.

Je souffle de soulagement.

— Calliope va nous rejoindre à l'hôpital pour prendre Gabriel et l'emmener chez moi pour s'en occuper, d'accord ?

Je hoche la tête en guise de réponse.

2 h 17

Après être sortie de l'hôpital, je monte dans la voiture d'Eden.

— On va chez toi pour prendre des affaires à Gabriel et toi. Vous vous installez chez moi, et ce n'est en aucun cas une proposition Alice. Tant que cette histoire n'est pas réglée, vous restez en sécurité, plus jamais il ne t'approchera si vous êtes seule, je vais changer mes plannings en fonction des tiens.

— Merci. Fus le seul mot que je suis capable de prononcer.

Mes souvenirs de cette soirée sont encore vagues. Je revois encore Liam se faire emporter par les agents de police, le visage couvert d'hématomes. Quand après être passé chez moi sans oser regarder le bazar causé par cette énième dispute, nous arrivons enfin chez Eden. Là où nous allons désormais vivre, pour un temps, indéterminé.

Ne trouvant pas le sommeil, je décide de me lever sans faire de bruit. Je me fais un chocolat chaud et vais m'installer dans la véranda. Le ciel étoilé est magnifique ces temps-ci. Je sursaute en entendant une chaise grincer sur le sol derrière moi. Eden s'installe à côté de moi.

— Je ne t'ai pas réveillé, j'espère ?

— Non je ne dormais pas non plus. Me dit-il de sa voix rauque.

Ne voulant pas parler de ce qu'il s'est passé quelques heures plus tôt, je lui demande des nouvelles de son divorce. Me souvenant que c'était hier, c'est pour cela qu'il devait passer à l'appartement.

— Le juge a enfin donné son jugement, elle a perdu, elle a avoué par colère qu'elle voulait juste mon argent quand elle m'a épousé... Dit-il tout bas.

Je vois que bien qu'il soit débarrassé de ce problème, cette situation l'attriste quand même. Je prends l'initiative de me lever et de le prendre dans mes bras. Son corps ne réagit pas, tout de suite, sans doute est-il surpris que je puisse faire le premier pas d'un contact physique sans qu'il ne me demande mon consentement.

Nous restons en silence côte à côte. Il joue avec mes doigts. Je remarque alors ses phalanges tuméfiées. Voilà pourquoi Liam a été roué de coups.

Je ressens cette impression que le temps, c'est arrêté, que nous planons dans l'univers, rien que tous les deux. Coller l'un à l'autre. C'est étrange, nous ne faisons pas le premier pas, ni le premier mot de ce dont nous voulons tous les deux et pourtant, c'est comme si tout nous poussait vers l'autre. Je l'observe admirer les étoiles. Son visage paraît plus reposé, son regard est bouleversant. On dirait qu'en ce moment, plus rien de mauvais ne peut l'atteindre. En y réfléchissant, c'est ce que je ressens quand il est à mes côtés, il me protège, me rassure. Prise, la main dans le sac, ma contemplation s'achève. Le voilà que lui aussi me fixe, un sourire au coin des lèvres. Jamais auparavant, je n'ai eu une telle envie d'embrasser quelqu'un.

Naissance d'un mariage perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant