CHAPITRE XI

238 20 1
                                    

— Il ne veut pas nous parler pour l'instant. Avoue George, en s'enfonçant dans sa chaise.

Agathe ne cache pas ses larmes, tandis que ma mère essaie de rassurer tout le monde. Mon père parle avec George de la situation.

— De toute façon, désormais, il ne pourra pas faire comme si Gabriel n'existait pas, il en est hors de question et si je dois secouer mon fils, je le ferais.

Les deux hommes continuent de discuter, mais je n'écoute qu'à moitié. Ces quatre-là se sont invités chez moi pour apaiser les choses, disaient-ils... Mais ils ne font rien de plus que de ronger encore plus mes espoirs d'être heureuse... Mon angoisse ne fait qu'accroître en les écoutant. Je ne me sens pas bien, mais ne peux pas m'enfuir loin d'eux et de cette discussion, sinon ils pourraient avoir des soupçons, voir même vouloir me poser des questions qui me feraient remémorer des souvenirs, auxquelles je ne veux plus penser.

Je ne remarque pas ma mère disparaître, c'est quand elle revient accompagnée que je reviens à la réalité, grâce à sa voix. Eden. Tout d'un coup, j'ai comme une bouffée d'oxygène, comme si avant qu'il n'arrive, je ne respirais plus.

Ce qui sans doute était le cas.

Je m'échappe dans la cuisine grâce à Eden, Dieu merci, personne ne vient nous voir.

— Comment vas-tu ?

— Comme tu peux le voir, c'est la réunion de crise forcée...

Cela faisait maintenant plusieurs jours que j'avais revu Liam lors de ce rendez-vous, qui se fut être un désastre, surtout pour mon cœur. Mais je n'ai pas encore eu le courage d'en parler à Eden. Mais je n'ai plus le choix, je me sens mal de lui dissimuler ça.

— J'ai revu mon ex, accompagné de Gabriel, et ça s'est vraiment mal passé. Ça y est la bombe est lancé, Eden reste de marbre. Je suis fatiguée de tout ça, de me battre Eden. Lui avouais-je.

Il s'avance vers moi, légèrement trop proche à mon goût, ce qui a le don de mettre en alerte mes sens à chaque fois.

Je n'ai pas à avoir peur pourtant.

Idiote.

— Sache que je n'ai jamais rencontré une personne plus courageuse que toi, Alice, tu es une battante, et je serais toujours là pour toi. M'avoue-t-il d'une voix qui se veut sincère.

Mon corps se crispe dès que ses doigts effleurent ma joue et replacent une mèche de cheveux qui tombait sur mon visage.

Je recule instantanément après avoir repris mes esprits.

— Je... Excuse-moi. S'empresse de dire Eden. Je crois que je comprends, enfin, j'ai compris. Ses yeux s'assombrissent le temps d'un instant.

J'ai peur de ce qu'il peut s'être imaginée, en même temps, je sais qu'il est intelligent. Il est chirurgien après tout, dans le milieu médical, je pense que l'on apprend à reconnaître les signes qui ne trompent pas. Et c'est bien cela qui m'effraie le plus, je crois...

Nous sommes coupés par ma mère qui nous annonce qu'ils s'en vont pour mon plus grand bonheur et à la fois mon malheur. Car je crains la tournure que va prendre notre discussion une fois partie.

Je m'installe de l'autre côté du bar pour que quelque chose puisse nous s'éparer et que je puisse m'accrocher à ce dernier comme point d'ancrage sur cette terre, pour cette épreuve à passer...

— Alice, pourquoi ne m'avoir jamais rien dit ? Me demande calmement Eden en cherchant mon regard.

Le regard fuyant, je ne sais quoi lui répondre, ou plutôt par quoi commencer...

Naissance d'un mariage perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant