Will
Alors que Mike rejoint sa mère et la mienne dans la cuisine pour finir de préparer la table, je sens soudain le vide que comblait Mike disparaître. Il m'avait brisé en s'éloignant de moi du jour au lendemain. J'étais tellement déboussolé que j'avais pris un temps monstre à m'en remettre. Quand son meilleur ami vous largue subitement, ce n'est facile pour personne.
C'était il y a à peine deux ans. Et je m'en souviens comme si c'était hier. Difficile d'oublier quand cette personne qui vous laisse est en fait, la personne est la plus importante dans votre vie.
Avant que j'entre dans la maison de Mike, j'étais persuadé que mes démons et ces ombres dans ma chambre ne m'avaient pas suivis, pourtant, maintenant, je sens l'angoisse remonter à la surface. L'obscurité des escaliers m'est étrangère parce qu'ici, tout est toujours lumineux et plein de vie.
- Dépêche toi de mettre la table, Mike, on va bientôt manger! s'écrit Karen dans la cuisine.
- T'en fait pas m'man, je gère!
L'odeur de la nourriture vient s'enfouir profondément dans mes narines, ce qui me donne des hauts-le-cœur. Une boule se crée dans mon ventre quand je monte les escaliers pour échapper à cette odeur infecte. Mike m'interpelle d'en bas, faisant monter cette horrible boule jusque dans ma gorge.
- Will? Où tu vas? On va bientôt manger.
- Oui, je sais. Je vais juste me laver les mains, mentis-je.
Il hausse les épaules et retrouve dans la salle à manger déposer le plat qu'il porte entre les mains. Je serpente dans le couloir, zigzaguant entre les meubles disposés contre le mur et les jouets d'Holly. Tout me parait sombre, mais j'arrive à me repérer. J'ouvre enfin la porte de la salle de bain et allume la lumière puis referme la porte derrière moi.
Je reprends mon souffle, inhale de grandes bouffées d'air et me détend. En dehors de cette pièce, la maison empeste l'odeur âcre du dîner.
Je m'approche du lavabo et allume le robinet. Un fin filet d'eau s'y échappe avant que j'augmente la pression. Je passe mes mains sous l'eau froide et attrape le savon sur le rebord. De la mousse s'échappent avant de disparaître dans le siphon après que l'eau l'est emporter.
Je regarde autour de moi, cherchant en vain une serviette avec laquelle essuyer mes mains. Je les frotte sur mon jean pour les sécher et nettoie rapidement le lavabo pour qu'il rEs te propre.
Mes yeux se posent alors sur la lame de rasoir qui orne l'étagère en dessous du miroir en face de moi. Je respire un grand coup, essayant de me convaincre que ce n'est pas la bonne solution. En vain. La sensation de perdre contre soi même ne m'avait pas manqué, la fraîcheur d'une lame non plus. Je remonte les manches de ma veste, mon cerveau me criant d'arrêté, mais rien n'y fait. C'est comme si j'étais devenu une marionnette. Je n'ai pas envie, pourtant je continue. Je crois que je n'ai tout simplement plus la force de m'arrêter, d'arrêter cette envie subite de me faire du mal.
Alors que la lame s'approche un peu plus de mon poignet gauche, je verse une larme qui s'écrase sur le sol devant mes pieds. Mes jambes tremblent à la vu de toutes ces marques qui décore mes bras comme on décorerai un sapin de noël. Je me sens tout d'un coup faible. Tellement faible que je laisse les ombres porter mes mouvements.
Un trait. Un nouveau trait.
La douleur ne me fait plus aucun effet. Une goutte de sang perle le long de mon poignet, retraçant les anciens traits que j'essaye chaque jour d'effacer. Les effacer de ma mémoire. Je ne peux faire que ça. Parce que les marques que j'observe sans émotions, elles, ne s'effaceront plus jamais. Et je garderai ce poids en moi tout au long de ma vie.
Un deuxième trait. Cette fois plus profond.
Il me picote légèrement, mais je ne bronche pas. Je n'ose même pas me regarder dans le miroir. Je n'ose même pas lever la tête. La faiblesse me gagne.
Un troisième trait. J'ai eu du mal à trouver un emplacement correct sur mon bras, je me rends soudain compte ces traits envahissent chaque partie de mes avants-bras.
Je tremble. Je verse une deuxième larme qui s'écrase près de la première. Est-ce la douleur physique qui me fait mal, ou le fait d'être incapable de m'arrêter?
L'odeur tiède de la nourriture entre dans mes narines, elle a réussit à passer à travers la porte.
- Will? demande une voix familière derrière moi.
J'essuie instantanément mes coupures qui saignent et me tourne vers Mike, la lame pleine de sang dans le point de ma main.
- Tout va bien?
- Oui, ça va. J'étais en train de me laver les mains.
- Mais ça fait déjà cinq minutes qu'on t'attend. Tu es sur que ça va?
- Oui. Ça va.
Je regrette directement mon ton tranchant quand je bouscule Mike pour disparaître dans le sombre et ténébreux couloir. Une serviette à la main, j'appuie sur mon avant bras saignant qui me picote maintenant dans tout le corps. J'aurai préféré que tout ça n'arrive jamais. Je m'arrête en haut des escaliers, me dépêche de mettre la lame dans ma poche puis commence la descente vers la salle à manger. J'ai besoin de pansements. La serviette est déjà complémente imbibée de sang.
J'arrive en bas des escaliers et retrouve ma mère déjà assise à la table.
- J'ai oublié mon portable dans la voiture, je peux avoir les clefs? je lui demande en chuchotant à son oreille.
- Dépêche toi, le repas va refroidir.
Je hoche la tête et me dirige en trottant jusqu'à la porte d'entrée. Je l'ouvre et me mets à courir jusqu'à notre voiture garée dans l'allée juste en face. J'ouvre le coffre, priant pour y trouver des pansements ou des bandages.
Je me détends quand j'attrape la boîte que je recherche. Par chance elle est pleine. Je l'ouvre, puis remonte la manche de ma veste. Mes cicatrices à découvert, je me dépêche de les recouvrir. Une fois que tout est réglé, je range la boîte ou je l'ai trouvé et referme doucement le coffre. Mike apparaît, les yeux écarquillés.
C'est sûr, il a vu les marques sur mon bras. Il a tout vu, j'en suis sûr.
Et merde...
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Heyy! Nouveau chapitre, j'espère qu'il vous plait :) Il est beaucoup plus long que d'habitude mais je voulais vraiment faire un chapitre comme celui ci, donc j'espère que le passage n'était pas trop dure à lire ( pour ceux qui ont déjà vécu ça ou pas ) mais j'ai vraiment essayé de bien l'écrire pour montrer à quel point ceux qui sont dans la même situation que Will ( dans cette ff ) souffrent.
Prenez soin de vous <3
VOUS LISEZ
LOVER ☆ byler
Fanfic𝐖𝐢𝐥𝐥 𝐁𝐲𝐞𝐫𝐬 & 𝐌𝐢𝐤𝐞 𝐖𝐡𝐞𝐞𝐥𝐞𝐫 "Mike, Mike, Mike. Si tu savais. Si tu savais combien de fois j'ai pensé à toi en cours. Si tu savais combien de fois j'ai pensé à toi tout court. Si tu savais tout ça, tu verrais le monde différent, co...