Chapitre XV

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🎵 JVKE - Golden Hour 🎵


Rockaway Beach - New York

17h08

On est sur un parking le long de Rockaway Beach. C'est une plage très peu fréquentée, généralement, on y trouve surtout des surfeurs venus chercher un peu de tranquillité loin des touristes. L'eau est plutôt agitée aujourd'hui, prouvant la véracité de la météo, mais la combinaison entre le vent frais et le soleil d'octobre forme un climat parfait pour les balades.

Bucky coupe le contact de la Harley et nous descendons. Il m'aide à retirer mon casque avant que je n'observe les vagues s'échouer pendant qu'il s'occupe de ranger les protections dans le coffre.

— Tu sais que tu n'es pas obligé de faire tout ça. L'aquarium, c'était déjà super. Imagine le niveau que tu vas devoir atteindre la prochaine fois.

— La prochaine fois ?

— Oui... Si tu le veux bien sûr.

— Ça me ferait vraiment plaisir, sauf que la prochaine fois, ce sera à toi d'organiser la sortie. Comme une égalité dans le choix de nos futurs rendez-vous.

— Ça, c'est une idée absolument incroyable.

— Je sais, comme ça, il me reste du temps pour chercher toujours mieux et c'est dans l'air du temps il paraît.

Je lui souris avant qu'on ne commence à avancer le long de la plage. Aucun de nous ne parle, mais le silence n'est pas lourd, il est apaisant. Je m'amuse à regarder les mouettes paillées pour un bout de miette et attaquer certains plagistes. Tant qu'elles ne me jettent pas leurs fientes sur la tête, je les trouve divertissantes. Je frissonne légèrement et réchauffe mes mains par réflexe. J'ai beau ne pas avoir froid, mes mains resteront toujours gelées.

— Tu as froid ?

— Non, ce sont mes mains. Elles ont toujours été gelées. Je ne te raconte pas la tête de mes patients quand je devais les ausculter. Ils me traitaient de glaçons, je devais constamment avoir des chaufferettes dans les poches pour ne pas les brusquer. Ma sœur m'appelait même Dracula.

— Je connais ça, j'ai alterné soixante-dix ans entre la glace et les conditionnements. Le froid ne me gêne plus.

Bucky prend mes mains avec sa main de chair et souffle dessus pour les réchauffer. Ça a l'air tellement naturel pour lui que j'en viens à me demander s'il n'était pas habitué à le faire avec les filles dans les années quarante. Je ne sais pas si c'est de la jalousie ou uniquement de la curiosité, mais je me rassure en me disant que de toute façon, elles sont sûrement toutes déjà mortes.

— Rebecca avait aussi les extrémités froides à chaque fois. J'avais l'habitude de lui réchauffer comme ça. Ça marche ?

J'opine du chef et je sens que mes mains ne sont pas les seules à se réchauffer. Mes joues doivent être rouge pivoine. Bucky ne le sait pas, ou peut-être qu'il n'y fait juste pas attention, mais je sens ce qu'il éprouve maintenant. Il est apaisé, calme et ressent de la joie, mais il est stressé aussi. Exactement comme moi. Sa colère est calme et il pense à autre chose que tous nos problèmes. Je fais un geste en avant et je le remercie en lui déposant un baiser sur la joue.

— Merci, James.

— De rien, poupée. J'ai pensé qu'on pourrait aller manger avant que je ne te dévoile ma surprise.

— Encore une surprise. Es-tu sûr de toi ? Tu mets la barre trop haute pour moi, James.

— C'est juste une surprise, mais ça pourrait devenir un rituel.

L'explosion d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant