Arnan attendait. Il entendit la porte de sa cellule s’ouvrir, sous le cliquetis des clefs. Il ne reconnaissait
pas ces pas." On m’a assigné à votre garde, je remplace Ranhin. " La voix était chaude, vibrante.
" Vous perdez votre temps à me garder, je ne peux pas me détacher de ces chaînes...vampire.
-Vous avez raison, mais j’ai reçu des ordres précis. Ne me compliquez pas la tâche. "
Il sentit le vampire le relever et le faire asseoir à une chaise. C’était inhabituel.
" A votre droite il y a une écuelle avec du pain et une bouillie de légumes et de viande. Un peu plus en
avant un verre d’eau.
-C’est bien la première fois qu’on m’offre un tel repas.
-Mangez. " La voix était rassurante mais ferme.
" Qu’est-ce qui me prouve que ce n’est pas du poison ?
-Rien, malheureusement.
Cette réponse avait le mérite d'être sincère. Arnan attrapa d’abord le gobelet. Ça faisait du bien de s'hydrater et de se nourrir. Son gardien revint le lendemain.
" Vous êtes différent. Vous n’êtes pas cruel.
-Et vous… un sot."- Je ne peux pas voir votre visage ?
-Les ordres sont clairs. J’ai interdiction de vous ôter ce bandeau.
-C’est vrai.
-Puis il n’y aurait pas grand-chose à voir, croyez-moi.
-Pourquoi vous dépréciez-vous ainsi ?
-Aucunement, c’est la vérité, mage. »
Arnan trembla, sentant les mains du vampire effleurer son visage.
" Je vais soigner vos chevilles. "
L’occasion était trop belle. Arnan décocha un coup de pied, prenant par surprise le vampire. Mais ce
dernier était loin d’être dupe, et saisit le prisonnier par le bras, exerçant une pression.
" Réessayez et je vous brise en deux.
-Vous en avez envie…
-Non. Je voulais juste soigner vos jambes, elles sont en sang. Et moins je vois de sang mieux je me porte,
alors laissez vous faire. "Arnan guère convaincu, obéit toutefois. Les gestes du vampire était emplis de douceur.
" Voilà.
-Vous ne me remettez pas ces fers ?
-Je viens de vous soigner. Je ne sabote pas aussi rapidement mon travail. "Menekar s'éclipsa comme à son habitude, laissant Arnan avec encore plus d'interrogations. L'homme se résolut à interroger son gardien le lendemain.
"Votre comportement n'est pas du tout comme ce bourreau de Ranhin.
- Je sais ce que ça fait d’être enchaîné comme une bête" finit par lâcher Menekar.
" Que faisiez-vous, avant de garder de pauvres âmes comme la mienne ?
-Je dirigeais le Pic.
-Je connais la région.
-Ah oui ?
-J’y ai laissé mon jeune apprenti avant de partir en quête des reliques pour l’Alliance. Un brave garçon,
doué de ses mains. Il connaissait quelques rudiments en magie. J’imagine qu’il s’en ai servi pour son
apprentissage en tant que forgeron."
Un bruit de tasse brisée parvint à son oreille. "Tout va bien ?"Le vampire était parti. Une semaine passa sans une visite. Arnan regrettait sa curiosité. Menekar avait eu tout le temps pour réfléchir de son côté. Il revint voir le prisonnier.
"Je commençais à m'inquiéter" confia Arnan.
"Je peux vous poser une question ?
-oui...
-Est-ce que… votre apprenti s’appelait Gilsen ?
-Oui, comment le savez-vous ?
-Ca n’a plus d’importance... »
Arnan sentait la volonté du vampire faiblir. Il se concentra. Même sans sa vue il pouvait se servir de ses
facultés.
" Vous fouillez dans mon esprit." murmura Menekar, sans toutefois opposer de résistance. Après tout,
n’avait-il pas lui aussi utilisé ce don naturel quand il le pouvait encore.
Arnan entra dans la mémoire du vampire. Ce qu’il vit le terrifia."Vous avez participé au massacre de Synarês ! "
Menekar resta interdit." Je paierai sûrement pour le restant de ma vie.
-Arrière monstre. "
La seconde d’après, l’obscurité disparu. Les yeux d’Arnan se portèrent d’abord sur le chandelier, seule source de lumière dans la cellule, puis sur le visage de Menekar. Sa mèche blanche occupait plus d’un tiers de sa chevelure qui avait poussé, atteignant le milieu de son dos. Son visage de porcelaine semblaient fissuré par endroit. Il se tenait assis dans une curieuse chaise équipée de deux roues en bois. Vêtu d’une simple tunique noire, sans aucun ornement. Il recula ses mains d'albâtre.
" Je vous avais dit qu’il n’y avait rien de beau à voir.
-Je peux mettre un visage sur votre voix…. c’est surprenant.
-Surprenant ? Je suis sûr que vous aviez d’autres qualificatifs à l’esprit, beaucoup plus vrais.
-Je vous jure que non. "
Menekar soupira avant de reprendre le plateau vide. " A demain Mage.
-Je m’appelle Arnan.
-A demain Arnan. »Le vampire revint, avec le même plateau, comme à son habitude.
Malgré ses entraves aux poignets, Arnan se hissa à la hauteur de Menekar. « Que faites-vous ? » demanda ce dernier d’une voix tremblante.
"Vous n’êtes pas repoussant. Bien au contraire.-Vous êtes un sot, je le répète.
-Non, approchez que je vous montre"
Arnan réussit à s'avancer, déposant un baiser sur les lèvres glacées du vampire. Ce dernier surpris recula, quittant la cellule sans un mot.
Menekar était troublé. Il n’avait jamais pensé à l’éventualité d’aimer et d’être aimé par quelqu’un de cette
façon. Même avec Danistza qu’il aimait comme une sœur.
Arnan se redressa. Ses lèvres couvraient le vampire de baisers."Suffit." Ordonna le vampire. Les chaînes tombèrent sur le sol. Menekar conduisit Arnan jusqu’à la sortie.
" Pourquoi ?
-On m’a délivré un jour, alors…. Je vous offre cette chance à mon tour. Essayez de ne pas trop vite
m’oublier."
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A ton Obscurité
VampirosCelui qui déjoue le destin s'expose à une vie de tumultes et d'incertitude.... C'est une étrange histoire, d'amour et de quête personnelle, liée à des enjeux qui dépassent ses protagonistes. Un choix pris, par l'esprit et le coeur...