— Tiens-moi bien ! Il y a une sorte de caverne là-haut ! criait Briac pour se faire entendre à travers les bourrasques sifflantes.
Il se dressait sur un rocher qui surplombait un éboulis au pied d'une falaise nappée de brume que les jeunes femmes n'avaient pas remarquée. Complètement interloquée, Mélia obtempéra. Quand Nadine aperçut le garçon qui leur prêtait secours, elle le harcela de questions.
— Mais qu'est-ce que tu fais là, toi ? Tu ne devais pas vivre ton Oritis ? Tu sais comment on sort d'ici ? Oh ! Peut-être as-tu vu Estéban ?
— Suivez-moi ! C'est juste au-dessus ! incita-t-il sans prêter attention au flot interrogatif de la tante de Mélia. Il y a une petite ouverture d'une trentaine de centimètres. Il faut passer de profil, mais ça s'élargit après. On y est presque.
Il forçait sa voix pour dominer le bruit du vent. Dociles, les deux Ostendes le suivirent et repérèrent avec soulagement un espace dans la roche qui pouvait les abriter tous les trois, à condition de bien se serrer.
— C'est cyclique, expliqua Briac quand ils furent protégés. Ça va bientôt se calmer, la brume va de nouveau tout recouvrir et dans moins d'une heure, le sol va recommencer à trembler. Ça va ?
L'ex-Péragore avait les traits marqués par la fatigue et une barbe naissante qui contrastait avec son air BCBG naturel. Ses yeux gardaient cependant leur charisme auquel se mêlait toujours un troublant soupçon de mélancolie. Les deux femmes le fixaient. Elles essayaient de comprendre la situation.
— Comment es-tu arrivé ici ? demanda finalement Mélia.
— Mais c'est mon Oritis ! C'est plutôt à vous de m'expliquer ce que vous faites là ! Je croyais que l'Ouverture n'était possible que pour une seule personne.
— Ton Oritis ? répéta Mélia. Nous sommes dans ton Oritis ?
— Ben, oui ! Vous pensiez être où ? Ce n'est pas Téodor Lux qui vous envoie ?
Il les observa attentivement et fronça les sourcils en s'apercevant qu'elles étaient en chemise de nuit. Mélia, qui avait suivi son regard, croisa les bras sur sa poitrine et sentit une bouffée de chaleur la submerger ! Quelle honte ! Mais Briac parut ne pas s'en formaliser, trop préoccupé par l'étrangeté de la situation.
— Vous êtes arrivées comment ? demanda-t-il. Vous faites quoi là ?
— Nous sommes dans ton Oritis, répéta Mélia, songeuse, sans répondre aux questions de son sauveur. C'est stupéfiant. Mais je crois que je commence à deviner ce qui se passe. Par les Éthers Originels, si c'est ça, Téodor risque de s'arracher une de ses mèches !
Mélia était suffisamment énigmatique pour que les deux autres froncent les sourcils et l'interrogent du regard.
— Je pense avoir compris une partie du mystère, expliqua la jeune fille. Même si tout cela paraît hallucinant ! Il se pourrait bien que, quand Anastasia a cherché à créer l'Appel, elle vous ait liés tous les deux d'une façon ou d'une autre. Du coup, vous devez réaliser votre Oritis ensemble. Briac ne pouvait pas finir sans toi, Nadine. C'est pour ça qu'il y a eu cette ouverture dans le jardin, pour que tu le rejoignes et que tu fasses ta part.
— Tu veux dire que je suis en train de passer mon Oritis ! s'exclama Nadine trop estomaquée pour penser à se réjouir.
— J'en ai bien l'impression. Ça me paraît assez logique... Vous avez vécu l'Appel ensemble. On a cru que cela n'avait pas marché pour Nadine, mais si ! Elle est là...
— Mais toi, Mélia ? Qu'est-ce que tu fais ici, alors ? l'interrompit Briac.
Elle haussa les épaules et grimaça.
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Thys, les coeurs d'Antiarktos, (Tome 4)
ParanormalThys, Mélia et le groupe de Prudens ont échappé de peu à la menace des Indésiratas lors de leur périple à Yonaguni. Briac essaie de s'intégrer aux Ostendes, mais certains se méfient, surtout qu'un incident terrible vient ébranler l'Ethérie. Profondé...