Chapitre 20 - Mystère...

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Shion poussa un profond soupir et se recula sur son fauteuil en faisant jouer prudemment ses vieilles articulations. Il grimaça en sentant les craquements de l'âge dans son corps et la douleur sournoise s'éveiller. Décidément... Il devenait temps de prévoir la suite et de passer la main...

Comme secoué par cette pensée, il tourna la tête vers son apprenti, courbé sur ses exercices à son petit bureau, non loin de lui. Mû, studieusement attentif à son cahier, penchait la tête sur ses mathématiques appliquées au cosmos. Mais – et Shion fronça ses sourcils blanchis par les années – son stylo ne bougeait pas. Et sa trousse lévitait doucement à dix centimètres du bureau, se balançant lentement selon un rythme régulier.

En silence et en rapidité fulgurante malgré son âge et son arthrose, Shion se glissa derrière Mû et jeta un coup d'oeil sur la feuille devant lui. Il retint un soupir d'exaspération. Sur le papier blanc, rédigé d'une jeune écriture appliquée, le problème qu'il lui avait dicté il y avait au moins une grande demi-heure, trônait – Si un chevalier de bronze, au maximum de sa force, décoche à son adversaire une salve de cosmos, à quelle vitesse l'adversaire en question doit-il effectuer sa parade ? Mais voilà, à part cette ligne noircie, le papier demeurait désespérément blanc !

Et la trousse poursuivait son balancement régulier en lévitation.

« Je peux savoir ce que tu fais, Mû ? »

La voix grave surgie d'un seul coup juste derrière lui fit sursauter le petit garçon et la trousse s'écrasa lamentablement sur le pupitre, répandant aussitôt son contenu sur le panneau de bois. Shion nota mentalement la faiblesse lévitative de son élève avant de croiser les bras avec une fausse indignation jouée savamment et avant de darder un regard sévère sur l'enfant penaud qui baissait la tête devant lui.

« Je... Je n'étais pas du tout concentré, maître. Je suis désolé.

- Je voix cela, en effet. Et qu'as-tu à dire pour ta défense ?

- Pour... ma défense ?

- Oui. A quoi pensais-tu au lieu de faire l'exercice que je t'ai donné ? Et ne me dis pas que tu n'y arrives pas, tu as largement ce niveau en mathématiques, je le sais.

- Non, cela n'a rien à voir, en effet. C'est un exercice facile... Mais... Je songeais à un autre problème...

- Ah oui ? Plus important que ton travail de mathématiques ? »

Mû hocha la tête avec gravité et conviction. Shion éleva un sourcil de surprise et se retint de sourire devant la mine concernée de l'enfant.

« Et qu'est-ce qui peut être si grave ?

- C'est... C'est... Saga... »

Shion leva les yeux au ciel et poussa un léger soupir exaspéré. Encore Saga ! Il n'en pouvait plus d'entendre l'enfant lui parler du jeune chevalier d'or des Gémeaux en long, en large et en travers ! Bon, le gamin était doué, d'accord ! Charismatique et puissant, c'est vrai ! Et d'une beauté remarquable, il le reconnaissait ! Mais est-ce que Mû pouvait ne pas parler de lui pour une fois ?

En grommelant, le vieil homme regagna son siège et s'y laissa tomber avec lassitude, en fermant à demi les yeux. Et puis, une petite voix intérieure lui soufflait de façon très déplaisante, qu'il n'aimait pas du tout voir le regard admiratif, extasié, de son apprenti se lever sur le jeune chevalier. Avec mauvaise humeur, la conscience contrariée parce qu'à son âge il savait bien reconnaître les effluves de la jalousie, Shion rouvrit les yeux et aperçut le petit visage en forme de coeur juste au-dessus de son bureau.

Mû le regardait avec intensité, presque avec détresse. Visiblement, l'enfant était tourmenté par quelque chose en effet. Attendri par le regard sérieux des grands yeux noisette, Shion se redressa et composa solennellement son visage.

Iéranissia au quotidien - Saint SeiyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant