Chapitre 1

15 2 2
                                    

Les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Les terroristes qui font écraser des avions remplis d'innocents sur les tours jumelles. Qui auraient pu le prévoir pour l'éviter ? Personne. Comme personne n'aurait pu prévoir qu'une bombe se trouverait dans son immeuble. Et qu'il ferait parti des trente-deux victimes.

********

Je regarde la télévision quand mon téléphone sonne. Je décroche sans même regarder le numéro, persuadée que c'est Alex qui m'appelle pour justifier son retard.

- Alex qu'est ce que tu fais encore ?!

- Je suis désolé madame Olson, c'est le général Shaw qui vous appelle.

- Oh...

C'est à ce moment que mon estomac ce noue. Je sais que l'appelle de se général et le retard de mon fiancé sont liés.

- J'ai une terrible nouvelle à vous annoncer madame Olson. Une explosion a eu lieu dans les bureaux Arctek. Il y a eu trente-deux victimes. Alexander Wells en fait parti.

Je lâche mon téléphone. Tout mon monde s'effondre. Il est mort... j'ai perdu mon pilier, ma moitié.

Je mets du temps à récupérer mon téléphone mais le général n'a pas raccroché. Il m'explique calmement des choses que je n'écoute pas, trop sonnée pour assimiler quoi que ce soit d'autre.

J'e passe le reste de la soirée à pleurer. Je passe même la nuit à pleurer. Le lendemain matin, je n'ai plus de larmes pour pleurer. Je reste sur le canapé, roulée en boule. Et je ne bouge pas de la journée, ne dormant que quelques pauvres heures. C'est la sonnette de la maison qui me sort de ma torpeur.

Je la laisse sonner plusieurs fois avant de me lever. Marcher est une vraie torture, chaque pas dans cette maison me rappelle Alex. Je finis par atteindre la porte d'entrée alors que le bruit assourdissant de la sonnette ne cesse de résonner dans la maison. Quand j'ouvre la porte, je découvre ma meilleure amie sur le perron. Elle s'empresse de me prendre dans ses bras.

Je pensais avoir épuisé toutes les larmes de mon corps mais celles ci recommencent à couler. Sandra m'accompagne à l'intérieur de la maison et referme la porte. Elle me porte presque jusqu'au canapé ou je m'effondre en me remettant en boule. Elle attrape un plaid qu'elle pose doucement sur moi, comme par peur de me briser. Comme si je n'étais pas déjà détruite. Comme si je n'étais pas qu'une coquille vide. Je n'ai même pas eu à dire à la vie à la mort. La mort a été plus rapide, plus rapide que notre amour.

- Kate... Kate tu m'entends ?

Je cligne des yeux pour chasser les larmes avant de regarder ma meilleure amie. Son mascara a coulé, elle n'a pas bonne mine. Mais elle sourit. Un sourire faux, je le sais, mais elle sourit. Pour moi.

- Je vais te préparer à manger. Tu sais mes fameuses pâtes carbonara. Je vais les faire juste pour toi.

Elle m'embrasse sur le front avant de partir dans la cuisine. En la regardant partir, mon regard croise malencontreusement un cadre accroché au mur. C'était il y a un an, notre voyage en Italie. Le jour où il m'a demandé en mariage. J'étais tellement heureuse. C'était à Venise. J'observe la photo. Nous sourions tous les deux, ses bras passés autour de ma taille, les miens reposant sur ses épaules avec les mains jointes. Nos fronts collés, nos regards remplis d'amour fixant les yeux de l'autre.

Je me lève. On dit qu'il y a sept étapes pour faire son deuil. Mais c'est faux, il n'y en a que deux qui se donnent la place tour à tour. La tristesse et la colère. Je renverse la table basse en criant. Je me dirige vers le meuble où des photos de nous sont posées. Voir nos visages souriants, innocents, ça me met hors de moi. J'attrape un des cadres et le lance à travers la pièce. Il percute un mur et le verre du cadre se brise. Plusieurs autres cadres subissent le même sort avant que des bras m'enserrent et que je me débatte mollement. Je glisse sur le sol en pleurant. Sandra me garde dans ses bras en me chuchotant sans cesse les mêmes mots.

- Ça va aller. Ça va aller...

Ça va aller...
Ça va aller...
Ça va aller...
Ça va aller...
Ça va aller...
Ça va aller...
Ça va aller...
Ça va aller...
Ça va aller...

Comme si tout allait s'arranger. Comme si trois pauvres mots allaient tout réparer. Qui peut y croire ? Rien ne va. Rien n'ira jamais maintenant.

- Allez, viens manger Kate.

Je me lève. Nous traversons le salon avant d'atteindre la cuisine. Je m'assois sur une chaise. Sandra m'apporte une assiette remplie de pâtes et des couverts. Je n'ai même pas faim, mon ventre est trop noué pour que j'avale quoi que ce soit. Malgré ça j'avale une bouchée, puis deux.

Je n'arrive pas à penser rationnellement. Mais quand on y réfléchit, c'est vraiment culotté de dire à des personnes en deuil qu'on les comprends. Je me souviens avoir dis ça à une amie qui avait perdu son grand père il y a longtemps. « Ça va aller, tout finira par s'arranger tu verras ». C'est tellement faux. Je me demande comment j'ai fais pour ne jamais le comprendre. Il devrait y avoir un dicton pour ça : on ne peut comprendre qu'en le vivant.

- Kate ? S'il te plaît Kate écoute moi...

Je sors de mes pensées, ramenée à la réalité par Sandra. Elle se tient sur la chaise en face de la mienne. La sienne. Je serre les dents pour m'empêcher de faire une crise, de colère ou de larmes, je ne sais pas.

- Je vais aller te coucher et demain on ira à l'enterrement ensemble.

- L'enterrement ?

- Oui Kate. L'enterrement d'Alex. Quelqu'un a dû t'appeler pour te le dire.

- C'est... si tôt.

- C'est le gouvernement qui préside l'enterrement, évidemment que c'est rapide. Allez viens dormir.

Je me lève, remarquant à peine que mon assiette est encore pleine de nourriture. Nous montons à l'étage mais je m'arrête devant la porte fermée de notre chambre.

- Je ne peux pas.

Sandra hoche la tête et sans un mot nous nous dirigeons vers la chambre d'ami. Elle repousse la couette et je m'allonge sur le lit. Sandra me borde sans un mot.

- Je rentre chez moi, d'accord ? Mais si jamais tu as besoin, appelle-moi...

D'amour et de lettres Où les histoires vivent. Découvrez maintenant