Chapitre 3

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- Tu veux qu'on aille manger quelque part ?

- Pas aujourd'hui Sandra. Je suis fatiguée.

- D'accord. Je te ramène chez toi.

Sandra me dépose chez moi et je lui fais un signe de la main avant qu'elle s'en aille. Je récupère le courrier dans la boîte au lettre puis rentre dans la maison. Je pose les enveloppes sur la table de la cuisine puis m'assois sur une chaise.

- Allez Kate. Tu dois vivre ta vie. Pour Alex. Tu peux y arriver.

Je me relève et vais préparer à manger pour m'occuper l'esprit. Je prépare une ratatouille, coupant tomate, poivron, courgette et d'autres ingrédients, puis ajoute de la viande de bœuf hachée. Je met le tout sur le feu, l'assaisonnant. Je hume l'odeur savoureuse qui en sort avant de mettre un couvercle sur la poêle pour que le repas cuise tranquillement.

Je me rassois ensuite sur ma chaise et attrape le courrier. En voyant les factures que je dois payer et la tonne de pub, je n'ai même pas envie de tout ouvrir. Je les tries donc sans les ouvrir jusqu'à ce que je tombe sur une lettre différente des autres. Mon nom est écrit dessus à l'encre noir. Je met une main devant ma bouche pour étouffer un sanglot. Je reconnais sa façon de faire les "K". Cette façon si particulière de former un cœur en haut à droite à la fin de la barre. Il m'a dis une fois qu'il était obligé de faire ça car c'était devenu sa lettre préférée à cause de moi.

J'ouvre la lettre avec des mains tremblantes. A l'intérieur de l'enveloppe se trouve une feuille pliée en trois. Je la déplie lentement. Les larmes commencent à dévaler mes joues quand je reconnais son écriture. Je commence donc la lecture de la lettre.

« A partir du moment où tu recevras cette lettre, c'est que je ne suis plus de ce monde. Tu me connais Kate, je suis très préventif. J'espère quand même avoir eu le temps de te passer la bague au doigt. Je sais que tu es triste. En colère. Et je ne veux pas que ta peine te ronge. Souviens-toi nos moments heureux pour traverser ton deuil. Je t'aiderais pour ça, je te le promet. Tu te souviens notre voyage au Canada ? Nous étions tellement tranquilles, zéro tracas, aucun soucis. On a fait les magasins ensemble, bien que je déteste ça. Tu te souviens de notre bataille de boule de neige ? De notre excursion en traîneau tiré par des chiens ? Je t'avais promis qu'on en aurait une fois que nous serions mariés. Tu m'as répondu que pour ça je devais déjà te demander en mariage, et tu avais raison. C'est ce que j'ai fais plusieurs années après d'ailleurs.
Ne doute pas de ta force Kate. Ne doute jamais de toi. Nous nous reverrons, sur terre ou au ciel, je resterais à jamais ton étoile, et tu seras à jamais la mienne.
Je t'aime.
Alex. »

Je lâche la feuille avant d'éclater en sanglot. Pourquoi ça arrive à moi ? Pourquoi j'aimais le seul homme sur Terre assez paranoïaque pour écrire des lettres que je recevrais si jamais il venait à mourir ?

Mes larmes ont cessées de couler depuis longtemps quand on frappe à la porte. Je m'empresse de cacher la lettre et l'enveloppe d'Alex dans ma poche dans un geste purement égoïste et protecteur. Ne sachant pas qui se trouve à la porte, j'hésite à ouvrir. La voix grave qui me parvient de l'extérieur m'incite néanmoins à ouvrir.

- Madame Olson. C'est le général Shaw. J'aimerais vous parler.

J'ouvre donc la porte. J'aperçois en effet le général mais une dizaine d'autres personnes attendent derrière lui. Il leur demande d'attendre à l'extérieur avant de me demander pour entrer. Je le laisse passer et nous allons dans la cuisine. Je lui indique une chaise où il peut s'assoir et il s'exécute. Il joint ses mains sur la table, se tenant bien droit sur sa chaise.

- J'aimerais vous demander quelque chose. Mes supérieurs ont demandés à ce qu'on récupère toutes les affaires liés au travail des employés décédés. C'est pour ça que mes hommes attendent dehors. Je vous demande donc si nous pouvons récupérer les affaires d'Alexander Wells maintenant ou si nous devons revenir avec un mandat. Mes supérieurs en seraient reconnaissants si vous acceptez de nous laisser faire.

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