Chapitre 7

3 1 0
                                    

- Vous voulez me parler de votre frère ?

- Il n'est pas mon frère.

Je me tiens bras croisés sur mon canapé, faisant face à ma psychologue. Je n'arrive pas à oublier mon cauchemar, mes pensées toxiques. Même une journée de boulot et la compagnie de mon nouveau collègue qui me perturbe à cause de ce qu'il me fait ressentir, ou ce qu'il pourrait me faire ressentir, n'a pas réussit à faire sortir de ma tête les événements de la nuit dernière.

Je cligne des yeux en me forçant à me concentrer sur la conversation que j'ai avec le docteur Stephens. Je sais qu'elle veut m'aider, c'est son métier. Mais je ne veux pas parler de Kyle. C'est lui qui a détruit ma vie. C'est lui qui m'a brisée. En tout cas, il est en le précurseur. Plus jamais je ne le considérerais comme mon frère, malgré les liens du sang. Il n'est qu'un traître. Un assassin. Qu'il pourrisse en prison, c'est tout ce qu'il mérite.

- Comment c'est passée votre scolarité ?

Je soupire avant de réfléchir. Me souvenir de ça n'est pas trop douloureux. Mais ça ne me plaît pas quand même, de faire autant face à mon passé. Je décide donc de rester évasive. De ne pas moi même penser à ma première vie.

- C'était les meilleures années de ma vie. J'avais des amis incroyables, un petit ami qui était capitaine de l'équipe de football américain, mes notes étaient plutôt bonnes. Je n'ai aucun traumatisme, je vous l'ai déjà dis.

- Quel était son nom ? A votre petit ami ?

- Terry. Terry Evans.

- C'était quand la dernière fois que vous vous êtes vu ?

Je serre les dents et les poings. Je n'ai aucune envie de me rappeler ce moment. Je lui répond donc d'un ton glacial.

- Je ne répondrais pas à cette question.

Le docteur Stephens soupire avant de joindre ses mains en me regardant dans les yeux. Je sens qu'elle va me faire son petit speech de psychologue comme quoi si je ne dis rien nous n'avancerons pas.

- Écoutez Kathleen. Je me doute que c'est compliqué de ce remémorer tant de souvenirs désagréables. Mais il va bien falloir les affronter un jour ou un autre. J'ai déjà vécu ce moment et je peux vous assurer que je ne regrette rien. Il faut que vous parliez de vos souffrances. C'est le seul moyen pour vous d'aller de l'avant.

J'avais presque raison. Son speech est quand même plus élaboré que ce que je pensais. Je croise les bras, faisant ma crise tel un enfant capricieux avant de reprendre la parole.

- Vous ne pouvez pas comprendre.

Ma psychologue sourit, comme si j'étais tombée dans son piège. Cette femme est vraiment étrange, comme toutes les psychologues je suppose. Il faut être un minimum bizarre pour vouloir écouter les problèmes des autres en plus de devoir gérer les siens.

- J'ai perdu ma mère dans un accident de la route à l'âge de dix ans. J'étais dans la voiture. Je suis la seule survivante. Les trois autres personnes à bord sont décédées, dont ma mère. C'était un traumatisme énorme. Chaque nuit, je me réveillais en hurlant, rêvant de l'accident. J'ai été voir une psychologue, enfin mon père m'a emmené en voir une. C'est en découvrant ce métier que j'ai voulu faire pareil pour les autres. Je lui ai confié des choses que personnes d'autres ne connaît. Et elle m'a écoutée. Elle m'a aidée à surmonter ce traumatisme, pas à pas. Et me voilà aujourd'hui, acceptant mon passé et aidant les autres à accepter le leur.

Je ne peux m'empêcher de répliquer sèchement.

- Ce n'est pas pareil. J'ai perdu mon fiancé. J'ai perdu mon père. Ma famille et mes anciens amis me détestent à cause d'une personne que j'aimais. Une personne que je déteste maintenant. Votre histoire ne peut pas être comparée à la mienne.

D'amour et de lettres Où les histoires vivent. Découvrez maintenant